française que, pour les A rmé n i e n s , les
Kurdes plus les soldats, cela faisait
deux ennemis au lieu d'un. E t si M .
De l c a s s é était suspect de sentimenta–
lisme humanitaire, à notre g r é le plus
honorable des crimes, l ' au t o r i t é du
prince de Bismarck semblera p e u t - ê t r e
suffisante aux hommes de gouverne–
ment. Ce l u i - c i dans les c on f é r e n c e s
p r é l imi n a i r e s du traité de Berlin « ad–
mettes villes de garnison, mais
repousse
l établissement
de l'armée en rase cam–
pagne,
où les fonctions militaires en
temps de paix l u i paraissent devoir
ê t r e r é s e r v é e s à la milice ». (Protocole
n° 4, s é a n c e du 22 j u i n 1878). Pa r m i –
lice, i l entendait « une troupe qu i , dans
l'état régulier est dans ses foyers el,
qui n'est a s s emb l é e , dans des c i r cons –
tances extraordinaires que sur l'ordre
e x p r è s du souverain. L a milice dont il
est question i c i serait donc une troupe
s é d e n t a i r e et territoriale, o r g a n i s é e
pour éviter le contact de l ' a rmé e r é g u –
lière avec la population c h r é t i e n n e . »
Car i l faut « éviter les cantonnements
des troupes musulmanes partout où i l y
a de différence de religion », et on pour-,
rait craindre si ces mesures n ' é t a i e n t
pas a d o p t é e s >< le renouvellement dans
un temps plus on moins r a p p r o c h é des
é v é n eme n t s qui ont failli compromettre
la paix du monde. »
A i n s i jugeait le p r i me de B i sma r c k , ,
politique r é a l i s t e , pour la Ro umé l i e
orientale. Il en est de même pour le
Sassoun, avec cette circonstance ag–
gravante que, depuis plus de dix ans,
dans les vilayets a rmé n i e n s les troupes
ont pris l'habitude de commettre impu-
némeqfciKWusllesioranîes.
a-ioriab ub j
Pa r le 1er ou par la faim? telle est
l'alternative pour les Sassouniotes et,
en g é n é r a l , pour tous les A r mé n i e n s .
E t cela se passe sous les yeux des
puissances e u r o p é e n n e s qui laissent
faire, et i l ne se trouve personne pour
prendre d'un peuple qu'on extermine
autant de souci que l'ambassadrice
d'Allemagne eû t la ma n s u é t u d e d'en
prendre pour les oiseaux du Bosphore
et de S t ambou l .
L a r é c e n t e affaire de Na r eg est une
preuve nouvelle de cette inertie volon–
taire où se réfugient les signataires du
traité de Be r l i n . L e D
1
'
Wa l d ema r
Beck, qui donne, dans la
Frankflirter
Zeitung,
une relation c omp l è t e de cet
atroce é v é n eme n t , t r è s conforme au récit
que nous publions plus haut, constate
avec amertume que les coupables ne
seront pas c h â t i é s parce que « l'état
p r é s e n t de la constellation politique et
la situation en Ex t r ême - O r i e n t sont
cause que toutes les puissances, qui
ont quelque i n t é r ê t en Orient, s'effor–
cent de garder comme ami le Sultan
qui n'est pas un allié à d é d a i g n e r ».
Au s s i , ajoute-t-il, seul, de tous les
consuls e u r o p é e n s , le consul anglais
de Van s'est-il rendu sur le lieu du
massacre, mais «
à contre-cœur
et seu–
lement huit jours plus tard, et parce
que les intérêts
de la mission
améri–
caine détruite étaient confiés à sa sauve–
garde
».
C'est pour les même s raisons
«
que le monde n'est pas officiellement
informé de ces é v é n eme n t s et d'autres
semblables qui sont simplement
ense–
velis dans un silence de mort, si des
nouvelles privées qu'on ne désirait point
ne viennent pas les révéler ».
Le docteur Wa l d ema r Be l ck n'est
pas un agitateur dangereux, n i un r é –
volutionnaire ; c'est un savant qui con–
na î t admirablement le p a s s é et le p r é –
sent de l ' Armé n i e ; dans sa forme mo –
d é r é e , l'accusation qu'il porte i mp l i c i –
tement contre toutes les puissances
e u r o p é e n n e s n'en a que plus de poids.
