Du statut d'apatrides à celui
de réfugiés puis de citoyens...

L'exode de réfugiés arméniens ne s'est pas produit au moment où les massacres faisaient rage mais peu après, lorsque la population arménienne fut convaincue de l'impossibilité de continuer à vivre sur la terre administrée par ses bourreaux. C'est donc en 1922 que l'immigration de masse vers la France des Arméniens de Turquie prend son essor.

D'abord considérés comme apatrides au lendemain du génocide, le Haut Commissariat pour les Réfugiés finit par leur octroyer le statut de réfugiés par l'intermédiaire d'un "titre Nansen".

Ils sont alors dirigés plutôt vers les pays européens demandeurs de main-d'oeuvre et qui ont développé quelques liens avec cette communauté.

La France a subi d'importantes pertes démographiques durant la première guerre mondiale et elle semble toute désignée pour absorber une partie de cette diaspora.

On a souvent souligné par ailleurs que son rôle actif en Syrie ou au Liban, terre d'exil de nombre d'Arméniens l'avait placé à proximité de cette population en détresse vis-à-vis de laquelle elle pouvait développer une ouverture particulière.

Les Arméniens vinrent donc en France en masse et y trouvèrent le travail indispensable à un nouveau départ.

Marseille les accueille, riche d'opportunités d'emploi. Sur le port aussi bien que dans les usines alors florissantes, raffineries de sucre ou savonneries par exemple, ils trouvent à s'embaucher.

D'abord rassemblés dans les quartiers ouvriers ils gagneront bientôt la banlieue encore campagnarde et y construiront leur nouvelle patrie. Beaumont et Saint-Julien, symbolisent bien cette conquête pacifique et cet effort pour implanter de nouvelles racines. C'est à cette époque que la communauté se structure et parvient, tout à la fois, à s'intégrer à la République sans rien renier de leur culture et de leur histoire.

Dès lors les Arméniens vont consolider leur implantation, développer leurs talents entrepreneuriaux et, de générations en générations, devenir pleinement citoyens, participant à la vie économique et démocratique dans le respect des institutions où nombre d'entre eux vont bientôt jouer leur rôle.

Une classe de l'Ecole Arménienne du Boulevard Oddo à Marseille
Une classe de l'Ecole Arménienne du Boulevard Oddo é Marseille