La légende précède toujours l'histoire. Ainsi l'Arménie est-elle fondée sur d'antiques traditions mettant en avant le rôle de héros mythiques tels Hayk ou Aram. Au-delà de ces chansons de geste une réalité s'affirme, celle d'une nation enracinée dans les siècles, occupant un territoire à cheval sur l'Asie et l'Europe. Un peuple industrieux, créatif, qui connut le bronze ou la vigne bien avant les grands empires occidentaux.
L'Arménie a toujours été un carrefour stratégique commandant les échanges entre l'Asie et l'Europe. Cette position l'a conduite, au cours des siècles, à être en butte aux convoitises des puissances voisines et à connaître fréquemment guerres et adversités. Les invasions se succédèrent : les Assyriens, les Romains, les Byzantins, les Parthes, les Arabes et, pour finir, les Turcs. Ces derniers, malgré la résistance de la population, finirent par imposer leur domination.
Dès le 17ème siècle, l'Arménie fut intégrée dans l'empire ottoman. C'en était fait de toute autonomie politique.
Tout au long du siècle, les Arméniens constituèrent une minorité en proie à l'autoritarisme turc : ils durent subir de constantes discriminations, des impositions démesurées, et, trop souvent, des agressions et des violences.
Les Arméniens, étant chrétiens, n'avaient pratiquement aucun recours légal. Ainsi, ils n'avaient pas le droit de témoigner devant un tribunal pour leur propre compte.
A la fin du 19ème siècle, l'oppression de l'Empire Ottoman amena des révoltes dans la population arménienne, révoltes réprimées par une vague de massacres perpétrés par les Turcs dans toute l'Arménie dans les années 1894-96.
Les Arméniens, en dépit de ces conditions très difficiles, n'ont jamais sombré dans le désespoir et se sont révélés un peuple actif, ouvert, sensible tout à la fois à la tradition et à la modernité.
A la veille des massacres, la population arménienne compte de nombreux intellectuels, une large part des commerçants et artisans, des établissements de santé, des écoles qui, souvent, n'ont rien à envier à leurs homologue s d'Europe occidentale. Comme le montrent les photos cicontre, la communauté vit pleinement un métissage culturel entre Orient et Occident.
Pour autant, le patrimoine culturel arménien reste vivant.
C'est un trésor enrichi au quotidien par un peuple qui a compris que la clé de son avenir passait par la préservation de cet immense héritage mais également par la prise en compte de la modernité.