Les criminels, quels qu'ils soient, répugnent, en général, à laisser des traces de leurs forfaits.
Lorsque les crimes se produisent, de surcroît, au cœur de régions lointaines, parfois écartées des principales villes, et dans une époque, où, à l'inverse d'aujourd'hui, la presse n'est pas encore omniprésente, des exactions de grande envergure peuvent rester long-temps ignorées, à tout le moins méconnues, quand elles ne sont pas mises en doute...
Les massacres de masse organisés par les dirigeants turcs au tournant du XXème siècle n'ont pas pu, du fait même de leur extraordinaire ampleur et des débauches de cruauté qui les accompagnèrent, être totalement occultés.
Mais le malheur qui frappa la nation arménienne fut tel que nombre de ceux qui auraient pu témoigner périrent durant ces quelques années.
Une chape de plomb fut soigneusement mise en place par les massacreurs qui purent, trop souvent, s'appuyer sur la passivité complice de certains pays alliés européens.
Les témoignages qui nous sont parvenus sont donc précieux. Ils sont aussi suffisamment nombreux et probants pour démasquer les assassins et révéler la vérité.
Cependant, à l'heure où l'image est reine et où elle tend à supplanter l'écrit, il faut être conscient que cette vérité, âpre et cruelle, doit parfois franchir les obstacles que sont la mauvaise qualité des photos prises à la sauvette, en secret ou la naïveté saisissante des illustrations de presse qui ont précédé les prises de vues, telles que celle que vous pouvez découvrir sur la page ci-contre.
Sachons donc dépasser cet inconvénient bien mineur pour aller au cœur même des choses.