contre les émi g r é s et en général contre les
A rmé n i e n s , sujets turcs. On éloigne de la
ville de Tiflis même ceux qui y sont établis
depuis dix ans et ont un passeport en règle.
A quelques uns on a accordé un délai de
trois jours pour accepter à être inscrits
comme sujets russes, oji a exigé des autres
de quitter i mmé d i a t eme n t la ville. Il est ar–
rivé même que les agents de police sont
e n t r é s chez les émi g r é s dont ils ont jeté
dehors les v ê t eme n t s et le mobilier, et ont
scellé les portes en leur disant : « Allez, au
diable, où vous voudrez ».
Mais la frontière est fermée.
On éloigne les Armiens turcs, et les Armé–
niens du Caucase sont conduits en prison ou
exilés. Vo i c i des chiffres pris dans une lettre
privée : « 24 personnes sont exilées au fond
de la Russie de la province de Akhalkalak ;
40
personnes sont en p r i s on ; 18 personnes
sont, jusqu'ici, exilées d'Akhaltzkha ; il y a
un grand nombre de prisonniers. 71 per–
sonnes sont exilées de Kars. H y a des p r i –
sonniers de presque tous les villages, dont
un grand nombre, des vicaires et des chefs
de villages, c o n d amn é s à deux ou trois mois
de prison pour avoir refusé de signer les
rapports de la Commission. Dans la pro–
vince d'Etchmiatdzin, à cause de l'attentat
fait sur Schmerling, 52 personnes ont été
a r r ê t é e s ; les arrestations augmentent de
jsur en jour ».
O, prisons, prisons, quand brisera-t-on
vos portes...
(
D'après
Drosçhak.)
Le Meeting International Pro-Aiiénien
Du Caire
On nous adresse du Caire la communication suivante,
que nous insérons bien volontiers en envoyant toutes
nos félicitations aux promoteurs du meeting et
aux
orateurs.
L e Caire, 3 mai 1904.
L e meeting international o r g a n i s é pour
les nouveaux massacres en A r m é n i e a eu
l i e u hier, à 9 h. 1/2, dans la salle des V a –
r i é t é s . L'assistance était nombreuse, et on
y remarquait des personnages connus et
des familles notables ; deux mille person–
nes environ, appartenante toutes les natio–
n a l i t é s de notre ville, s'y é t a i e n t fait digne–
ment r e p r é s e n t e r . L e s u c c è s de ce meeting
a été t r è s brillant, et l'assistance a ma n i –
festé ses sentiments avec autant de d i g n i t é
que d ' é n e r g i e .
A u n om du Com i t é , M . W i l l i a m Ho u g h -
ton a ouvert la s é a n c e et a d o n n é lecture
des lettres et d é p ê c h e s d ' a d h é s i o n et de
sympathie a r r i v é e s à l'occasion de ce mee–
t i n g . Citons la lettre de L o r d Do rme r , q u i
s'excusait de ne pouvoir p r é s i d e r person–
nellement ce C o n g r è s , comme le Com i t é
l'avait sollicité, un grand deuil l'en e m p ê –
chan t ; et celles du R é v . An d r ew Wa t s o n ;
Ch a i rma n , de l ' Ame r i c a n Mi s s i o n , et de la
respectable Lo g e m a ç o n n i q u e « Il N i l o »
d u Caire, ainsi que les d é p ê c h e s de la
C o mm u n i t é a r m é n i e n n e , de l ' Un i o n des
Dames a r m é n i e n n e s de la C r o i x rouge, de
l ' Un i o n D i c r a n Yergat, et du j o u r n a l
Azad
Pèm,
tous d'Alexandrie.
Le bureau s'est c o n s t i t u é plus lard à
l'acclamation de l'assistance comme s u i t :
M . T r amo n i , p r é s i d e n t , et M . As s a dou r i a n ,
s e c r é t a i r e .
Les principaux c o n f é r e n c i e r s é t a i e n t : le
R é v . Kn a n g i a n , qui a i mp r o v i s é une t r è s
chaude allocution en langue a r m é n i e n n e ,
donnant au public les d é t a i l s horribles des
derniers massacresen A r m é n i e , notamment
à Ho u n a n ; M . Garrivier, q u i a e x p o s é une
é t u d e approfondie de la question a r m é –
nienne; M
c
Mo r p u r g o , dont la superbe
c o n f é r e n c e , d'un haut l i b é r a l i sme , a en–
t h o u s i a s mé toute la salle.
Le P r é s i d e n t a d o n n é ensuite la parole
successivement à M . P i l o g a t t i , en italien,
M . S am i Cossery, en arabe, M . W . H o u g h -
ton, en anglais, M . C r a v i a en grec, M . Ros-
setti, en italien, M . N . Donnas, en grec, et
M . I. Na gg a r , en arabe.
Enfin M . S é t i a n , le p o è t e national et
directeur des écoles a r m é n i e n n e s , a lu en
français une louchante adresse de remer–
ciements, au nom des A r m é n i e n s , au libé–
ral gouvernement é g y p t i e n , à la L i g u e
internationale de la P a i x , dont la section
d u Caire a a c c o r d é ses auspices à ce
meeting, à la presse é g y p t i e n n e , au Co –
mité International qui a o r g a n i s é cette
grandiose r é u n i o n , au bureau et aux é l o –
quents c o n f é r e n c i e r s du meeting, au pro–
p r i é t a i r e d u l o c a l q u i l'a gracieusement
offert, ainsi q u ' à tous ceux qui ont e x p r i m é
leur noble sympathie à celte digne cause,
soit p a r l e u r p r é s e n c e , soif par tout autre
moyen. Les discours é t a i e n t t r è s i n t é r e s –
sants et en m a g n é t i s a n t l'auditoire onl été
plus d'une fois interrompus par des ap–
plaudissements p r o l o n g é s et par des accla–
mations enthousiastes.
