Nouvelles d'Orient
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A C É D O I N E . —
L a
faillite du programme
de Mu e r z t e g s'annonce prochaine el l'anla-
gonisme s'accentue entre les puissances
d'entente q u i veulent augmenter, seules, le
nombre de leurs officiers et l ' Eu r ope o c c i –
dentale. Russes et Au t r i c h i e n s ne travail–
lent é v i d e mm e n t q u ' à leurs propres i n t é r ê t s
et se soucient fort peu des paysans m a c é –
doniens : l ' Au t r i c h e favorise les mouve–
ments albanais hostilesaux r é f o r me s qu'elle
est c e n s é e p r é c o n i s e r et l a Ru s s i e s'efforce
inutilement à leurrer les Slaves de Ma c é –
doine. L e g é n é r a l de G i o r g i s d'autre part
est a c c u s é , non sans quelque raison, pa r
les j o u r n a u x des puissances d'entente de
j oue r au naturel le rôle d ' un pacha turc et
de justifier par ses actes le port de l ' u n i –
forme harnidien q u ' i l accepta de trop bonne
g r â c e , se condamnant ainsi à susciter l a
mé f i a n c e des populations o p p r i m é e s . Ce–
pendant l a moisson est faile ; les r é c o l t e s
non d é t r u i t e s par les l oyaux serviteurs de
Sa Majesté I mp é r i a l e sont r e n t r é e s et mal–
g r é les dissidences de lactique entre les
Com i t é s , l'insurrection est à nouveau i n é –
vitable, à moins qu'ayant é c h o u é lamenta–
blement, les puissances d'entente ne c è d e n t
la place à l'action é n e r g i q u e des peuples
non i n t é r e s s é s directement dans la ques–
tion.
M
O U R A D
V .
L a mort de Mo u r a d a é l é
a n n o n c é e dans les feuilles turques par une
note laconique :
L'ex-souverain Sultan Mourad a succombé hier lundi,
au diabète dont i l souffrait depuis longtemps. Sa mort
a vivement affecté S. M . I. le Sultan.
Par ordonnance impériale l a dépouille mortelle sera
i n h u m é e dans le mausolée de la vénérable m è r e du
défunt, près de la mosquée de Yéni-Djami.
L e
Mechveret
pub l i e , de son corres–
pondant de Constantinople, une lettre dont
voici les passages les plus i n t é r e s s a n t s :
L'avis de décès, d'une outrageante sobriété, a été
rédigé par Abdul-Hamid lui-même, avec quelques
fautes de syntaxe caractéristiques, et c o mm u n i q u é à la
presse. 11 y est bien m e n t i o n n é que Mourad « est mort
de sa mort naturelle », ce qui pourrait faire conclure
à une mort violente. E t de fait, on n'a m ê m e pas pu–
blié le nom des médecins qui ont soigné l'illustre
malade.
L'enterrement d'un laquais de Yildiz eut certainement
été plus pompeux. Tous les marchands, tous les curieux
ont été expulsés de l'enceinte de Yéni-Djami ; les
retardataires étaient brutalemant repoussés à coups de
poing- et de crosses de fusil. A u milieu d'un grand
déploiement des forces a r m é e s se tenaient le ministre
et le préfet de police.
Vers midi, une mouche à vapeur a accosté le quai
des douanes (Stamboul) ; elle amenait le corps du sou–
verain dans un modeste cercueil qu'une quinzaine de
domestiques du palais ont t r a n s p o r t é à sa dernière
demeure en longeant o b s c u r é m e n t les docks au lieu de
suivre les rues.
A u x funérailles assistaient seulement le ministre de
la police, le préfet, Fehmi pacha, Tcherkes-Mehmed
pacha, aide de camp d'Abdul Hamid. Aucun notable
n'avait été aurorisé à suivre le convoi. L a foule ayant
appris que le cercueil contenait la dépouille de Mourad,
se porta en avant et voulut rendre à son prince les
s u p r ê m e s honneurs; mais elle fut violemment heurtée
par les agonis. Dos protestations, des cris indignés
s'élevèrent; beaucoup de femmes se mêlèrent au groupe
des manifestants ; un jeune homme s'élança en criant:
«
Respect à la mort ! » Cette conduite courageuse
trouva de nombreux imitateurs.
