ia faute sur les révolutionnaires arméniens
et déclare que le gouvernement ottoman a
l'intention de réinstaller les réfugiés dans
leurs villages après reconstruction de leurs
maisons, églises et écoles et qu'on a donné
des ordres aux autorités de la province de
servir aux réfugiés une nourriture saine et
abondante.
Les négociations pour le rachat de la
ligne Damas-Mezireb sont reprises sur
d'autres bases et ont quelque chance
d'aboutir.
(
Le Temps). >
C o n s t a n t i n o p l e ,
via
Sofia, 21 j u i n , g h . 10.
On croit remarquer que des relations ont
été formées entre le Comité arménien et
l'organisation intérieure macédonienne en
vue d'une action commune.
Les autorités turques protestent de ne
pas pouvoir empêcher les Kurdes de se
défendre contre les violences des Armé–
niens; on espère cependant que les repré–
sentations très sérieuses des ambassadeurs
•
à la Porte, surtout de l'Angleterre, réussi–
ront à faire sortir le gouvernement ottoman
de sa torpeur et à mettre fin à un état into–
lérable dans cette malheureuse contrée.
' (
Le
Temps.)
C o n s t a n t i n o p l e , 21 j u i n .
On affirme que l'Angleterre aurait me–
nacé le gouvernement turc d'une démons–
tration navale si des mesures suffisantes ne
sont pas prises pour empêcher le renouvel–
lement des violences contre les Arméniens.
(
Havas.)
C o n s t a n t i n o p l e , 22 j u i n .
Sur les représentations des ambassadeurs
de France, de Russie et d'Angleterre, la
Porte s'est décidée à mettre en liberté les
Arméniens arrêtés à la suite des derniers
événements.
(
Havas.)
C o n s t a n t i n o p l e , 23 j u i n .
Les dépêches privées de Bitlis annoncent
qu'un conseil de guerre a élé institué à
Moush sous la présidence du général de
division Salih-Pacha pour juger les Armé–
niens coupables. Les Arméniens qui se
sont enfuis dans les montagnes commen–
cent à revenir. Trois cents d'entre eux se
sont déjà rendus aux autorités de Moush.
(
Source
turque.)
C o n s t a n t i n o p l e , 25 j u i n ,
Le sultan vient de prendre un iradé
approuvant les décisions de la Porte relati–
vement aux Arméniens de Sassoun. Ceux-
ci seront donc autorisés à résider de nou–
veau dans leurs montagnes. Cependant
Tirade concède des avantages importants
aux Arméniens qui s'établiront dans la
plaine de Moush.
(
Havas.)
Un communiqué
de l'ambassade ottomane.
L'ambassade ottomane communique aux
journaux français, à la date du
26
juin, les
mensonges suivants :
«
Il est aujourd'hui établi, par des docu–
ments saisis sur les rebelles, que le mouve–
ment qui a eu lieu dernièrement aux envi–
rons de Sassoun et de Bitlis a été préparé
de longue main par le Comité hintakiste et
et les autres Comités arméniens fonction–
nant à l'étranger.
«
Le gouvernement impérial, avisé à
temps de ces agissements, a fait parvenir,
par le canal du patriarche arménien, des
conseils de sagesse aux Arméniens de ces
parages et a invité les autorités à mettre
ceux-ci en garde contre les excitations des
révolutionnaires. Ces moyens de persua–
sion n'ont pas amené les résultats désirés,
et i l a fallu mander auprès des insurgés un
groupe de notables arméniens, ayant à leur
tête un prêtre de ce rite, en vue de leur faire
entendre raison.
«
Ces conseils n'ont pas non plus produit
l'effet attendu, et, par suite des incursions
à main armée des révolutionnaires, les
troupes impériales ont dù intervenir pour
rétablir l'ordre et rappeler les insurgés au
respect des lois.
«
Une amnistie générale a été proclamée
ensuite, et les dispositions sont prises pour
l'installation des réfugiés, la distribution
de vivres et de semences.