L e p r é s i d e n t a ensuite soumis au vote
des assistants l'ordre du j o u r suivant qui
a élé a d o p t é à l ' u n a n i m i t é par main levée
et acclamation :
«•
Deux mille personnes, appartenant à
toutes les n a t i o n a l i t é s d u Caire, r é u n i e s
en meeting, le soir d u 2 mai, dans la salle
des Va r i é t é s , d é c i d e n t de transmettre à
l'Angleterre, la Erance, l'Italie et les rÀ'ats-
Un i s , l'écho des souffrances de l ' A r mé n i e ,
et de les supplier, au nom de l ' h uma n i t é ,
d'intervenir de toute leur é n e r g i e pour
q u ' i l y soit mis fin. »
Le meeting fut clos à m i n u i t ; les assis–
tants se sont r e t i r é s paisiblement, e x a l t é s
qu'ils furent sous l'impression t r è s vive de
cette imposante s o i r é e , unique en son genre
en Egyp t e .
Ap r è s quoi la motion volée fut t é l é g r a –
p h i é e de suite aux susdites puissances.
Pour le bureau du meeting :
L E SECRÉTAIRE.
L E T T R E DE CONSTANTINOPLE
L a lettre suivante a été pub l i é e dans
le dernier n umé r o de
Drosçhak
:
nous
en donnons la traduction i n t é g r a l e :
•
li février 1904.
Kinel-vartahed Kalenikarian, aratchnort
de Moush, a télégraphié au patriarcat au
sujet de l'événement, du village qe Hounan :
«
Le village de Hounan, a t t a q u é par les Kur–
des, la population est malheureuse et sans
abri ; faites appel à la clémence impériale. »
Le gouvernement a retenu cette dépêche,
et a télégraphié de son côté au gouverneur
militaire de Moush, pour demander si un
| é v é n eme n t de ce genre avait réellement e n
lien. On répondit que rien de pareil n'était
arrivé...
Après quoi, le patriarche Ormanian est
appelé au Palais et on mit sous ses yeux la
dépêche de Kinel vartabed ainsi que celle du
gouverneur militaire de Moush et on lui
demande des explications. Le Patriarche
reste au palais de 5 heures j u s q u ' à 8 heures;
le Sultan dit que Kinel vartabed, par de
fausses d é p è c h e s de ce genre veut susciter
des troubles. Le Patriarche, libre à vous d'y
croire, réunissant tout le courage qu'il n'a
pas, ose r é p o n d r e , que lui il a pleine con–
fiance en la droiture de K i n e l vartabed, que
celui-ci est incapable d'envoyer des dépêches
me n s o n g è r e s , etc., et demande qu'on ouvre
une e n q u ê t e pour savoir si ce n'était pas le
gouverneur militaire de Meush qui cachait
la vérité.
Ce qui est é t o n n a n t cependant, c'est que
le sultan l u i -même n'a pas une grande loi en
la droiture de ses fonctionnaires — si jamais
le massacre et le pillage de Hounan n'ont
pas eu lieu par son ordre direct — et i l recom–
mande à Ormanian d'envoyer des circulaires
à toutes les églises des villages, pour inviter
la population à demeurer fidèle à ne pas écou–
ter les encouragements perturbateurs des ré–
volutionnaires, à se fier en la clémence et la
b o n t é du Sultan. Le Sultan de son côté pro–
met de donner des ordres sévères aux autori–
tés en province de veiller, avec équité, à la
tranquilité et au bien-être de ta population, de
localiser les divers incidents produits et de
mettre un terme i mmé d i a t eme n t à tous les
troubles.
Le Sultan promet aussi de ne pas envoyer
de nouveaux soldats dans ces parages.
Il est inutile d'ajouler que ces promesses
du Sultan ne peuvent trompei qu'un Orma–
nian. Celui-ci, d'un si triste renom, croyant
accomplir une grande œu v r e , fait p r é p a r e r
environ 300 circulaires rédigées dans le sens
indiqué par le Sultan et, la semaine dernière,
environ 252 circuleires furent envoyées un
peu partout...
Nous ne voulions pas donner de notre côté
des conseils superflus à la population, de ne
pas ajouter foi aux promesses du Sultan et
aux exhortations du Patriarche. Déjà, i l res–
sort des rapports arrivées des diocèses de
Moush, qu'aussi bien avant l'événement de
Hounan q u ' a p r è s , la population connaît
d é s o rma i s ia valeur réelle ce ces exhortations
qui n'ont pour but que de les conduire aveu–
g l éme n t à la ruine et à la mort. Quant à la
promesse du Sultan, de ne pas envoyer de
nouveaux soldats dans les endroits où ont
éclaté des troubles, toutes les informations
arrivées de différentes circonscriptions de
Moush d émo n t r e n t qu'il ne s'agit pas d'une
promesse vaine.
Nous apprenons i c i , que par suite de la
dépêche bien connue de Kinel vartabed, celui-
ci eu quelques aghas ont été mis sous sur–
veillance. S i cette nouvelle est vraie, Orma–
nian pourra se faire une idée, dans sa tête
dure, sur le mode d'exécution des promesses
du Sultan.
L'abondance des matières nous oblige
à remettre au prochain
numéro
les
«
Nouvelles d'Orient ».
Le Secrétaire-Gérant
:
J E AN LONGUET.
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L'Emaneipatrice
(
Imprimerie),
^
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R u e
d e
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E d . GAUTHIER,
Administrateur-délégué.
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Syndiqués
en Commandite généralisée
t
Fonds A.R.A.M