QUATRIÈME A N N É E .
—
N° 86.
Le Numéro :
30
centimes.
1
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JUIN 1 9 0 4 .
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef:
Secrétaire d e l à R é d a c t i o n :
p i e n vQ i i i LLARD
Paraissant le i
er
et le i5 de chaque mois
Jean
L O N G U E T
Adresser tout
ce qui concerna la Direction
ADMINISTRATION :
à
M.
Pierre QUILLARD
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COMI TE DE RÉDACTION :
Avenue de I Observato.re,
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I O , Ittie Î V o l l o t . P a n s
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O.
Clemenceau» Anatole France, Jean Jaurès
ABONNEMENTS :
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ABONNEMENTS :
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Francis de Pressensé
France
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VI A . I
J R :
La Quinzaine : Les Massacres d'Arménie
(
FRANCIS DE
PRESSENSÉ.!.
—
Informations: Le Massacre de Gueltieh-
Guzan : L'Evacuation du Sassoun ; Lettres des chefs
arméniens du Sassoun; Lettres d'Erzeroum; Autour de
Van ; Dans les Prisons turques; L'Action européenne :
Manœuvres hamidiennes ; Toilettes subversives. —
Les Faits acquis
(
PIERRE QUILLARD).
—
Le Mouvement
pro-arménien : France : Une Question au ministre des
affaires étrangères ; Angleterre : A la Chambre des
Communes; La Conférence internationale de Londres:
Italie : A la Chambre italienne; Nouvelle Campagne de
Meetings: -États-Unis d'Amérique: Une Conférence de
M. Anatole Lcroy-Beaulieu.
LA QUINZAINE
L e s
IMîisssa.cï'es «
1
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A i
-
m é n i e
Les nouvelles d ' A rmé n i e continuent
de justifier toutes les i nqu i é t ud e s . On
ne discute gu è r e , dans les s phè r e s offi–
cielles, que sur le chiiTre des villages
incendiés et des victimes ma s s a c r é e s .
J'avoue très humblement qu'alors q u ' i l
y aurait
seulement
21
villages d é t r u i t s
au lieu de 43, ce total me pa r a î t r a i t
suffisant pour justifier, pour exiger
l'intervention immé d i a t e de l'Europe,
et, en particulier, de la France.
Nous avons d'autant moins le droit
de nous croiser les bras qu ' i l ne s'agit
pas d'une surprise, mais d'une récidive
élaborée à loisir. Le monde civilisé ne
peut, deux fois de suite, plaider l ' i m –
prévu et autoriser par son inaction,
une seconde saignée à blanc de cette
infortunée nation.
Je n'ignore pas que le sultan, pous–
sant l'audace et l'effronterie jusqu'au
cynisme, accuse les A r mé n i e n s de b r û –
ler e u x - même s leurs villages, et de tuer,
après les avoir violées, leurs femmes
et leurs filles, pour le plaisir de l u i
faire du tort. On parle, dans les chan–
celleries, des troupes de
Fédaïs
qui ont
bon dos et auxquelles i l plaît au Gr and
Assassin de prêter je ne sais quelle
folie d'irritation.
Il est très vrai que l'excès de la souf–
france et le désespoir né de la para–
lysie de la diplomatie occidentale ont
encore poussé les A r mé n i e n s du Sas–
soun à s'aider e u x -même s et à p r é p a r e r
une résistance nécessaire. Il est fort
possible que, dans la mêlée, quand i l
s'est agi de repousser l'assaut c omb i n é
des r é gu l i e r s , des Ham i d i é s et des
Kurdes de Z e k i , les Féda ï s aient dû ,
comme parfois les
comiladjis
en Ma c é –
doine, faire le vide autour d'eux et
sacrifier leurs propres foyers.
Tou s les sophismes du monde ne
feront pas que la responsabilité d'un
tel état de choses ne remonte pas au
sultan, et, derrière l u i , aux puissances
qui l u i ont a s s u r é l ' imp u n i t é .
Je persiste à croire, plus que jamais,
qu ' i l faut et qu ' i l suffit que tous ceux
des signataires du traité de Berlin qui
n'ont pas vendu leur conscience pour
les concesssions de la Porte, fassent, à
Constantinople, une d éma r c h e con –
certée pour a r r ê t e r l'effusion du sang.
Une escadre française p r omè n e le pa–
v i l l on de la Ré p u b l i q u e à Beyrouth :
j'aime à penser qu ' i l n'est pas admis
comme un dogme que nos cuirassés
peuvent extorquer le paiement d'une
c r é a n c e , mais ne sauraient exigerle res–
pect de l ' h uma n i t é , du droit des gens
et de la foi des traités.
P l u s que jamais, je suis convaincu
qu'une forte parole, t omb é e du haut de
la tribune française, donnera à réflé–
chir au sinistre solitaire de Y l d i z - K i o s k , j
qui n'a jamais spéculé que sur la lâcheté
de l'Europe et qu i a me s u r é l'audace de j
ses forfaits à la débilité de nos conseils. !
U n débat doit donc s'engager à la j
Chambr e le plus tôt possible.
M . le ministre des Affaires é t r a n –
gères me fait savoir qu ' i l a besoin de
quelques jours pour p r é p a r e r une dé –
marche commune . L a justice veut que
je reconnaisse q u ' à l'égard de l ' Armé –
nie i l s'est honorablement d i s t i n g u é
d'un prédécesseur qui a pou s s é la du –
perie j u s q u ' à la c omp l i c i t é . Je l u i donne
volontiers crédit du bref délai qu ' i l
r é c l ame .
Rendez-vous est pris dès maintenant.
La semaine ne se passera pas sans que
la France, unanime sur ce point, s i –
gnifie solennellement à Abdu l - I I ami d
que le pied peut glisser dans le sang,
même à un bourreau c o u r o n n é , et que
la d émo c r a t i e occidentale n'entend pas
être responsable, m ê m e par son silence
et sa torpeur, de l'assassinat d'un peu–
ple martyr, dont le principal tort est de
n'avoir pas s u c c omb é aux p r emi è r e s
Vêpres d'Anatolie.
F R A N C I S D E P R E S S E N S É . .
(
D ' a p r è s
VHumanité.)
Informations
Le massacre de Guellieh-
Guzan.
G e n è v e ,
25
m a i .
Les troupes régulières ottomanes et
les Kurdes cherchent à provoquer un
massacre. U n chef kurde a reçu de
Constantinople des instructions et une
somme con s i dé r ab l e d'argent pour exé–
cuter le plan de massacre. L a popula–
t i o n tout entière de Sassoun, réfugiée à
Guellieh-Guzan, est cernée et en grand
danger. Le Comi t é central du parti ar–
mé n i e n d'action a envoyé un appel té–
l é g r a p h i q u e aux ministres des affaires
Fonds A.R.A.M