l'on divise la Macédoine en deux ou trois dé–
partements, que l'on donne à chacun d'eux
un régime pareil à celui qui avait été octroyé
à la Crète par le pacte de Halépa (ce qui est
conforme aux traités que l'on invoque tou–
jours et que l'on n'applique jamais) et l'ordre
pourrait être encore rétabli en Macédoine.
La Turquie serait la première à en béné–
ficier.
•
L'article s i souvent cité du traité de
Rerlin est l'article
23,
qu i n'a jamais été
plus exécuté que l'article
61.
Les Ma –
cédoniens n'ont jamais cessé d'en réclamer
l'application et le projet que le Haut Co –
mité soumit en janvier
1898
aux puis–
sances signataires visait précisément
une réforme semblable au règlement or–
ganique de l a Crète, lors du pacte de Ha -
l i k a . A u lieu de traquer les Macédoniens
et de les traiter de bandits et d'assassins,
i l aurait été préférable d'adopter l a solu–
tion très modérée qu'ils proposaient.
On a préféré courir les risques d'un
massacre, i l sera temps d'intervenir quand
le sang aura coulé en abondance ; et très
probablement encore, trouvera-t-on des
ministres et des chefs d'État pour blâmer
les victimes de « leur imprudence », ainsi
qu'il s'en rencontra de
1894
à
1896,
au
plein des horreurs a rmén i enne s .
D A N S L ' Y É M E N .
—
Ibn Reshid dont on
avait hâtivement annoncé l a défaite vient
au contraire de battre le cheik de K o
vvéit, Mabarouk : i l l u i a tué cinq mille
boulines et pris tous les bagages, le train
les munitions et des centaines de cha–
meaux. Soit qu'il agisse pour son propre
compte, soit qu'il travaille de concert avec
Esséïd Hami d Eddin, le nouveau khalife,
c'est un voisin et un vassal fort turbulent
Il peut devenir d'autant plus dangereux
que les Arabes sont en pleine révolte dans
l'Yémen : malgré les notes officieuses ré
pandues dans la presse européenne sur le
bon accord du commandant militaire
Abdullah Pacha et du gouverneur général
Hussein H i l m i Pacha, ces deux personna–
ges s'accusent mutuellement d'avoir, soit
par leur cruauté, soit par leurs vols, exas–
péré l a population. Tous deux, selon le
Mechveret,
ont été rappelés à Constanti–
nople, mais ils ne peuvent gagner le port
d'Hodéida et sont quasi prisonniers à
Sanaa, toute la région étant soulevée.
A
Z E Ï T O U N .
—
L'héroïque résistance des
.
Zeïtouniotes lors de leur de r n i è r e insur–
rection n'a pas été oubliée à YTdiz. Toutes
les mesures sont prises là aussi pour un
massacre futur. On en peut juger par cette
information d'apparence banale insérée
dans les journaux turcs :
Le commandant eu chef d'Alep et d'A-
lexandrette télégraphie que les travaux des
blockhaus en construction à Zeïtoun ont pris
fin. Des troupes ont été installées dans ces
corps de garde.
Le commandant propose de faire établir
trois postes militaires sur la route conduisant
d'Alexandre tte à Alep pour assurer davan–
tage la sécurité de cette route. Cette propo–
sition a été approuvée.
Cela veut dire en bon français qu'à l a
p r emi è r e occasion, de préférence en hiver,
Hami d effendi essaiera de supprimer les
Zeïtouniotes. Mais i l devra réfléchir à
deux fois et se dire que malgré canons,
blockhaus et routes stratégiques, les
montagnards de Kazanlik Dé r é , de Faer-
nouz, d'Albistan et d'Anderoun pour–
raient réserver à ses égorgeurs quelques
funèbres surprises.
T R É S O R
V I D E .
—
Les propos mensongè-
rement attribués par Mu n i r bey à M .
Emile Loubet p r é s i den t de l a République,
n'ont point suffi à combler le déficit per–
manent du trésor.
Les recettes mêmes de la Dette Publi–
que sont en baisse : quand tous les comp–
tes des agences provinciales auront été
centralisés, i l faudra reconnaître un défi–
cit minimum de
i3o
,
ooo livres turques,
trois millions environ, pour le dernier
exercice. Quant aux
5
o,000
livres avancées
pour le Ra ï r am et qui devaient être rem–
boursées dans un délai d'un mois, « elles
ont été gagées, dit le
Mechveret,
en déses–
poir de cause sur une r e n t r é e qui, s i elle
s'opère, n'aura lieu que dans dix-huit
mois ».
Cependant, selon le
Hahke
du Caire,
une nouvelle aggravation de l'impôt a été
imaginée par les conseillers de l a Rête-
Rouge.
A partir du mois de mars
I
3
I ^
(1901)
les papiers de « Noufousse » (papiers i n –
dividuels) seront renouvelés, au p r i x de
2
piastres par tête, ce qui ferait sur l'en–
semble de la population une recette assez
importante. E n môme temps l'augmenta–
tion de la dîme élevée à
1
/5,
vient encore
augmenter l a misère générale. I l est vrai
que le ministre de l a police obtient aussi
souvent qu'il en est besoin en sus des ap–
pointements officiels de ses agents, des
sommes considérables pour entretenir
des espions supplémentaires et inventer
des complots.
P O L I C E
T U R Q U E .
—
L'agitation univer–
sitaire et ouvrière en Russie a causé au
Palais les plus grandes inquiétudes. Dé–
sormais les Italiens ne sont plus seuls
considérés par définition comme des
anarchistes dangereux. Les bateaux arri–
vant d'Odessa à Constantinople sont sou–
mis à une surveillance plus sévère encore
que de coutume. Les passeports sont exa–
minés avec une attention méticuleuse et
au moindre doute sur l a régularité de
leurs papiers, les passagers sont reconduits
du quai à bord sans être autorisés à débar–
quer. Les hommes de l'équipage ne peu–
vent aller à terre qu'avec un papier signé
du capitaine et des barques de police,
deux p ar bateau, surveillent l a nuit tous
les bâtiments en rade.
C O N D A M N A T I O N A M O R T .
—
D'après une
note officielle commun i qué e aux journaux
par le procureur impérial de l a cour cri–
minelle le nommé Selim Serkis de Syrie,
qui s'était sauvé à l ' é t r a ng e r et avait envoyé
d'Anvers à Khaïfa des lettres subversives,
vient d'être jugé par défaut. Reconnu
coupable de crime, i l a été condamné à l a
peine capitale, à l a perte de ses droits ci–
viques et à l a confiscation de ses biens.
P . Q.
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25
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