«
Une grande publicité sera donnée aux
détails de l'instruction judiciaire qui sera
ouverte, afin d'établir les véritables causes
de ces désordres et de connaître l'organisa^
tion du mouvement. »
Lettres des chefs sassouniotes
M i L i o ^ b ? J n o w KOL
j
-
JJBiljàmnr ^ i n v , r,l \
M o u s h , le g/23 m a i .
Dans ma précédente lettre je vous avais
parlé de la situation désastreuse de Sas–
soun. Je vous avais écrit au sujet des
attaques violentes et incessantes intentées
les
20, 21, 22
avril par d'innombrables
soldats turcs et des milliers d'achirets
kurdes sur Guellieh-Guzan. Je vous avais
également écrit comment, après une lutte
héroïque, nos fédaïs et nos braves Sassou–
niotes ne pouvant plus résister aux balles
qui pleuvaient sur eux; aux centaines de
bombes et aux explosifs, s'étaient décidés
à s'éloigner de Guellieh. Il nous avait été
impossible de vous donner des détails sur
les déplorables faits accomplis, les commu–
nications étant rompues. Actuellement les
détails nous font également défaut, je me
bornerai à vous communiquer les quelques
j nouvelles qui nous sont péniblement arri-
I vées.
Je vous dirai tout d'abord qu'après la
mort héroïque de Hraïr, sauf quelques
fédaïs et combattants nous n'avons éprouvé
aucune perte de personnes. Archag, Sébouh
et Grigor-Suni ont reçu quelques blessures
dont ils vont être bientôt guéris.
Voici comment s'est effectuée la fuite
précipitée de la population arménienne de
Guellieh : la population terrifiée et trahie,
à l'approche de la catastrophe, est prise
d'une panique indescriptible etse groupe en
plusieurs divisions pour fuir, ne pouvant
pas tout entière prendre une même direc–
tion. Ces divisions étaient les unes compo–
sées de cent personnes, les autres de mille.
Dans l'affolement de la fuite une mère a
oublié son enfant et ce dernier a perdu sa
mère, tandis que derrière ce douloureux
cortège les bombes tonnaient en faisant de
nombreuses victimes. Les principales divi–
sions des fugitifs étaient au nombre de
quatre. La première de ces caravanes est
allée se réfugier sur l'Andok, situé au-dessus .
de Guellieh et couvert de neige; la seconde
est allée chercher refuge de l'autre côté
d'Andok; la troisième sur la haute mon–
tagne Krechek, près Talori ; la quatrième
sur les hauteurs désertes d'Agpi et de Gtan,
villages situés près de la plaine de Moush,
Partout la neige et la faim... Il est impos–
sible de décrire la situation lamentable des
fugitifs. Affamés, nu-pieds, ils marchent,
marchent continuellement dans la neige
épaisse. Ils préfèrent pourtant cette situa–
tion avec la neige meurtrière, la pluie et
l'orage; ils aiment mieux mourir de faim
et de froid; ils aiment mieux se précipiter
du haut des montagnes que de se livrer
aux atrocités et au feu de l'ennemi. Ceux
qui, pendant la panique n'ont pas pu
échapper aux griffes des réguliers turcs et
des Kurdes, furent impitoyablement mas–
sacrés. Les femmes ont été violées et les
vierges enlevées. Plusieurs femmes ont été
éventrées après viol ; on leur a coupé les
seins, on a égorgé les enfants. Les cadavres,
après avoir été tailladés en petits morceaux
furent jetés dans les rivières.
La première caravane des fugitifs arrivée
à Antoque fut cernée et attaquée par les
soldats turcs et les Kurdes.
Des obus et des explosifs éclataient de
toutes parts. La majeure partie des réfugiés
a été tuée; les survivants, au nombre de
cinquante à soixante, se sont enfuis vers
les villages de la plaine de Moush.
Les réfugiés de Tzépine résistèrent à
l'ennemi jusqu'au
3
mai ; ils ont été à la fin
écrasés pendant le violent assaut des
3-4
mai ; quelques hommes seuls ont pu échap–
per au carnage. Ces réfugiés étaient au
nombre de
i5oo.
L a troisième partie des
réfugiés, retranchée sur les hauteurs de la
montagne Krechek, a opposé contre les as–
saillants une résistance héroïque. Les mal-
Fonds A.R.A.M