Je vous prie, je vous supplie, au n om de
toute la population, d'intervenir a u p r è s de
l'ambassadeur de Russie à Constantinople,
pour que celui-ci envoie par t é l é g r a mm e ,
l'ordre à son consul Cherkof, de rester à
son poste au moins jusqu'au printemps
prochain. Sa présence est très importante.
Des malheureux habitants de Z i k h a v o u
personne n'a pu arriver ici pour nous c om–
mu n i q u e r les détails du massacre qu i a eu
lieu dans leur village.
Les consuls nous affirment avoir énergi-
quement protesté contre les nouveaux mas–
sacres. Peut-être des détails vous sont-ils
parvenus de Seghert, de l'Arachnort de
Dikranaguert, sur les assassinats et les
pillages qui ont eu lieu dans la province de
Beehérij et dans quelques villages de Diar–
b é k i r .
U n visiteur nous a r a c o n t é qu'au c om–
mencement de ce mois-ci, huit villages
a r m é n i e n s de Beshérij ont été dévastés et
p i l l é s . . L e s habitants de ces villages sont
dispersés.
UN RÉVOLUTIONNAIRE ARMÉNIEN
Arménag Ghazarian Mampréian
(
Hraïr-Djokhk)
(
Suite.)
Pa r sa tactique et son grand cou–
rage, i l remporta une victoire é c l a t a n t e
aux environs de Dé l i baba . Il travailla
avec des propagandistes droschakistes
et des bandes de la F é d é r a t i o n r évo l u –
tionnaire a rmé n i e n n e à armer ses com–
patriotes dans les villages de Pa s s en .
Il fut a r r ê t é en même temps q u ' Ac h o d -
Ta t ou l ; tous deux subirent dans la
prison des tortures i nqu i s i l o r i a l e s ,
mais ils ne faillirent pas à leur foi r é –
volutionnaire et ils ne firent aucun
aveu. L e tribunal les condamna à mort,
mais ils bénéficièrent de l'amnistie g é –
né r a l e pour tous les prisonniers p o l i –
tiques ; le gouvernement envoya alors
I b r a ï r à Mo u s h , où i l fut longtemps
s u r ve i l l é .
11
devint s e c r é t a i r e du village* et i l
continua à envoyer des correspon–
dances au j ou r na l
Droschak.
Pa r ses
conseils et par sa propagande, il seconda
S é r o p - Ag h p u r dans son travail d'orga–
nisation.
E n 1898 Dj okhk fut a r r ê t é de nou–
veau, mais cette fois-ci, i l ne resta pas
longtemps en pr i son .
Il continuait tranquillement à orga–
niser les bandes et à armer les A rmé –
niens dans les villages, lorsqu'en 1901,
le gouvernement
voulut
l ' a r r ê t e r .
Dj okhk s'enfuit a c c omp a g n é de quel–
ques fédaïs ; i l passa à Akh l a t et de là
à Va n où avec Vahan i l resta tout
l'hiver. Av e c Vahan et d'autres cama–
rades, ils f o rmè r e n t des projets per–
mettant d'armer le peuple et de le
mettre dans des conditions favorables
de défense.
E n 1902, i l revint à Ak h l a t où il resta
j u s qu ' à l'automne pour y fortifier l'or–
ganisation r é vo l u t i onn a i r e . A l'automne
il va à Sassoun où i l reste j u s q u ' à l'été
de l ' anné e d e r n i è r e . Quand i l apprit
que la bande de Passen allait passer
par la frontière et rentrer dans le pays,
quand il remarqua que la plaine de
Mou s h était s u r ve i l l é e d'une ma n i è r e
t r è s s évè r e et que Sassoun était, a r mé ,
Dj okhk alla avec sa bande à la ren–
contre de la bande de Passen pour
faciliter sa marche dans le pays; ma l –
heureusement cette bande se trouva
ob l i gé e de livrer le combat d'une façon
hâ t i ve et inattendue, circonstance qui
affligea beaucoup Dj okhk et le con–
traignit de rebrousser chemi n . 11 des–
cendit dans la plaine de Mo u s h pour
armer la population ; ses soldats avaient
eu pendant son absence une rencontre
avec l'ennemi à Hounan .
L ' é n e r g i e de Dj okhk ne savait pas se
reposer; i l faisait d e l à propagande, i l
encourageait, i l organisait continuelle–
ment. L e prestige qu'il exerçait sur le
peuple, l'affection dont i l était l'objet
étaient é n o r me s .
