la Grande-Bretagne et l'Italie, nous avons le moyen de
soustraire une population aux griffes d'un gouverne–
ment organisé pour le meurtre.
Faites allusion à la menace d'un blocus de Smyrne,
si les réformes n'étaient pas accordées. L a d y Fradench
Cavendish considéra l'autre jour, que là était le seul
moyen d'agir sur le sultan.
Nous avons confiance que si le sultan est l'objet d'une
action coercitive en ce sens, on arrivera au règlement
final, le seul règlement possible. « A r m e s et bagages »
est la seule formule qui mérite considération.
États-U iris d'Amérique.
Une nouvelle revue mensuelle destinée
à la défense de la cause arménienne, vient
de paraître en Amérique. Le premier nu–
méro contient les adhésions des philar-
mènes américains qui formeront le Comité
de direction : Julia Wa r d Howe, Charlotte
Perkuis Wi l l i am, Lucia Ames Mead,
Charles Gordon Ames, Charles Feicher,
Rollo Ogden, Albert S. Cook, Whloyd
Garrison, Edwin D . Mead. Nous souhai–
tons heureux succès à notre confrère amé–
ricain dont voici l'adresse : Editor Armenia
2285
P . O. Box Boston. U . S. A .
France.
M . d'Estournelles de Constant a été élu le
13
novembre, sénateur de la Sarthe. On
sait quels éminents services i l a rendus à
la cause de la paix dans le monde, mais de
la paix selon le droit et la justice. C'est
pourquoi i l n'a point cessé de demander
aux gouvernements d'Europe de mettre fin
aux sanglantes boucheries organisées par
Abdul Hamid et de se montrer aussi éner–
giques pour exiger l'exécution du traité de
Berlin que pour revendiquer leurs créances.
En toute occasion, M . d'Estournelles de
Constant a bien voulu prendre personnel–
lement en main la défense des Arméniens,
soit en organisant et présidant des mani–
festations publiques comme celle du
Château-d'Eau, soit en faisant auprès du
ministre des affaires étrangères les deman–
des nécessaires. Aussi est-ce avec une
grande joie que nous lui adressons nos
respectueuses félicitations.
R.
Nouvelles d'Orient
M
A C É D O I N E .
Le gouvernement anglais
vient de publier un
Livre Bleu
sur les af–
faires de Macédoine, pour la période qui
s'étend du 15 décembre 1903 au mois d'août
1894.
Parmi les 287 dépêches qui compo–
sent ce recueil, i l en est de particulièrement
intéressantes. 11 apparaît de façon certaine
lord Lansdowne aurait volontiers pris
l'initiative d'une action plus énergique,
s'il avait été écouté par d'autres puissances ;
c'est ainsi : qu'au commencement de mars
il faisait des ouvertures à l'ambassadeur
de France à Londres et envisageait la pos–
sibilité d'user de moyens de coercition. On
sait que les puissances d'entente préférè–
rent leurs intérêts particuliers à ceux des
populations opprimées.
Cependant la moindre critique oflusque
la délicatesse des ministres russes et austro-
hongrois et lord Lansdowne put se don–
ner le plaisir d'envoyer à son ambassadeur
à Pétersbourg la note suivante en réponse
aux plaintes que lui avait fait transmettre
le comte Lamsdorff touchant son langage
«
pessimiste » du 15 mai à la Chambre des
Lords :
Il estimait que mon langage était inutilement pessi–
miste et calculé pour encourager les m é c o n t e n t s . Je
n'ai pas eu le désir d'être pessimiste et si Son E x c e l –
lence peut me fournir quelques faits sur quoi établir
une opinion plus rassurante i l me causerait le plus v i f
plaisir en le faisant.
Son Excellence m'a promis de répéter tout ce que je
lui avais dit, au comle Lamsdorff.
Lord Lansdowne avait vu juste en ne se
réjouissant pas des résultats peu satisfai–
sants des prétendues réformes macédo–
niennes. Depuis le moment où i l faisait
faire celle communication ironique à son
collègue russe, i l ne s'est accompli aucun
progrès réelet les vilayets macédoniens sont
écrasés toujours par l'infâme régime harni–
dien. Les puissances d'entente deviennent
môme victimes de leur inerlie calculée ;
elles perdent des mois à négocier l'aug-
mcnlation du nombre de leurs offiieiers de
gendarmerie ; Hamid résiste et gagne du
temps et même en lui demandant audience
en plein Ramazan, MM . Zinowicff et de
Calice n'avancent pas leurs affaires.
Cependant la faim désole les villages et
le sang coule ; la lutte des nationalités
s'exaspère et les soldats de Sa Majesté Im–
périale massacrent impartialement Slaves,
Hellènes ou Valaques, après avoir d'abord
fait, par ordre, quelques distinctions entre
bons et mauvais comitadjis.
