cheikhs kurdes, qu i étaient, en quel–
que sorte, sous la d é p e n d a n c e d ' Abd el
Ad d i el d ' Abd el D a k k i , et qu i p r ê –
chaient suivant les préceptes du Ko r a n ,
la guerre sainte contre les c h r é t i e n s ,
viennent d'être é g a l eme n t emb a r q u é s à
T r é b i z o n d e pour une destination i n –
connue.
On dit i c i que le sultan est sur le
point d'édicter une série de mesures
favorables aux A r mé n i e n s qu i ont pu
se soustraire aux massacres. Il assure–
rait leur retour dans leurs montagnes,
il réédifierait les maisons i nc end i é e s ,
pourvoirait pendant quelque temps à
leur subsistance, etc. Mais ces mesures,
qu i constituent l'aveu des horreurs
auxquelles nous assistons encore à
l'heure actuelle, paraissent, comme
tant d'autres, destinées à demeurer à
l'état de lettre morte. Il est vrai que
l'administration ottomane r é p o n d que
les ancien r è g l eme n t s , toujours en v i –
gueur, p r o t è g e n t et assurent la liberté
des c h r é t i e n s dans tout l'empire ! Mais
les anciens r è g l eme n t s n'ont pas plus
de valeur que les nouveaux. E n réa–
lité, la Porte poursuit, avec plus ou
moins de p r é c a u t i o n s à la barbe des
consuls, son plan d'extermination.
(
Le
Matin.)
[
La correspondance du
Matin
se
trouve confirmée et comp l é t é e par une
lettre du journal italien
Resto del Car-
lino
qu i révèle d'autres faits graves à la
charge des au t o r i t é s ottomanes, notam–
ment les perquisitions, pillages et tue–
ries accomplies à Bu l an i k , Passen,.
Kh n i s , Varto et Malasgherd par ordre
de Fé r i d Pacha et l'arrestation, juge–
ment et condamnation par le conseil de
guerre institué sur l'instigation de Salih
Pacha de deux cents réfugiés qu i
s'étaient fiés aux promesses impé r i a l e s .
A Pertak, Mi g r ako r , Avzagpour, les
Kurdes sont absolument les ma î t r e s .
Ils sont a r mé s de fusils Mann l i che r ,
Ma r t i n i , Gras et We t t e r l i hors d'usage
qui leur sont vendus par des marchands
russes au prix d'une livre turque;
ces fusils en mauvais état sont cepen–
dant suffisants pour tuer des femmes
et des enfants. Le journal italien ajoute
que les c omme r ç a n t s russes ne vendent
pas ces armes aux Kurdes pour leur
donner les moyens de massacrer les
A rmé n i e n s mais simplement «
pour
faire une bonne affaire »,
la valeur
réelle de chaque fusil é t an t de trois à
quatre francs.]
C o n s t a n t i n o p l e ,
2
juillet.
D'après des nouvelles de source tur–
que presque tous les réfugiés a r mé n i e n s
sont r e n t r é s dans leurs montagnes du
Sassoun. D'après un rapport consulaire
l'attitude des a u t o r i t é s civiles et m i l i –
taires s'est beaucoup amé l i o r é e à la
suite des instructions é n e r g i qu e s venues
d'ici, ce qu i a ame n é un apaisement
sérieux à l'excitation des Tu r c s et des
Kurdes contre les A r mé n i e n s . Il n'y a
pas eu, ces derniers temps de grandes
violences. L ' amé l i o r a t i on de la situa–
tion générale progresse lentement. Mais
la mi s è r e pourrait cependant se prolon–
ger encore.
(
Pester
Lloyd.)
A Van.
T i f l i s , 3o j u i n .
On annonce de source s û r e que le
24
j u i n , dans le voisinage de V a n , les
Kurdes et les troupes ottomanes ré–
gulières ont a t t a q u é des voyageurs ar–
mé n i e n s et les ont tués sous prétexte
que c'étaient des r é v o l u t i o n n a i r e s . On
craint que ce ne soit le d é b u t d'un mas–
sacre géné r a l dans la province de V a n ;
la population est t e r r o r i s é e .