E n quoi consistait la force de ce jeune
homme maigre et chétif ? Il n'avait pas
l'aspect h e r c u l é e n de S é r o p , ni l'audace
effrénée d ' An t r a n i k ; mais i l aimait le
villageois, le montagnard a rmé n i e n ; i l
les aimait comme un p è r e , partageant
leurs souffrances, leur donnant du
courage et leur inspirant la foi r évo l u –
tionnaire dont i l était r emp l i . Voilà en
quoi consistait le secret de sa grande
p o p u l a r i i é . Son visage triste, inquiet et
pensif, exprimait t r è s bien ce grand
amour pour lequel il souffrit pendant
dix ans.
11
a été toujours avec le peuple qu ' i l
adorait et dans les moments décisifs,
son maigre corps se dressa sur les rocs
du Sas soun . L e peuple avec son chef
aimé se p r é c i p i t a i t sur les assaillants et
Dj okhk le lutteur infafigable tomba.
Son corps fut e n t e r r é avec amour à
Chenik sur les cimes magnifiques où il
avait l u t t é et formé tant de r êve s de
d é l i v r a n c e .
Nouvelles d'Orient
M
A C É D O I N E .
L e
Matin
d u 6 d é c emb r e
publiait en la qualifiant d' « inattendue »
l'information
suivante,
e m p r u n t é e au
Times :
Le
Vetcherna
Postehta
p u b l i e u n t é l é g r a m m e de
Paris a n n o n ç a n t que M . D e l c a s s é a i n f o r m é le doc–
teur Z o l o t o v i t c h , l'agent d i p l o m a t i q u e bulgare a
Paris, que le g o u v e r n e m e n t f r a n ç a i s avait e n t a m é
des n é g o c i a t i o n s avec l'Angleterre et l'Italie au su–
jet de la n o m i n a t i o n d ' u n g o u v e r n e u r g é n é r a l c h r é –
tien p o u r l a M a c é d o i n e .
Le g o u v e r n e m e n t f r a n ç a i s se serait t r o u v é c o n –
traint à prendre cette me s u r e en raison des rap–
ports r e ç u s de ses officiers en M a c é d o i n e ,
L e docteur Zolotovitch i n t e r r o g é par
un r é d a c t e u r de
l'Européen
r é p o n d i t qu'en
effet la nouvelle était inexacte. C'est d omma –
ge, à mo i n s qu'au lieu d'inexacte, i l ne faille
lire p r éma t u r é e ; car à mo i n s de se boucher
volontairement les yeux et les oreilles, les
ministres des affaires é t r a n g è r e s d'Europe
ne peuvent pas douter de ce que réserve
aux vilayets m a c é d o n i e n s un prochain
avenir.
Jamais les luttes entre les différentes na–
tionalités n'ont été si violentes et les per–
sonnes optimistes n'ont q u ' à lire le récit de
l'affaire de Zélénitch pour perdre u n peu
de leur sérénité. Un e bande grecque de
soixante-dix hommes p é n é t r a dans la ma i –
son du notable T r i p h o n Gotew o ù se célé–
brait une noce. T r e i z e personnes, selon les
informations bulgares, onze, selon les rap–
ports des consuls russe et autrichien de
Monastir, furent tuées et quatre blessées.
Bien que Zé l é n i t c h soit situé à deux k i l o –
mè t r e s seulement du chef-lieu de district,
Nevesca, et que le bruit de la fusillade y ait
été entendu, les autorités hamidiennes ne
j u g è r e n t pas utile de d é r a n g e r u n seul des
25
o
hommes de troupe qui y r é s i d e n t ; le
lendemain seulement, elles se d é c i d è r e n t à
visiter le lieu de la tuerie.
P o u r se duper e l l e s - même s , les puissan–
ces d'entente, au lieu d'agir efficacement,
continuent à discuter avec la Porte l'aug–
mentation d u nombre des officiers. O n
gagnera, ainsi le printemps avec la cons–
cience de n'avoir rien fait et c omme la
patience qu'ont mo n t r é e les organisations
r é v o l u t i o n n a i r e s n'est point illimitée, le
sang coulera sur le Rhodope et dans le
Balkan au momen t de la fonte des neiges,
à moins que la nouvelle, inexacte aujour–
d ' hu i , ne soit devenue vraie, ce qu i serait
tout à l'honneur de M . Delcassé.
D
A N S
L '
Y
É M E N .
Depuis fort longtemps,
H a m i d n'est que souverain n om i n a l de
Fonds A.R.A.M