gai combat de Zivine, était, n é à Moush, en
1875.
J u s q u ' à l'âge de onze ans il avait suivi
les cours de l'école c ommun a l e , puis élait
e n t r é à l'école Nersessian de Moush, mi son
intelligence el son application lui avaient
g a g n é l'affection de ses ma î t r e s . Mais l'en–
fant, puis le jeune homme, souffrit d'au–
tant plus qu'il comprenait mieux en voyant
autour de l u i l'oppression, la m i s è r e , la
famine, le meurtre toutes les a t r o c i t é s qui
font de la vie un enfer pour les A r mé n i e n s .
T r è s robuste, en poursuivant ses é t u d e s
il se p r é p a r a i t à d'autres travaux moins pa–
cifiques. L e fusil à I é p a u l e , il s'en allait
chasser et s'exercei au l i r d a n s l a montagne
et d è s ses a n n é e s de jeunesse, i l eut à plu–
sieurs reprises maille à partir avec, les Ku r –
des et les Tu r c s . U n j o u r de chasse, i l
rencontra le r é v o l u t i o n n a i r e Gh é v o n qui
lui inspira l'idée d'une lulle s y s t éma t i q u e
contre le r é g i m e qu i é c r a s a i t ses compa–
triotes.
En 1892, ses classes t e r m i n é e s , i l élait
devenu c o m p l è t e m e n t hbre. A u mois de
novembre, dans une c i r r ou s l a n c e grave,
il lit la preuve par le fait que les bourreaux
ne sont souvent redoutables q u ' à cause du
peu d ' é n e r g i e de leur victime. II accompa–
gnait avec son père les gens de Ha s k e u i ,
au nombre d'environ une centaine, qu i se
rendaient au mo n a s t è r e d.' S o u r p - A r g p u i -
rig. Comme ils allaient entrer dans la fo–
rêt, ils a p e r ç u r e n t le c é l è b r e brigand Ku r d e
H é u r z o a c c o m p a g n é de deux de ses servi–
teurs. P r i s e de panique, tantle Ku r d e était
r e d o u t é , la troupe e n t i è r e voulait rebrousser
chemin : la p r é s e n c e d'un seul homme au–
rait fait reculer les villageois é p e r d u s .
Va g a r c h a g au contraire, avec deux de
ses camarades fit face vers He u r z o et mar–
cha sur l u i : le Ku r d e se sauva ; i l se mit à
sa poursuile et l u i donna l'ordre de jeler
ses armes. Comme Va g a r c h a g et ses cama–
rades é t a i e n t a r m é s Heu r zo j ug e a prudent
d ' o b é i r . Il revint sur ses pas, a p r è s avoir
a b a n d o n n é ses armes, s'approcha respec–
tueusement de Va g a r c h a g et de ses amis,
s ' a s s i t p r è s d'eux et l e u r p a r l a ami c a l eme n t .
Il les accompagna môm e - j u s q u ' a u couvent
et sur la demande du jeune homme restitua
les biens d'un A r m é n i e n de Moush q u ' i l
avait u s u r p é s .
Suivent les massacres de Sassoun et plus
tard les grands massacres. Va gare h a g el
quelques au 1res jeu nés gens toujours p r ê t s
à prendre les armes pour d é f e n d r e la popu–
lation, emp ê c h è r e n t qu'il n'y eut de graves
tueries à Moush el dans les villages voisins :
d ' a p r è s le rapport colleclil'des ambassades,
le chiffre des victimes, à Moush, n ' e x c é d a
pas v i ng t morts.
Depuis 1900, Va g a r c h a g était en relations
constantes avec An t r a n i k et les fédaïs du
Sassoun. Il avait été l ' un des trente cinq
h é r o s q u i , l e 20nov emb r e 1901, o c c u p è r e n t , j
sous la conduite d ' An t r a n i k , le couvent
de, Sou r p Ar a k é l o l z et. qui c e r n é s par douze
cents hommes c o mm a n d é s par le g é n é r a l
de division Mehmed A l i - P a c h a p a s s è r e n t à
travers les lignes turques dans la nuit du
9
d é c e m b r e .
L o r s du dernier C o n g r è s de la F é d é r a t i o n
r é v o l u t i o n n a i r e a r m é n i e n n e , i l avait pré–
s e n t é u n rapport qu i fit grande impression,
relatant l'activité des bandes, d é p l o r a n t les
nombreuses conversions à l'orthodoxie,
faites les a n n é e s p r é c é d e n t e s , dans une po–
pulation t e r r o r i s é e .
J'ai dans la m é m o i r e l'image vivante de
ce g é a n t taciturne, à la poitrine large, aux
yeux tristes et sombres, tel que je le vis,
un soir d'adieu, avant q u ' i l ne s ' a c h em i n â t
vers son destin ; et ma main tremble encore
de 1'élreinte de la sienne, à celte h e u r e - l à .
Il partit, combattil encore et n é g o c i a avec
les conseils e l les a u t o r i t é s et leur fît con–
n a î t r e le m i n i mum des r é c l ama t i o n s r é v o –
lutionnaires. Les a u l o r i l é s voulaient le,
massacre ; les conseils é t a i e n t impuissants
à l ' emp ê c h e r , sans une action s é r i e u s e de
leurs gouvernements. Il ne restait que le
s u p r ê m e recours des armes. E t Va g a r c h a g
lomha à Z i v i n e , sous les balles turques,
avec trente sept de ses compagnons.
