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U A T R I È M E
A
N N É E . —
N °
99.
Le Numéro :
30
centimes.
1
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D É C E M B R E D J 0 4 .
Pro Armenia
Rédacteur en Chef :
Pierre QUI L L A R D
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QUILLARD
l O , R u e N o l l e t , I
J
a r - i s
A J O N N KM E N T S
France
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Kl niger
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Paraissant
le
I
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et le i5 de chaque mois
— — — —
COMITÉ D E RÉDACTION :
O.
Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé
Secrétaire de la Rédaction :
Jean L O N G U E T
ADMINISTRATION :
Avenue de l'Observatoire, 3
A B O N N E M E N T S :
France
S »
Ktrnnger
'
O »
SOMMAIRE :
Le Comité de secours. — Informations : La situation au
Sassoun:
L
'
aftaire de Nareg; L'affaire d'Orfa ; Expul–
sion d'un citoyen Américain; Le Catholicos de Sis;
Conspiration?; Les mutineries de soldats : En Russie.
La Uuinzaine : Par le fer ou par la faim (P.
Q U I L L A R D ) .
Le mouvement pro arménien : Angleterre: Une confé–
rence de M. H.-B.
L Y N C H .
Abdul-Hamid et Guil–
laume II. — Nouvelles d'Orient : Macédoine : Dans
l'Yémen; L'affaire de Scutari; Plaisanterie d'opérette:
La haute commission financière ; Décoration. — Un
révolutionnaire arménien : Hraïr Djokhk.
Le Comité de Secours
Nous avons reçu pour les A r mé n i e n s
de Mo u s h et du Sassoun les sommes
suivantes :
Jules R a i s
10
fr.
A m b r o i s e J a n v i e r de l a Mo t t e
5
o fr.
U n i o n des D a m e s de la C r o i x R o u g e
d ' A l e x a n d r i e
i5o fr.
TOTAL .
210
fr.
A la souscription des dames de la
Cr o i x Rouge d'Alexandrie éiait jointe
une lettre
remerciant tous ceux
«
qu i s'intéressent au sort de nos ma l –
heureux frères et s œ u r s d ' A rmé n i e , si
cruellement a b a n d o n n é s par les gou–
vernements civilisés de l'Europe qu i
avaient pourtant solennellement ga–
ranti la sécurité de leur vie et de leurs
biens et l'inviolabilité de leur cons–
cience et de leur honneur. »
INFORMATIONS
La situation au Sassoun.
M o u s h , le
26
octobre.
L a situation des nécessiteux et sur–
tout des Sassouniotes est des plus dé –
plorables. En v i r o n 8
.000
A r mé n i e n s
sont sans as i l e ; ils n'ont ni v ê t eme n t s ,
ni chaussures, ils sont absolument sans
ressources. Le gouvernement a, depuis
l'été, cessé la distribution des secours.
Les sommes destinées à la reconstruc–
tion des maisons d émo l i e s n'ont pas
été i n t é g r a l eme n t versées. L a situation
des A r mé n i e n s victimes des derniers
massacres est lamentable. Chaque jour
plusieurs d'entre eux meurent de faim.
Ils sont tous sous la surveillance de la
police. Il est interdit aux Sassouniotes
de descendre dans la ville et dans la
p l a i ne ; ils ne peuvent m ê m e pas aller
d'un village à l'autre, si ce n'est en
cas d'urgence où le commandan t m i l i –
taire leur délivre des passeports, mais
à raison de trois ou quatre par jour au
ma x i mum .
L'accès de la ville leur est interdit.
Le but de ces rigueurs est de dé cou –
rager la population et de la forcer ainsi
à se disperser. Déjà la neige couvre les
montagnes. Dans cette saison rigou–
reuse, quel sera le sort de tous ces
malheureux d é p o u r v u s de vivres et de
v ê t eme n t s ?
Sur les montagnes du Sassoun
comme dans la plaine de Mo u s h , le
gouvernement a saisi les armes de la
population au moyen de tortures
effroyables. Ceux qu i se t r o u v è r e n t
sans armes durent payer des contra–
ventions. Su r cinq points du Sassoun,
Guéli, Séma l , Dapig, T a l o r i et Ich-
khentzor, des casernes furent cons–
truites pouvant contenir chacune un
r é g ime n t .
Le va l i de Bitlis, Fé r i d Bey, arriva à
Mou s h , monta au Sassoun et inaugura
solennellement ces casernes. Il passa
ensuite à T a l o r i et à Ichkhentzor dans
le m ê m e bu l . Le gouvernement veut
garder au Sassoun deux r é g ime n t s .
Le
17
octobre un officier turc fut
a s s a s s i n é . Le gouvernement impu t a cet
assassinat aux fédaïs, alors q u ' i l n'y en
avait pas un à cet endroit. L a con s é –
quence de cet assassinat fut l'arresta–
tion de quatre notables Sassouniotes.
L a fièvre t y p h o ï d e sévit dans les p r i –
sons. Dans ces derniers jours, vingt-
deux prisonniers a r mé n i e n s p é r i r e n t ,
parmi eux se trouvait le propagandiste
Va r t a n , qu i succomba le q u i n z i ème
jour de son arrestation. Il v a dans les
prisons plus de soixante malades ; i l
en meurt journellement dans cette
a t mo s p h è r e suffocante.
Rep r é s en t e z - vou s un endroit sale et
humi de où
60
à
70
Mu s u lman s occu–
pent six des neuf cellules existantes, les
trois autres é t an t utilisées par
100
A r –
mé n i e n s . D'autres sont entassés dans
un endroit humi de et sans toiture.
Les soldats a r r i vé s du Sassoun sont
c o n t am i n é s par la fièvre t y p h o ï d e , p l u –
sieurs d'entre eux sont morts et il en
meurt journellement. L a terreur r ègne
dans les prisons. Le gouvernement a
entrepris de nombreuses arrestations
sous le prétexte d'avoir dé couve r t dans
la plaine de Mou s h unebande dequ i nze
fédaïs. Il a été o r d o n n é d ' a r r ê t e r tous
les A r mé n i e n s sous l'inculpation d'avoir
hospitalisé ces fédaïs.
Pou r a n é a n t i r les jeunes forces a r m é –
niennes, le gouvernement a traduit
devant les tribunaux les possesseurs
des armes a r r a c h é e s par la violence.
Des A r mé n i e n s au nombre de
1.200
à
1.400,
ont élé cités pour avoir pris part
à l'insurrection.
Ce qui rend la situation plus amè r e ,
c'est l'intention du gouvernement de
Fonds A.R.A.M