i n s u r gé s n'avaient pas voulu se sou–
mettre et qu ' i l fallait recourir à la
force contre eux. Les évéqucs font
observer qu'aucune négociation n'était
faite jusque-là, et qu'ils ne pouvaient .
en conscience signer une dé c l a r a t i on ,
sur un point qu ' i l s n'avaient pas en–
core éclairé. L a r é u n i o n se sépara sans
résultat.
Le
23
avril, dans l ' ap r è s -mi d i , dix
gendarmes avec deux officiers se pré–
sentent devant l'évêque pour l'inviter
à accompagner le vali qu i allait partir
pour Sassoun : force a été de s'exécuter
et tout le monde s'est mis en route à
la h â t e . Le vali était a c c omp a g n é du
commandant militaire, du procureur
impé r i a l , du gouverneur de Mou s h et
d'une bonne suite d ' emp l oy é s . Du côté
des A rmé n i e n s sont partis les deux
évêques, les trois s up é r i e u r s des cou–
vents des environs, les six membres du
Conseil c i v i l de Mou s h et les deux mem–
bres du Conseil du vilayet de Bitlis.
Quatre bataillons de soldats suivaient
le vali, trois bataillons kurdes de ha–
midiés étaient c o n v o q u é s é g a l eme n t à"
Sassoun : ils étaient en deux colonnes,
l'une marchant sur Guellieh-Guzan et
l'autre sur T a l o r i . Il y avait en outre
une grosse bande de Kurdes.
Le
24
a v r i l , il y eut une petite atta–
que contre les A r mé n i e n s du côté de
Guellieh-Guzan comme bon principe de
négociations.
Le
25
a v r i l , on s'est décidé à envoyer
Ar ake l Vartabed, s up é r i e u r du monas–
tère de S o u r p - Oh a n n è s pour entrer en
négociations et faire des propositions,
mais s i mu l t a n éme n t une colonne for–
mée de soldats et de Kurdes attaquait
les villages a r mé n i e n s de Ch é n i k et de
Sémal sans pouvoir cependant déloger
les A r mé n i e n s , et ils retournent en ar–
rière en laissant une vingtaine de morts.
Mais les habitants ne se sentant plus
sûrs chez eux, abandonnent ces deux
villages pour se réfugier à Guellieh
Guzan.
Le
26
a v r i l , trois bataillons arrivant
de Di a r bék i r se sont dirigés contre T a l -
vorik. Une colonne de i
, 5
o o
Kurdes
de la tribu T i m i l i h se p r épa r e à des–
cendre dans la vallée de Mou s h pour
attaquer les villages sis au pied des
montagnes.
Le
28
a v r i l , on a détaché un batail–
lon pour l'envoyer vers le sud et pour
attaquer un gros village a rmé n i e n d ' Ha -
vadorik.
Le
29
a v r i l , nouvelle attaque contre
Guellieh Guzan ; on n'a pas encore de
détails, mais des nouvelles plus r é –
centes confirmant l'occupation du dit
village, lequel est d é p e up l é , comme
aussi une vingtaine de petits villages
du district. Les troupes sous de futiles
prétextes attaquent tous les villages ar–
mé n i e n s pour obliger les habitants à les
quitter, et on les achemine alors vers
la ville. Les ecclésiastiques et les laï–
ques a r mé n i e n s partis comme inter–
méd i a i r e s pour les négoc i a t i on s étaient
ga r dé s comme otages sous des tentes
séparées au milieu des troupes sans
pouvoir entrer en relation avec le
dehors. L ' a r ch imandr i t e Ar ake l n'a
donc pas pu agir librement et engager
les négociations nécessaires ; i l était
toujours sous les ordres des soldats qu i
l'accompagnaient.
On entend dire que l'idée de dépeu –
pler le Sassoun est défînitivemen a r r ê –
tée.