Pa r le fer ou par la faim, dans un
silence de mort, sans que leur dernier
appel de d é t r e s s e parvienne m ê m e aux
peuples d ' Europe , les A rmé n i e n s de–
vraient donc d i s p a r a î t r e pour la plus
grande liesse du Sultan et la tranquil–
lité des diplomates à comt e vue.
P a r le fer ou par la faim ? et s'ils
choisissaient une autre mort, la mort
dans une lutte d é s e s p é r é e , qui attein–
drait les i n t é r ê t s ma t é r i e l s des peuples
dits civilisés ?
L e s diplomates à courte vue n'ont
pas s o n g é à cette alternative.
gfifi'
Pierre
Q
U I L L A R D .
»
LE MOUVEMENT PRO-ARMÉNIEN
Angleterre.
Une conférence de M. H. F. B. Lynch.
—
M . H . F . B. L y n c h , l'auteur du
magistral ouvrage
Armenia,
a fait de–
vant la « London Institution » le
17
no–
vembre, une con f é r enc e dont nous
sommes heureux de donner ici l'ana-
a/ssnoo
<-9o
aamoooB p
a i bms l n 9 i d
-
q
«
Une chose oubliée est comme per–
due et un pays oub l i é est au point de
vue de l'explorateur, comme un pays
qu i n'a pas encore été d é c ouv e r t . » Ce
passage des observations p r é l i m i n a i r e s
de M . L y n c h , peut servir à i nd i que r le
but de sa con f é r enc e .
Il a r ep r é s en t é l ' Armé n i e , comme
faisant partie de la grande série des
plateaux qu i s ' é t enden t des montagnes
occidentales de l'Inde j usqu ' aux eaux
de la Mé d i t e r r a n é e . Ce fait explique la
définition la mo i ns é t e n d u e des limites
g é o g r a p h i q u e s du plateau A r mé n i e n à
l'est et à l'ouest puisque dans ces direc–
tions, i l se trouve à l'ouest dans le pla–
teau de l'Asie Mi neu r e et à l'est dans
celui de la Perse. De ce dernier côté, la
limite peut être placée à la frontière de
Perse tandis q u ' à l'ouest, l ' Euphr a t e
Oriental constitue une bonne limite
ifilôm ôr> !"'jrmo(t c l ^vihnni *vniTi i n n / i
g é o g r a p h i q u e . A u nord et au sud, les
limites g é o g r a p h i q u e s du pays sont
clairement définies par les grands mas–
sifs montagneux qu i le s é p a r e n t au
nord de la mer Noire, de la vallée du
Ko u r et de la Caspienne et au sud de
la plaine de la Mé s o p o t ami e .
Entre ces limites, s'étend une con–
trée que M . L y n c h décrit comme une
un i t é g é o g r a p h i q u e d'une superficie
un peu mo i ndr e que celle de l ' A n –
gleterre et du Pays de Galles. C'est
l ' Armé n i e . L a population s'élève à
2 . 000 . 000
d ' âme s , dont plus de
9 0 0 . 0 0 0
A r mé n i e n s , mo i ns de 5oo.ooo Tu r c s ,
et pour le reste un tiers de Kurdes et
un quart de Tartares. Un e partie de la
con t r é e appartient à la Russie à la suite
des ses c onqu ê t e s récentes sur la Perse
et la T u r q u i e ; mais la plus grande
partie est encore i n c o r po r é e à l'empire
ottoman.
Ap r è s avoir mo n t r é , dans une série
de projections, les aspects naturels du
pays, les types des peuples qu i l'ha–
bitent, des reproductions de mo n u –
ments, M . L y n c h arrive à la seconde
partie de sa con f é r enc e : rechercher
au point de vue politique quel sera
l'avenirde la partie turque de l ' A rmé n i e .
Il a rejeté la solution d'une occupation
russe pour deux raisons : i° Ta n t que
les pavs limitrophes appariiendront à
des gouvernements faibles, i l est peu
probable que les puissances e u r o p é e n –
nes permettent à la Russie d'occuper
une position dominante dans l'Asie
occidentale, telle que l u i en assurerait
la possession de l ' Armé n i e ;
2
0
cette
solution ne serait pas la bienvenue pour
Fonds A.R.A.M