L ' am i r a l a des ordres cachetés et cor–
respond directementavec Wa s h i n g t o n . »
On compte à Wa s h i n g t o n que les
signataires du traité de Paris conseille–
ront à la Tu r qu i e d'acquiescer aux r é –
clamations des É t a t s - Un i s . Depuis deux
jours, les r e p r é s e n t a n t s des ambassades
d'Allemagne, d'Autriche et de France
se sont mis en commun i c a t i on avec le
d é p a r t eme n t d ' É t a t et avec la Ma i s on -
Blanche. On espère, dans les mi l i eux
officiels, que la Porte c éde r a .
S m y r n e , 12 a o û t .
T r o i s navires de guerre, de la ma r i –
ne des Etats-Unis, ont jeté l'ancre ici
ce ma t i n .
W a s h i n g t o n , 12 a o û t .
On dit que les négoc i a t i on s entre la
Tu r q u i e et les Etats-Unis ont pris une
tournure favorable, et on s'attend à un
r è g l eme n t prompt et satisfaisant du
conflit actuel.
W a s h i n g t o n , i3 a o û t .
M . Ha y a déclaré hier à Wa s h i n g –
ton que l'incident amé r i c a i n était v i r –
tuellement clos « les Et a t s -Un i s ayant
obtenu satisfaction sur tous les points.
(
Havas)
l i n e l e t t r e d e M . A n a t o l e
L e r o y - B e a u l i e u
M . A n a t o l e L e r o y - B e a u l i e u a a d r e s s é au r é d a c –
teur en chef de
Pro Armenia
la lettre suivante.
O n ne saurait d o n n e r u n m e i l l e u r c o mm e n t a i r e à
l'incident t u r c o - a m é r i c a i n .
9
Ao û t
1904.
Cher Mons i eu r ,
J'ai beaucoup regretté de n'avoir pu
assister à la r é u n i o n de l und i , qu i a
eu lieu au moment de mon retour
d ' Amé r i q u e .
J'ai été nav r é d'apprendre, à peine
d é b a r q u é , que la série des massacres
avait de nouveau r e c omme n c é . Notre
devoir est plus que jamais de travailler
à réveiller la conscience de l'Europe.
Mais i l ne faut pas nous contenter de
faire appel à l'Europe. Le passé ne nous
a que trop mo n t r é combien tes d i v i –
sions ou les jalousies des Puissances
e u r o p é e n n e s leur rendaient ma l a i s é e
toute action efficace.
Aussi devons-nous appeler au secours
des victimes de la barbarie hamidienne
l'opinion amé r i c a i n e en m ê m e temps
que l'opinion e u r o p é e n n e . Les A r mé –
niens ont aux Etats-Unis des amis dont
j'ai pu constater le zèle et l ' i n t e l l i –
gent d é v o u eme n t , tels notamment les
Friends of Armenia,
dont une femme
de cœu r , Miss B l a c kwe l l , est le secré–
taire. Ils po s s èden t des journaux et des
relations dans la presse. De plus, les
Etats-Unis ont des consuls et des mi s –
sionnaires en Tu r qu i e , et ils montrent
pour la défense de leurs protégés une
vigueur qu i fait trop souvent défaut à
nos gouvernements e u r o p é e n s .
On parle d'une d émo n s t r a t i o n de la
flotte amé r i c a i n e sur les côtes d'Asie
Mi neu r e ; je souhaite qu'elle soit une
leçon pour le Sultan, et au besoin un
exemple pour nous.
E n tous cas, je crois qu ' i l est dési–
rable que les amis des A r mé n i e n s se
donnent la ma i n par dessus l'Océan,
et je fais pour cela appel au
Pro Ar–
menia
qu i est, à tous é g a r d s , le
leader
de la presse e u r o p é e n n e p h i l a r mé -
nienne.
Rien ne doit nous d é c ou r a g e r dans
l'accomplissement de la noble t â che
que nous avons entreprise, et pour y
réussir, nous devons chercher à faire,
contre le tvran d ' Yl d i z K i o s k , la coali–
tion de toutes les consciences des deux
mondes.
Veuillez, mon cher Directeur, agréer
l'expression de mes sentiments de haute
sympathie.
A
N A T O L E
L
E R O Y -
B
E A U L I E U .
