C I NQU I ÈME A N N É E .
N° 1 0 0 .
L eN u m é r o : 3 0 centimes.
1 5
D É C E M B R E 1 9 0 4 .
Pro Armenia
R é d a c t e u r e n C h e f :
Pierre QU I LLARD
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QUILLARD
IO. Bue INollet, Paris
A B O N N E M E N T S :
France
8
K l
â H g è r
I O "
Paraissant le
I
er
et le i5 de chaque
mois
COMITÉ DE RÉDACT I ON :
ù.
Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé
Secrétaire de la Rédaction :
Jean L O N G U E T
ADMINISTRATION :
Avenue de l'Observatoire, 3
A B O N N E M E N T S :
France
S »
Étranger
1
0 »
SOMMAIBE :
Le Comité de secours. —Informations : Le message du
président Roosevelt; Au Sassoun ; L'affaire de Naregh;
Le catholicos de Sis; Les mémoires du Sultan Mourad ;
La grève de la Régie ; Un conflit austro-turc; les affaires
sont les affaires. —La Quinzaine: L'hiver pacificateur
(
P.
QUII.LARU
).
Dans les prisons turques : Lettre de ...
Manifeste de la Fédération révolutionnnaire arménienne
aux Arménicnsdu Caucase.— Les atrocités dans ia région .
de Moush et de Sassoun
(
suite et Jin).
La situation à
Van : Rapport adressé au patriarchat. — Un révolution–
naire arménien : Hraïr Djokhk
(
suite et Jin).
Nouvelles
d'Orient: Macédoine; Dans l'Yémen; Finances;Les
massacres de Van en
1896.
Le Comité de Secours
Nous avons reçu les souscriptions
suivantes et d'importantes souscrip–
tions nouvelles nous sont a n n o n c é e s :
Les A r m é n i e n s de R i c h m o n d ( U . S . A . ) .
Les A r m é n i e n s de Ma n c h e s t e r ( U . S. A . )
Italia
D e u x f r a n ç a i s e s amies des m a l h e u r e u x .
T o t a l
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47
1
95
INFORMATIONS
Le message
du président Roosevelt.
Washington, 5 décembre.
Dans son message a d r e s s é au 58
e
Co n g r è s des Etats-Unis, le p r é s i d e n t
Roosevelt dé c l a r e qu'une nation comme
les Etats-Unis « doit protester avec
horreur contre la s y s t éma t i q u e , longue
et cruelle oppression des A r mé n i e n s . »
Au Sassoun.
Vienne, 30 novembre.
On écril de Constantinople à la
Poli-
tische Korrespondenz :
D ' a p r è s des nouvelles de source p r i –
vée, les An r r é n i e u s qrrr, auprès res-frotT-
bles du Sassoun et de la plaine de
Mo u s h , s'étaient enfuis dans la mon–
tagne et à qui on avait garanti, avec
une amnistie imp é r i a l e , le retour dans
leurs foyers, ont é t é , à leur a r r i vé e ,
a r r ê t é s en masse et conduits dans la
prison deMo u s h . Il y a là 300 per–
sonnes environ, dont 38 seraient mortes
par suite de privations et de mauvais
traitements. Le s autres seront j u g é e s
pour conspiration contre l'Etat.
Moush, 16 novembre (par lettre).
Le consul anglais a fait une t ou r n é e
dans la r ég i on du Sassoun ; i l a cons–
t a t é l ' ex t r ême mi s è r e des habitants et
a promis de leur distribuer de l'argent
a p r è s avoir puis connaissance de la
situation.
Il a, dit-on, e xp r imé son indignation
à l'adresse des a u t o r i t é s de Mou s h qui
l u i avaient a s s u r é que « lout allait
bien et que le gouvernement avait
pourvu à tous les besoins ».
L'Affaire de Naregh.
Dans son n umé r o du 29 novembre,
la
Frankfurter
Zeitung
a pub l i é sur
l'affaire de Naregh une importante
lettre du D'' Wa l d ema r Be l ck qui com–
p l è t e et confirme les informations pu –
bliées dans notre dernier n umé r o .
Vo i c i la lettre du D
1
'
Relck :
«
Sur le massacre de Naregh déjà
a n n o n c é , je peux donner les détails
suivants :
«
L e gros village e n t i è r eme n t a r mé –
nien de Naregh est situé non loin de la
rive sud-est du lac de Va n et de l'île
où se trouve le cloître d ' Agh t ama r ; i l
p o s s è d e l u i -même une belle église qui
sert s<wrve»t de-
lie»
de- pèiwi*f*ge- et
où est i n h umé l'écrivain et saint a r m é –
nien Gr é go i r e de Na r egh .
<( Comme presque tous les autres
villages a rmé n i e n s , Naregh fut e n t i è r e –
ment pillé pendant les grands massa–
cres de 1895, et nombre de ses habi–
tants t u é s . Ma l g r é toutes les vexations
des emp l o y é s turcs subalternes (en
particulier des collecteurs d ' impô t s ) et
les brigandages des Ku r de s , ce qui res–
tait des habitants avait r é u s s i , à force
de travail, à refaire un é t a t de choses
t o l é r a b l e ; alors survint la d e r n i è r e
catastrophe qui mit le village entier au
ras du sol. Le s circonstances du mas–
sacre furent les suivantes :
«
Dans la nuit du 7 au 8 octobre,
une troupe de r é v o l u t i o n n a i r e s a r mé –
niens ( n ommé s fédaïs par les musu l –
mans) entra à Naregh, s'installa dans
le cloître et requit des paysans 60 me–
sures (30 sacs) de blé qu'il fallut livrer
tant bien que mal parce que les insur–
gés, en cas de refus, traiteraient leurs
compatriotes en « t r a î t r e s à la patrie »
et les fusilleraient au besoin. Av e c le
blé ainsi obtenu, les i n s u r g é s voulaient
se réfugier dans la montagne, mais
dans l'intervalle le bruit de leur p r é –
sence s'était r é p a n d u chez les Kurdes
voisins de Na r egh , et leurs chefs,
Abd - u l -Hami d et Abd-ul-Giafar, en
firent transmettre la nouvelle par des
e x p i é s au k a ï ma k a n de Bostan, à 20 k i –
l omé t r é e environ. Ce l u i - c i envoya aus–
sitôt un d é t a c h eme n t de soldats et de
z ap t i é s qui a r r i v è r e n t à Na r egh au
moment où les i n s u r g é s allaient quitter
le village. Dans le combat qui s'enga–
gea, Ab d - u l -Hami d et cinq soldats Cu–
rent t u é s , et les soldats et les gen–
darmes se r e t i r è r e n t vu leur infériorité.
Fonds A.R.A.M