é t r angè r e s de France, de Grande-Bre–
tagne, d'Italie et d'Autriche-Hongrie.
(
Droschak.)
T i f l i s ,
25
m a i .
Les é pouv a n t a b l e s carnages de
1894
ont r e c omme n c é au Sassoun, où opè–
rent, depuis le
20
avril
/3
mai quarante
mille soldats turcs et les achirets (tri–
bus) kurdes a rmé e s par ordre du gou–
vernement.
L a population sassouniote s'était réfu–
giée à Guellieh-Guzan sans avoir pu se
joindre à An t r a n i k et aux combattants
a r mé n i e n s r e t r a n c h é s sur des hauteurs
inaccessibles pour é c h a pp e r aux forces
s upé r i eu r e s des troupes.
Les femmes,
les vieillards et les enfants de quarante
villages ainsi rassemblés
à
Guellieh-
Guzan ont été massacrés
par les trou–
pes qui les avaient
cernés.
A la date du
22
avril
-5
ma i , on
n'avait aucune nouvelle des A r mé n i e n s
combattants, toutes relations é t an t i n –
terrompues entre le Sassoun et les v i l –
lages de la plaine de Mo u s h .
Deux cents vieilles femmes d'aspect
lamentables ont été ame n é e s à Moush
pour faire croire que la population
n'avait pas été ma s s a c r é e .
L ' évêque et les notables A rmé n i e n s
de Mou s h qu i avaient été contraints
d'accompagner les troupes ont élé ob l i –
gés ensuite de signer une adresse de
reconnaissance au sultan, puis r ame n é s
à Mou s h , afin qu'ils ne fussent pas té–
moins du carnage de Guellieh-Guzan.
Les é v é n eme n t s de Sassoun ont eu
déjà une r épe r cu s s i on dans la plaine
de Mo u s h ;
le village de Pertak a été
pris et entièrement
incendié par les
troupes et les habitants
massacrés.
Une terreur indescriptible règne à
Mou s h , où les magasins sont fermés et
toute vie arrêtée, dans l'attente d'une
catastrophe géné r a l e .
Le pays est me n a c é de famine, la
circulation étant absolument inter–
rompue.
B a k o u ,
25
m a i , 3 h .
20
soir.
Le
20
a v r i l /
3
ma i , plus de
12.000
r é –
guliers avec
i 5
canons et
1
6
.000
Kurdes
ont a t t a qu é le village de Keleï (proba–
blement Guellieh-Guzan) et l'ont bom–
b a r d é : plus de
120
bombes y ont éclaté.
Les A rmé n i e n s maintiennent leurs po–
sitions. Le lendemain, nouveau bom–
bardement :
25
o
obus d é t r u i s i r e n t le
village. Pendant la nuit, les hommes
mo n t è r e n t au mont An t ok avec des
munitions, sous les ordres d ' And r a n i k
Vahan, Ké vo r k . La neige qui tombe
depuis trois jours interrompt les com–
munications. Les pertes des A rmé n i e n s
mâ l e s sont insignifiantes, mais
toute la
populalion pacifique a élé
massacrée,
4.3
villages incendiés.
Plusieurs
mil–
liers d'enfants et femmes âgées ont été
amenés à Moush, où ils ont été tortu–
rés et emprisonnés.
Parmi eux, fait
ignoble, pas une jeune fille ni une jeune
femme : on se demande quel sort terri–
ble leur a été
réservé.
(
D é p è c h e r e ç u e par M . Francis de P r e s s e n s é . )
T i f l i s ,
29
M a i .
Vo i c i des détails sur le combat de
Guellieh Guzan du
20
avril
/3
mai :
Dans la nuit, Guellieh Guzan fut
cerné par seize mille réguliers..et vingt-
deux mille Bachibouzouks disposant de
12
canons. Les A r mé n i e n s oppo s è r e n t
une vive résistance et g a r d è r e n t leurs
positions pendant toute la j ou r n é e ,
sous une pluie d'obus et de balles. Le
lendemain l'attaque se renouvela ;
le canon ne cessait de gronder. Les
A r mé n i e n s se dé f end i r en t courageuse–
ment ; des deux côtés les pertes sont
con s i dé r ab l e s .