On cherche partout les moyens pos–
sibles à pousser les A r m é n i e n s à quitter
leurs villages, surtout dans les districts
de Guellieh Guzan et de T a l o r i . L a
ville de Mou s h est pleine de réfugiés
a r mé n i e n s .
Tou s les dépô t s et magasins sont
occupés par des femmes, enfants et
vieillards venant de Sassoun. On cher–
che des terrains de l'Etat, dans les plai–
nes de Mou s h , de Boulanik et de Varto
pour y installer les montagnards de
Sassoun. Les au t o r i t é s assurent que
l'on n'aura pas de massacre proprement
dit, mais la p r é s enc e des soldats fana–
tiques, des Kurdes e n r a g é s et la liberté
d'action d o n n é e à leurs chefs peut pro–
duire des effets regrettables. D'autant
plus que les A rmé n i e n s ne se r é s i g n e n t
pas à cet exode forcé, et souvent ont
bien des rencontres où des hommes
sont tués ou blessés de part et d'autre.
Le nombre des tués et des blessés de la
part des A r mé n i e n s monte déjà à p l u –
sieurs centaines, les soldats et les K u r –
des aussi ont laissés des victimes. Ce.
qui est pire, c'est la participation des
bandes kurdes au t o r i s é e s pour agir con–
tre les A r mé n i e n s .
L'évacuation du Sassoun.
C o n s t a n t i n o p l e ,
18
m a i .
D ' ap r è s des informations privées de
Bitlis, pendant les o p é r a t i o n s militaires
!
dans le district de Sassoun,
17
villages
ont été dé t r u i t s par le feu. Les bandes
d ' An t r an i k sont insaisissables. On dit
que de nombreuses familles a r mé –
niennes et kurdes ont fui à Mo u s h pour
é c h a pp e r aux p e r s é c u t i on s dont elles
étaient l'objet de la part des bandes
a r mé n i e n n e s .
(
Wiener Korrespondenz
Bureau.)
C o n s t a n t i n o p l e ,
22
m a i .
D'après des nouvelles reçues de
Bitlis, les troupes turques ont oc cupé
le village de T a l o r i a p r è s un combat
dans lequel elles ont perdu
25
hommes .
An t r an i k , le chef des r é vo l u t i on –
naires a r mé n i e n s , se trouve avec une
forte bande dans la plaine de Mo u s h .
(
Times.)
C o n s t a n t i n o p l e ,
24
m a i .
Sous prétexte de mettre fin aux i n –
cursions des A r mé n i e n s dans les v i l –
lages du Sassoun dont la région mo n –
tagneuse leur fournit un facile refuge,
le gouvernement ottoman a décidé qu ' i l
exé cu t e r a s y s t éma t i q u eme n t le projet
d'établir les populations dans les plai–
nes.
Celles-ci ont toujours résisté aux
avances des Tu r c s , sachant qu'elles se–
raient dans ce cas c omp l è t eme n t à la
merci des Kurdes.
C o n s t a n t i n o p l e ,
24
m a i .
E n vertu d'un iradé, commence au–
j ou r d ' hu i l'évacuation du Sassoun ; les
habitants sont t r a n s p o r t é s dans la
plaine de Mo u s h . Le chef An t r a n i k
s'est é c h a p p é : par suite, i l r è gn e un
certain trouble dans la plaine de Mo u s h ;
le général Salih Pacha a reçu l'ordre de
rentrer à Mo u s h .
(
Agence
Wolf.)
Lettres des chefs arméniens
du Sassoun
I
Sassoun, g
/23
a v r i l
1904.
Je vous ai e nvoy é la semaine passée
une lettre dans laquelle je vous racon–
tais le combat livré contre les Kurdes
le 3 i mars
-12
avril où les Kurdes fu–
rent r epou s s é s par les Sassouniotes;
les notables et la population de C h é n i k h
et Séma l y firent preuve d'un grand
courage. Notre situation devient de jour
en jour plus me n a ç a n t e ; les Ku r de s
se concentrent autour de nous de
Fonds A.R.A.M