Quelques jours plus tard quand le consul
anglais visita le c h amp de bataille et d é c o u –
vrit les corps mu t i l é s des A r m é n i e n s , i l
trouva les troupes q u i les avaient combattus
et chez les paysans turcs un m ê m e senti–
ment de sympathie et d'admiration ; et un
vieux T u r c lui disail avec des larmes dans
les yeux : « Ils é t a i e n t si jeunes et si v i g o u –
reux et ils avaientfait un effort si d é s e s –
p é r é . » A i n s i le poète h o m é r i q u e c é l é b r a i !
les h é r o s .
laissant leur jeunesse et leur force ;
Comme ceux-là, Vagarchag entra, l'âme irri–
tée, dans les demeures de l'ombre, parce qu'il
lui restait encore d'autres luttes à Soutenir,
si le sort mauvais n'avait clos ses yeux avant
l'heure.
F. Q.
»
.
L E S
ATROCITÉS
d a n s
l e s R é g i o n s
d e M o u s h
e t d e
S a s s o u n
OFFICIEL.
L'évêché a rmé n i e n de, Moush a adressé un
tableau au patriarcat arménien de Constan–
tinople, sur les ati'ocités commises par le
gouvernement du Sultan.
Nous traduisons textuellement ce tableau
détaillé :
Le 23 janvier 1904
En p r é t e x t a n t l'exis–
tence des l'édaïs à Moush, des gendar–
mes, des turcs, et des soldats attaquent à
3
heures du matin les villages de Hounan.
La terreur gagne la population. Les maisons
sont envahies par cette foule sanguinaire,
plus de 21 femmes furent violées, 2 hommes
et 4 enfants furent fusillés. La populatiorr se
disperse, les biens des maisons et de.- égli–
ses sont pillés; plus de 500 persorrnés sont
vouées à une misère extrême. Les dégâts
matériels atteignent à 60 ou 70.000 piastres.
Le 29 janvier 1904. —
Le Kurde, Mogbig
Pache de Séïdan attaque avec ses 5 cama–
rades, 4 A rmé n i e n s qui accompagnaient une
nouvelle marrée. La jeune fille l'ut violée et
le père fut assassiné avec ceux qui leur
tenaient compagnie.
Le 14 mars.
Les deux cheik Nassîb et
Saleh provoquaient les Kurdes de Moush
contre les A rmé n i e n s . L'attaque ne tarda
pas à s'effectuer d'une façon violente ;
Meghir Vartanian, Avédis Serabian, son fils
de 5 ans, le prêtre Avédis et Mourat Méli-
kian furent blessés. 11 y aurait eu plus de
victimes si les A rmé n i e n s n'avaient pas eu
la prudence de se retirer dans leurs maisons
et ,1e fermer les portes.
Le 18 mars.
Un gendarme avec ses
30
cavaliers va au village de Dzihavou ;
deux de ses hommes Hecho et Hamo pénè–
trent dans la maison de Tchalchan Harsian
et violent sa femme Loussig qui était en–
ceinte.
Le 22 mars.
Arakel Ter-Avedissian, ori–
ginaire de Héïbian, l'ut assassiné à 5 heures
de l'aprês-midi par Issali-Dahazadé Mehmet
Selim, qui l'aignant l'amitié, l'avait accom–
p a g n é près du village d'Hergnert.
Le 3 avril.
Un chef de gendarmes, sous
prétexte de recueillir des impôts, r é u n i t dans
une étable, toutes les jeunes femmes du vil–
lage d'Orknotz, les outrage, leur l'ait ouvrir
la bouche, y crache et jette du fumier; i l les
torture et l'une d'elles, enceinte, avorte.
Le 9 avril.
Le sourd-muet Irro Melko-
nian, originaire de Tcherik, l'ut pris par les
Kurdes entre les villages de Hounan et Soh-
kome ; ces derniers l'ont fait périr en lui
remplissant de boue, la bouche, les oreilles
et les yeux.
Le 10 avril.
Le chef du village d'Avran,
Hazop Bogossian, fut tué à coups de fusil par
les Kurdes alorj qu'il visitait ses champs.
Le 21 avril.
Les soldats, sous prétexté
de rechercher des fédaïs, attaquent Pertag;
Hagop Ohanian, Melkorr Groïan et Nourhig
Saikissisian, jeune tille de 10 ans, furent
fusillés; Salvi Schahnarian, octogénaire, l'ut
tuée sous d'affreuses tortures.
Guigo Donéïan, Maïro Matossian, Sérabion
Angridian, un enfant de 6 ans n ommé Garig
Mgi'oïan ont été assassinés après avoir subi
des tortures inouïes. Ont été violées, l'une
après l'autre, Mariam Hele'r'an, Mako Ma –
tossian, Djévahir Avedissian, jeune femme de
25
ans, Tavrèse, Houmik Karotian, Hatcbo
Gasparian. Les biens des villageois furent
pillés et 19 maisons b r û l é e s ; le nombre des
nécessiteux est de 181.
Le 29 avril.
Trois Turcs de Khénousse
ont enlevé, à leur retour de Sassoun, une
jeune femme n ommé e Mako, originaire
d'Arvarileh.
Le 25 avril.
Une jein.e villageoise nom-
Fonds A.R.A.M