Les Sassouniotes furent obligés de se
retirer vers les montagnes d ' An d o k h
laissant à Guellieh Guzan près de vingt
mille femmes, enfants, vieillards et
malades qui s'étaient réfugiés là et s'y
croyaient en sûreté. Alors Guellieh
Guzan fut pris d'assaut.
On ne peut décrire l ' épouvan t e , les
cris des femmes et des enfants égo r gé s ;
des jeunes filles et des femmes furent
violées et mises en morceaux, des pe–
tits enfants eurent le c r â n e brisé,
d'autres furent portés au bout des
lances; on crevait les yeux des vieillards
et on leur perçait le ventre.
Il est impossible de fixer le nombre des
victimes mais on en peut juger d'après
les survivants qu i sont au nombre de
200
ame n é s à Mou s h le
24
avril
/7
mai :
il n'y a pa rmi eux aucune jeune femme
ou jeune fille; tous les prisonniers sont
des vieilles femmes, des vieillards ou
des enfants terrorisés, affamés, en
haillons. On les garde é t r o i t eme n t pour
qu'ils ne puissent divulguer les hor–
reurs commises, et on leur interdit
m ê m e de mendier pour vivre.
Quarante-cinq v i l l a g e s a rmé n i e n s ont
été pillés et dé t r u i t s . Les Kurdes ven–
dent les biens des A r mé n i e n s de Mo u s h .
Sur les hauteurs, la lutte continue.
E r z e r o u m ,
10
ma i
1904.
Les nouvelles deMou s h sont toujours
rares. Les courriers n'apportent pres–
que rien, les voyageurs rencontrent
des difficultés de toutes sortes. Voici
quelques nouvelles recueillies aux sour–
ces dignes de foi :
Le
10
a v r i l ,
400
Kurdes des tribus
Lad j i kane t Badikan tombent à l'impro-
viste sur le village a rmé n i e n de Gu e l –
lieh Guenman et commencent un feu
nourri en plein jour. Les d éma r c h e s
pacifiques des A r mé n i e n s restent vai–
nes ; quelques A rmé n i e n s tombent sous
le feu des Kurdes. On prend alors la
défensive et grâce à la position straté–
gique du village et au dé s o r d r e dans le–
quel les Kurdes s'étaient a v a n c é s , des
A r mé n i e n s arrivent à refouler leur at–
taque. Les Kurdes se retirent en lais–
sant une quarantaine de morts. On est
c o mm u n é m e n t p e r s u a d é que le mou–
vement des Kurdes était calculé pour
créer un prétexte afin d'entreprendre
une campagne active contre les A rmé –
niens de Sassoun.
Le
18
a v r i l , Fé r i d Bey, vali de Bitlis
arrive à Mo u s h . L a p r emi è r e entrevue
avec l'évêque et les notables a r mé n i e n s
est très cordiale.
Le
20
avril, i l invite de nouveau
l'évêque et les membres des Conseils
du diocèse et leur déclare que la vo–
lonté souveraine impose de s'occuper
avant tout de la question de Sassoun.
Ils r é p o n d e n t qu ' i l s ont reçu, de leur
côté, des instructions du Patriarcat
pour entrer en négociation avec les ré–
fugiés et les inviter à se soumettre. Le
vali dit que ces négoc i a t i on s sont i n u –
tiles, i l faut passer à l'action ; i l ajoute
que c'estdonnerde l'importance aux i n –
s u r gé s que de vouloir négocier avec eux.
L ' évêque et les conseillers r é p l i q u e n t
qu'ils doivent attendre, dans ce cas, de
nouvelles instructions de la part du
Patriarcat; mais le vali croit superflue
l'ingérence du patriarcat et les emp ê c h e
de t é l ég r aph i e r à Constantinople.
Le
21
avril l'évêque de Bitlis arrive
à Mou s h d ' ap r è s les ordres du patriar–
cat pour coopé r e r aux négociations
avec le prélat diocésain de Mou s h .
Le
23
a v r i l , le vali convoque de nou–
veau les A rmé n i e n s et leur propose de
signer un rapport p r é p a r é par l u i -
même , par lequel on disait que les
Fonds A.R.A.M