L o n d r e s , u juillet.
Le marquis de Lansdowne , à qu i la
dépê che ci-dessus a été c o mm u n i q u é e
par l'office de
Pro Armenia k
Lond r e s ,
a fait r é p o n d r e en ces termes :
Foreign Office,
10
juillet.
Monsieur,
Le marquis de Lansdowne m'a c h a r g é
de vous accuser r é c ep t i on de votre
lettre du
2
courant et de son contenu
au sujet d'attaques qu i auraient eu lieu
de la part des Kurdes et des soldats
contre des voyageurs a r mé n i e n s .
Je dois vous dire que lord Lan s downe
fait faire une e nqu ê t e sur ces i n f o rma –
tions.
L'action des puissances.
C o n s t a n t i n o p l e ,
14
juillet.
Sur l'initiative du gouvernement
français, les ambassades de France,
d'Angleterre et de Russie à Constanti–
nople, ont élaboré un projet de réfor–
mes pour'les vilayets d'Anatolie h a b i t é s
par les A r mé n i e n s . Le projet a été re–
mis à la Porte par l'ambassadeur de
Russie.
(
Havas.)
W a s h i n g t o n ,
2
juillet.
Les évêques a r mé n i e n s de Perse ont
t é l ég r aph i é au secrétaire d'Etat Ha y que
les Tu r c s exécutaient de sanglantes
h é c a t omb e s , à la façon des barbares.
Des
milliers
d'hommes
supplient
l ' Amé r i q u e , au nom du christianisme
et de l'amour du procha i n , de sauver la
vie des innocents.
Au Caucase.
S a i n t - P é t e r s b o u r g ,
17
juillet.
Le vice-gouverneur Andreff, du gou–
vernement d'Elisabetpol, a été t r a î t r eu –
sement tué ce soir.
[
Le gouverneur Andreff s'était s i –
gnalé par sa b r u t a l i t é dans l'exécution
de l'ukase de spoliation ; i l avait tiré
sur le peuple d'Elisabetpol et avait t ué
de sa propre ma i n deux des manifes–
tants.]
D E R N I È R E H E U R E
Au Caucase etàlafrontière de Perse
T i f l i s
via
T a u r i s ,
17
juillet.
Sur des renseignements t é l é g r a p h i –
ques envoyés par le consul russe de
Mou s h , le prince Galitzine a o r d o n n é
de nouvelles et de nombreuses arres–
tations d ' A r mé n i e n s . L a sévérité du
gouvernement russe est devenue exces–
sive à Sa r i gami sh et à Ka r s .
L ' i r r i t a t i on de la population par suite
des atrocités turques devient mena–
ç an t e ; des bandes
r é vo l u t i onn a i r e s
s'organisent. L ' un e d'elles, sous le
commandement de Yergat, a eu, à
Ardjesch, une rencontre avec les Ku r –
des; Kurdes tués,
4 5 ;
A r mé n i e n s ,
9.
Un e autre bande de cavaliers, com–
ma n d é e par Do uma n , a a t t a q u é les
Kurdes près de la frontière de Perse;
deux A rmé n i e n s t u é s ; pertes kurdes
inconnues.
LA QUINZAINE
LE DEYOIR URGENT DES PUISSANCES
Co n f o r méme n t à l'invariable s c éna –
rio du drame tragique que Sa Sanglante
Majesté Ab d u l - Ham i d reprend aux
dates et jours qu i l u i conviennent,
ap r è s les massacres, les pillages et les
incendies, s'ouvre l'acte des négocia–
tions diplomatiques.
Peu à peu la vérité niée d'abord s'est
fait j ou r ; les ministres des affaires
é t r angè r e s et les sous-secrétaires d'Etat
ont, selon la règle, dou t é d'abord des
Fonds A.R.A.M