A u dernier moment on a défendu, d'ordre impérial,
aux confréries religieuses d'accompagner l'enterrement
en chantant des hymmes et en récitant des prières mor–
tuaires. Cette interdiction, contraire aux usages, a été
très c o mm e n t é e .
Une mauvaise nouvelle, c'est celle q u i nous apprend
qu'Abdul H a m i d a pris à sa garde et sous sa surveil–
lance directe les deux enfants de Mourad. O n comprend
ce que cette tutelle signilie et la funeste influence
qu'elle aura sur l'éducation des deux malheureux
princes.
L a Presse a reçu l'ordre formel de ne faire aucune
mention des tristes obsèques du défunt. Grâce à la
stupide opinion qu'il s'est formé sur ses sujets, le Sul–
tan espère (pie ce sinistre événement passera inaperçu
et (pie le peuple oubliera j u s q u ' à la m é m o i r e du prince
qu'il avait tant chéri. L u e telle idée symbolise bien le
tyran et le traître que fut toujours Abdul-Hamid.
Une autre information dit qu'il a fait procéder par
cinq médecins à l'autopsie de son frère. Evidemment,
en ordonnant cette opération, la pensée du Sultan était
de s'assurer si Mourad était bien mort, et, s'il ne l'était
pas — i l faut tout supposer de ce cerveau détraqué •—
l'autopsie avait pour but de le tuer définitivement. Il a
poussé la précaution j u s q u ' à faire venir le cadavre à
son palais et se rendre compte si aucune substitution
n'avait été faite à la dernière heure.
L
E
S U C C E S S E U R
D '
A
B D - U L -
H
A M I D .
T a n –
dis que les jeunes Tu r c s manifestent en–
vers Mehmed Re c h a d effendi, successeur
l é g i l i me
d ' Ab d - u l - Ham i d un loyalisme
p r é m a t u r é , la c l i q u é d'YIdiz semble vou–
loir, plus ou mo i n s d'accord avec H am i d ,
é v i n c e r l'héritier p r é s omp t i f el l u i substi–
tuer le plus jeune et lè plus cher des fils
d ' Ab d - u l - Ham i d S. A . I. Bu r n a h e dd i n
effendi. Inquiets, selon
{'
Information
de
V i e n n e , des p r o g r è s que fait l a maladie
incurable dont soufïre l a Bê t e , Izzet P a c h a ,
le ministre de l a guerre, le g r a nd m a î t r e
de l'artillerie, e l l e cheik u l islam auraient
tenu un conciliabule secret pou r discuter
la d é p o s i t i o n ou l'abdication du Su l t an . L a
chose n'allant pas sans encombre, ce sont
eux qu i auraient s u g g é r é à H am i d de dési–
gner l u i - m ê m e , pour lui s u c c é d e r , le jeune
Bu r n a h e dd i n . A i n s i , les quatre c omp è r e s
s'assureraient la reconnaissance du futur
souverain alors qu'ils seraient, ma l vus de
Mehmed Re c h a d . Mais leur comb i na i s on
est contraire au C o r a n ; les soflas la consi–
d è r e n t c omme un attentai à la religion e l
les l i b é r a u x turcs q u i comptent sur le
frère a î n é d ' Ham i d pour r é t a b l i r la consti–
tution sont lort i r r i t é s . L a Bê l e n'a pas
pris de d é c i s i o n , elle laisse la nouvelle
c o u r i r le pays, et, d ' a p r è s l'impression
qu'elle semblera faire, elle s'aventurera à
cet acte dangereux ou y renoncera tout
a u s s i t ô t .
P
R E S S E
H A M I D I E N N E .