Dans le vilayet d'Andrinople et ailleurs,
les arrestations des professeurs macédo–
niens se poursuivent ; et à nouveau de
graves incidents de frontières éclatent dans
la région du Rhodape et près de Kustendel :
ici les soldats turcs pénétrant en territoire
bulgare en sont chassés avec pertes ; là ils
s'en vont piller jusqu'à trois kilomètres de
la frontière et tuent un paysan à Kava-
kona, après quoi ils rentrent glorieusement
dans leurs pays.
Cela et les charges financières qui im–
posent au gouvernement bulgare les néces–
sité de secourir les victimes des atrocités
hamidiennes — une somme d'un million a
été votée le 4 novembre par le Sobranié
pour être distribuée par les soins de la
banque agricole à Andrinople et à Monas–
tir— pourraient mettre un terme à l'accord
turco-bulgare ; et i l ne serait pas tout à
fait surprenant que Serbes et Bulgares
s'entendissent enfin pour lutter ensemble
centre l'ennemi commun sans écouter plus
longtemps les conseils de leurs soi-disant
protecteurs et amis de Vienne et de Péters–
bourg ; et le jour est proche peut-être où
les gouvernements de Sofia et de Belgrade
seront obligés de faire leurs les conclusions
du mémoire publié par l'Organisation inté–
rieure macédonienne :
A u x réclamations légitimes des populations oppri–
mées, la diplomatie européenne tremblant pour la
paix des Balkans, a r é p o n d u par un programme de
r é f o r m e s futile et vide de sens dont l'avortement n'est
pas imputable à la population chrétienne ; car nulle
entrave locale ne s'opposait à son application intégrale.
L'Europe n'a donc rien fait pour convaincre les po–
pulations chrétiennes qu'elles peuvent, en toute sécu–
rité, remettre le pain de leur avenir et de leur sort
entre les mains de cette diplomatie ; elle n'a donné
j u s q u ' à présent aucune preuve de sa volonté sincère
d'entreprendre quelque chose de sérieux en leur faveur.
Toute son activité s'est bornée en effet à des notes
sans fin, à dès promesses stéréotypées, à des conseils
intéressés.
L'organisation intérieure constate avec le plus vif
regret ce triste état de choses ; et elle se fait un de–
voir de déclarer qu'elle continuera la lutte sous diverses
formes (dans des proportions larges ou restreintes,
suivant le temps ou les circonstances) j u s q u ' à ce qu'une
intervention internationale
armée
suspende
de facto
le r é g i m e turc actuel et établisse dans le pays un nou–
vel ordre de choses qui garantisse
la légalité
et les
existences
humaines.
L
A P R E S S E H A M I D I E N N E E N
F
R A N C E .
On
lit dans la
Revue d'Europe :
Pendant ce temps, les Comités révolutionnaires
a r m é n i e n s ne laissent m ê m e pas aux autorités turques
le temps nécessaire pour lire, étudier et transmettre
au Sultan leurs revendications. Nous voyons, entr'au-
tres, figurer p a r m i ces revendications la liberté et
l'égalité pour les cultes, puis le rétablissement des pri–
vilèges de l'Eglise a r m é n i e n n e . Le Sultan, dont l'es–
prit de tolérance en m a t i è r e religieuse se manifeste
c o n f o r m é m e n t à la L o i Coranique, ne saurait être
moins bien disposé pour l'Église a r m é n i e n n e que pour
1
rs
autres Kulises. N ' e n n'avons-nous pas eu la preuve,
il y a quelque temps, à l'occasion du Selamlik auquel
assistait M g r Ormanian, patriarche arménien, accom–
p a g n é du Catholicos. D ' a p r è s
l'Agence
Zieuter,
après
avoir loué la fidélité du Catholicos, Sa Majesté avait
dit qu'il souhaitait sincèrement le bien-être des popu–
lations, sans distinctions de religion et qu'il avail le
plus grand désir Se les voir vivre toutes en paix.
Nous avions cru jusqu'ici que S. M. I.
ne connaissait d'aulres moyens de réformes
que le massacre partiel ou total des Armé–
niens : l'exécution de celte atroce besogne
ne lui laisse en effet pas le temps d'étudier
les revendications de ceux qu'elle préfère
exterminer et elle trouve plus expédient de
faire ensuite publier dans les journaux et
revues qui y consentent d'étranges apolo–
gies de ses crimes.
P . Q .
Le Secrétaire-Gérant :
J
E A N
L
O N G U E T .
^mâHiV^S
L'Émancipatrice
(
Imprimerie)
V*T
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Eue
d e
Pondichéry, 3, Pans.
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E d . GAUTHIER,
Ad.-délégué.
(
Syndiqués
en Commandite
généralisée.)
Fonds A.R.A.M