C O M I T É D E S E C O U R S
U n C om i t é s'est c o n s t i t u é pour faire par–
venir par les soins des consuls françair, les
secours destinés au'x victimes des massa–
cres.
Ce C om i t é est c omp o s é dès maintenant
de M M . Ma r c e l i n Berthelot; S u l l y - P r u –
d ' homme , de l ' Ac a d émi e française; M i c h e l
Bréal, de l'Institut; Pierre Q u i l l a r d ; F r a n –
cis de P r e s s e n s é . Denis C o c h i n , a b b é
Lemi r e , d é p u t é s .
LA QU I NZA I NE
Le catholicos, Mr a n i k et le monde civilisé
Maintenant qu'une analyse de la lettre
du catholicos aux souverains et présidents
des États signataires du traité de Berlin et
des Etats-Unis d ' Amé r i q u e a été publiée
ailleurs, i l n'est plus indiscret de faire c on –
n a î t r e les points p r i nc i paux du document
que la délégation e n v o y é e par Mgrditch
K h r i m i a n a mi s s i on de c ommu n i q u e r .
L e vieillard d ' E t c hmi a d z i n ne demande
pas pour son peuple l ' i n d é p e n d a n c e natio–
nale, mais seulement les droits les plus
é l éme n t a i r e s de l'existence et l'introduction
des r é f o rme s dès longtemps réclamées par
les puissances e u r o p é e n n e s : restitution des
biens confisqués, retour des émi g r é s , libre
circulation au dedans et au dehors, amnistie
générale, droit de se d é f e n d r e contre les
Kurdes et les Tcherkesses, c o n t r ô l e euro–
péen pour l'exécution des réformes pro–
mises.
Nou s savons é g a l eme n t par une c ommu –
nication des
Daily
News
que dans sa l o n –
gue entrevue du
29
juillet avec les délégués
du catholicos, le ministre français dès-
affaires é t r a n g è r e s a déclaré que « le g o u –
vernement français avait fait tout ce qu'if
pouvait faire et ferait tout ce qu i est en son.
pouvoir pour délivrer le peuple a r m é n i e n
de ses s o u f f r a n c e s » . E t le p r é s i d e n t Loubet,.
•
recevant le jour de son d é p a r t la m ê m e
délégation, l u i faisait l'accueil le plus s y m –
pathique et déclarait que le gouvernement
français ferait de son mi e ux pour obtenir
l'application de la politique du traité de
Be r l i n . C'est donc que les demandes du
catholicos ne semblaient pas excessives à
ces deux hommes d'Etat : elles ne l'ont pas
paru davantage au marquis de Lan s downe
qu a nd i l a reçu à son tour M M . . Saradjan,.
Ay v a d i a n et Lo r i s Me l i k o w , et i l n'est pas
probable q u ' à Rome , à B e r l i n , à V i e n n e et
à Wa s h i n g t o n elles produisent une impres–
sion différente.
Ma i s le plus haut r e p r é s e n t a n t officiel de
la nation a r m é n i e n n e exprimait-il bien le
vœu de l'ensemble de ses compatriotes ?
Est-ce que les fédaïs exaspérés par les souf–
frances physiques et morales dont ils sont
les t émo i n s i mm é d i a t s , irrités par la lutte
terrible qu'ils m è n e n t contre des forces
mi l l e fois s u p é r i e u r e s , t r a q u é s , me n a c é s de
mort à tout instant, se contenteraient de
demandes aussi sages, et mo d é r é e s ? Il n'est
plus aujourd'hui possible de douter. L e
m é m o r a n d u m remis par An d r a n i k aux
consuls e u r o p é e n s et que ceux-ci ont pro–
mis de transmettre à leurs gouvernements
respectifs, ne diffère sur aucun point capi–
tal de la lettre du catholicos, et les revendi–
cations de ce chef de brigands pourraient
être c o n t r e s i g n é e s par le plus timide et le
mo i n s exigeant des diplomates.
Dans les huit articles q u i formulent le
m i n i m u m des r é f o rme s
i mm é d i a t e m e n t
applicables dans les six vilayets, les chefs
des i n s u r g é s a r m é n i e n s ne r é c l ame n t rien
quoiqu'ils ne puissent invoquer des précé–
dents soit dans les propres actes d u gouver–
nement turc, soit dans les diverses notes
des puissances; en ce qu i concerne les i m -
Fonds A.R.A.M