P o u r donner une
idée du Ion de basse flagornerie en usage à
Con s l a n l i nop l e , nous croyons bon de citer
simplement — la fin d'un article, p u b l i é
par un journal de langue f r a n ç a i s e , à l'oc–
casion de l'anniversaire du sultan. L e
directeur de ce j o u r n a l esl l ' un des fami–
liers de S. E . M . Constans, ambassadeur
de l a R é p u b l i q u e et le correspondant d u
Figaro
à Constantinople :
Sa Majesté fait à tous cet accueil généreux et cour–
tois, dont il sait rehausser le charme de son hospitalité.
Il entretient et accroît ainsi le nombre et la valeur de
ses amitiés, pour le grand avantange des peuples qui
travaillent et vivent en paix à l'abri de ses lois.
Son r è g n e marquera dans i a glorieuse série des
34
Sultans de l a dynastie d'Osman. S. M . A b d u l -
H a m i d II, arrivé au trône, i l y a aujourd'hui 28 ans,
dans des circonstances particulièrement difficiles, a su,
dans l a paix comme dans la guerre, replacer la Turquie
à un rang qu'elle n'avait jamais dépass-', aux plus beaux
siècles de sa grandeur.
C'est le devoir de l a presse de le reconnaître et de le
proclamer. C'est ce que nous n'avons cessé de faire
dans ce journal, sincèrement am i de l a Turquie, loyale–
ment dévoué à son souverain.
Nous ne croyons pouvoir mieux prouver nos senti–
ments d'admiration et de reconnaissance qu'en unissant
nos c œ u r s et nos v œ u x à ceux qui acclameront aujour–
d'hui le Grand Sultan, et lui souhaiteront gloire et longue
vie.
Vive Sa Majesté
Impériale
le Sultan
Abdul
Hamid
Kan II, Empereur
des
Ottomans.
L
E
S
U L T A N
E T
M .
L
O U B E T .
On l i t dans
les j o u r n a u x turcs du 17 a o û t :
Le
Hakikat
annonce que M . Loubet, président de l a
République française, a fait cadeau à Sa Majesté Im–
périale le Sultan de deux chevaux de prix, des haras
de l'Etat, et de trois poulains. Ces chevaux sont arrivés
hier à Constantinople, par le vapeur des Messageries
maritimes sous la conduite de M . le vice-consul de
France à Salonique, et d'un employé des haras de
l'Etat.
No u s croyons savoir que le Su l t an , dans
son i n é p u i s a b l e b o n t é , a d é c i d é d'envoyer
à Z e k h i P a c h a , commandant du 4
e
corps
d ' a r m é e , l ' é g o r g e u r du Sassoun, un des
chevaux e n v o y é s par le P r é s i d e n t de la
R é p u b l i q u e et que le i nu c h i r d ' E r z i nd j a n
se propose de mouler la noble b ê l e , lors
des prochaines h é c a t o m b e s d ' A r mé n i e n s ,
p r é m é d i t é e s par son auguste ma î t r e .
L
A
N O U V E L L E
L O I S U R
L E
T I M B R E .
A i n s i
qu ' on le pouvait p r é v o i r , les puissances
qui sont incapables d ' e mp ê c h e r le Su l t a n
de tuer ses sujets d ' A r mé n i e et de Ma c é –
doine ont fort bien su d é f e n d r e les i n t é r ê t s
de leurs nationaux, lésés par l a nouvelle
loi du l imb r e . L a Po r l e a en effet r é p o n d u
à l a noie colllective des ambassades que
pour le moment on ne dresserait pas de
contraventions èn vertu de cette l o i et a
d e m a n d é aux ambassades « si elles avaient
r e ç u des instructions de leurs gouverne–
ments. » Cela é q u i v a u t à une suspension,
provisoire ou définitive, d e l à l o i si violem–
ment c o n t e s t é e par les c o mm e r ç a n t s eu r o –
p é e n s .
Fonds A.R.A.M