«
Ces mesures, ajoute le commun i qué
turc, doivent être considérées comme la
preuve du vif désir de la Porte de toujours
entretenir les plus cordiales relations exis–
tant entre les deux Etats. »
Et, selon l'usage en pareil cas, Hamid
fait contre mauvaise fortune bon cœur : i l
va envoyer à son cousin le roi d'Italie une
mission chargée de lui remettre, en témoi–
gnage de particulière amitié, un cadeau
magnifique. Il se sépare d ' « un souvenir
qui lui est spécialement cher » : une collec–
tion complète.des armes de ses ancêtres. Il
est vrai qu'il n'a que faire de ces objets de
musée et que pour tuer .ses fidèles Armé–
niens, les bons fusils modernes lui sem–
blent d'un effet plus certain.
Au
Y
É M E N .
—
La révocation d'Abdullah
Pacha a été causée par la révolte du chef
arabe le cheikh Hamaleddin qui avait à se
plaindre de vexations. Tewfik bey, ancien
vali de Salonique, a été nommé à la place
d'Abdullah et s'est immédiatement embar–
qué sur le yatch
Fuad
à destination de son
nouveau poste. Comme les vexations et
violences dont souffrent les Arabes de l'Yé–
men sont préparées et ordonnées au Palais
même, Hamaleddin ne gagnera rien à tom–
ber d'Abdullah en Tewfik et i l ferait sage–
ment de ne pas cesser pour si peu de se
défendre à sa manière contre les délégués
de Son Auguste Maître.
L
A
L O I S U R L E T I M B R E .
—
On se souvient
qu'en prévision de la nouvelle loi sur le
timbre, les ambassades avaient averti le
gouvernement turc que cette loi ne pourrait
être appliquée aux étrangers avant d'avoir
été examinée par elles. La loi n'en fut pas
moins promulguée le
14
juillet et exécutée
même à l'égard des étrangers. D'où grande
irritation dans le monde commercial. Une
seconde note collective a donc été rédigée
déclarant que la loi est contraire aux Capi–
tulations et rendant le gouvernement turc
responsable des dommages causés aux na–
tionaux des diverses ambassades.
Il est vrai que des protestations sembla–
bles furent dirigées contre l'impôt, égale–
ment illégal, du timbre supplémentaire
pour la construction du chemin de fer du
Hedjaz : les étrangers continuent à le payer,
nonobstant leurs réclamations. Cette fois,
l'ambassade d'Autriche, dont les « sujets »
sont le plus fortement atteints, mène le
mouvement.
Les commerçants pensent que l'on de–
vrait arriver à un arrangement en faisant
de la suppression du timbre pour le chemin
fer du Hedjaz la condition
sine qua non
de
l'acceptation de nouvelles taxes.
D'autre part, une commission interna–
tionale s'est constituée à Constantinople;
elle est composée de trente membres
appartenant au commerce et aux socié–
tés d'assurances et de navigation et de
représentants des consulats et des chambres
de commerce. Elle préprare, pour être
remis aux ambassades, un mémoire énu-
mérant les dommages causés au commerce
européen par la loi du
14
juillet.
L
A
P R E S S E H A M I D I E N N E E T
M .
D E
P
L E H V E .
—
La censure hamidienne n'a pas failli à
ses traditions de prudence quand i l lui a
fallu rédiger en mots congrus les dépêches
annonçant que M . von Plehve avait été tué
.
par une bombe ; les personnes souveraines
et les ministres qui les approchent ne sau–
raient périr de façon violente en style harni–
dien. C'est ainsi que « le président Carnot,
s'étant trouvé mal à neuf heures du soir,
mourut à une heure du matin » ; que le
shah de Perse est mort à la suite d'une
«
promenade en voiture » ; que le roi Hum-
bert, Alexandre et Draga de Serbie, sont
«
morts » sans autre commentaire. Pour la
censure hamidienne, M . von Plehve est
aussi « mort » tout simplement. Voici les
dépêches de la presse tolérée à Constanti–
nople.
M o r t d e M . d e P l e h w e .
S a i n t - P é t e r s b o u r g ,
29
j u i l l e t .
M . v o n P l e h v e , m i n i s t r e de l ' I n t é r i e u r , est m o r t
hier.
C o n d o l é a n c e s .
V i e n n e ,
29
j u i l l e t .
Le g o u v e r n e m e n t austro-hongrois a e x p r i m é a u
g o u v e r n e m e n t russe ses c o n d o l é a n c e s t r è s s i n c è r e s
à l'occasion de la m o r t d e M . de P l e h v e .
L o n d r e s ,
29
j u i l l e t .
Le r o i E d o u a r d a e x p r i m é ses c o n d o l é a n c e s au
czar, à l'occasion de la m o r t de M . de P l e h v e . L e
czar a r é p o n d u d'une f a ç o n t r è s c o r d i a l e .
Les nécrologies publiées deux jours plus
tard étaient aussi peu explicites que possi–
ble ; celle du
Stamboul
est ainsi rédigée :
M . de P l e h v e , d o n t n o u s a n n o n c i o n s l a m o r t sa–
m e d i , é t a i t d'origine a l l e m a n d e par son p è r e . Il
avait fait son c h e m i n dans l ' a d m i n i s t r a t i o n avant
d ' ê t r e d i s t i n g u é par l ' e mp e r e u r N i c o l a s II, q u i ap–
p r é c i a i t sa v i g u e u r , sa v o l o n t é , sa m é m o i r e . L o r s –
q u ' i l o b t i n t le portefeuille de l ' i n t é r i e u r , en d é p i t ,
dit-on, de la r é s i s t a n c e d u p r o c u r e u r d u Saint-
S y n o d e , la R u s s i e traversait une p é r i o d e c r i t i q u e .
Le m i n i s t r e G o r e m y k i n e n'avait pas é t é j u g é assez
é n e r g i q u e : M . de P l e h v e devait se charger de le
faire o u b l i e r . Ses d é b u t s furent tels que le czar l u i
confia, en a o û t
1899,
le titre de s e c r é t a i r e d'Etat
p o u r la F i n l a n d e .
Il é t a i t n é en
1846.
A p r è s a v o i r fait ses é t u d e s à l ' U n i v e r s i t é de
M o s c o u , i l obtint le d i p l ô m e de l i c e n c i é en d r o i t et
entra le
16
a o û t
1867
au m i n i s t è r e de l a justice. Il
passa alors par tous les é c h e l o n s de l a h i é r a r c h i e
a d m i n i s t r a t i v e .
Il passait p o u r u n des h o mm e s les p l u s conser–
vateurs q u ' i l y ait en R u s s i e .
E n
1884
i l avait r e ç u le titre de s é n a t e u r .
M i n i s t r e de l ' i n t é r i e u r depuis
1902,
M . de P l e h v e
a r e p r é s e n t é au c o n s e i l de l'empire l ' é l é m e n t ultra–
conservateur.
Les journaux se taisent ainsi par ordre :
mais Hamid est mieux informé que ses
sujets, et ses nuits sont plus mauvaises
depuis que M . von Plehve est « mort ».
L
A
B
Ê T E A P E U R .
—
Trois détachements
de soldats albanais d'élite, de 3oo,
600
et
1,000
hommes, ont été incorporés dans la
garde impériale albanaise au commence–
ment de ce mois, « à la suite d'incidents
qui se sont produits à Yldiz et au sujet
desquels le plus grand mystère est gardé. »
La Bête a peur : elle augmente le nom–
bre de ses chiens de cour; mais si parmi
ces Arnautes indignes, i l s'en trouvait un
qui eût un sursaut d'indépendance et de
colère, si l'un de ces chiens devenait enragé ?
F
I N A N C E S H A M I D I E N N E S .
—
On lit dans les
journaux turcs :
A u x termes d'une c i r c u l a i r e m i n i s t é r i e l l e a d r e s s é e
en p r o v i n c e s , les t r é s o r i e r s payeurs g é n é r a u x , les
chefs comptables et les directeurs des finances ne
p o u r r o n t r i e n d é p e n s e r en dehors des instructions
qui l e u r sont d o n n é e s , en ce q u i concerne l ' e m p l o i
des revenus des p r o v i n c e s . L e s contrevenants
seront, en c o n f o r m i t é de l ' i r a d é i m p é r i a l y relatif,
r é v o q u é s et r e m p l a c é s .
Cela signifie en d'autres termes que les
fonctionnaires des finances devront plus
que jamais se garder de dépenser un seul
para des revenus des provinces pour les
besoins locaux et tout envoyer à Constan–
tinople où l'on a grand besoin d'argent.
N'a-t-il pas fallu tout dernièrement em–
prunter 5o.ooo livres turques à la Banque
ottomane, à la Dette et à la Société des
Phares pour payer un mois d'appointements
en retard dûs aux employés de l'État, qui
se rattrapent en volant de leur mieux dans
le civil et dans le militaire, en pillant et se
révoltant à l'occasion ?
L E S
M É D I C A M E N T S S U B V E R S I F S .
—
L'admi–
nistration des douanes ottomanes vient de
donner une nouvelle preuve de loyalisme ;
elle poursuit les médicaments subversifs,
pour ainsi dire, jusque dans leur descen–
dance et les journaux de Constantinople
ne manquent pas de porter une aussi grave
nouvelle à la connaissance de leurs rares
lecteurs :
O n sait que l ' e n t r é e en T u r q u i e d u cacodylate de
soude et d u cyanure d u p o t a s s i u m , est interdite.
L ' a d m i n i s t r a t i o n des d o u a n e s vient de d ema n d e r ,
à q u i de droit, des i n s t r u c t i o n s au sujet de q u e l –
ques autres m é d i c a m e n t s q u i tirent l e u r o r i g i n e de
ces poisons.
Vient de paraître :
l '
o u r
l '
A r m é n i e
e t
l a
M a c é d o i n e
MANIFESTATIONS FRANCO ANGLOITALiENNE
U n volume de 350 pages en vente à l a
Société Nouvelle de Librairie el d'Edition,
17,
rue Cujas.
Fonds A.R.A.M