d'obtenir leurs droits et de réaliser leurs
r é c l ama t i o n s ; la pe r s é cu t i on a c om–
me n c é sur le moindre s o u p ç o n , car le
sultan H am i d est ombrageux à l'excès ;
les prisons furent remplies d ' A rmé –
niens, hommes et femmes. L a jeunesse
a r mé n i e n n e fît des d éma r c h e s a u p r è s
de toutes les Puissances, qu i toutes
firent la sourde oreille aux plaintes des
A rmé n i e n s ; ceux-ci firent des manifes–
tations contre la tyrannie du gouverne–
ment, pour s'attirer l'attention des
Puissances; celles-ci furent toujours
insensibles, surtout la Russie et l ' A l l e –
magne. Celles-ci e n c o u r a g è r e n t le sul–
tan dans son œu v r e d'extermination.
Sultan I la miel, d ' ap r è s la tradition de
ses ancêtres, c omme n ç a par incendier
quelques villes a r mé n i e n n e s qu ' i l sus–
pectait, puis i l massacra les Sassou–
niotes; et vovant que les Puissances
n'élevaient pas leur voix, i l ordonna de
massacrer tous les A r mé n i e n s , depuis
T r é b i z o n d e j u s q u ' à la Grande et la
P e t i t e -Armé n i e ; les Tu r c s èt les Kurdes
barbares entreprirent les massacres, ils
ravirent les biens des A r mé n i e n s , v i o –
l è r en t les femmes et les jeunes filles.
Ap r è s l'accomplissement de cet acte
de barbarie que l'histoire n'avait point
en r eg i s t r é j u s qu e - l à , les Puissances
c h r é t i e n n e s g a r d è r e n t le silence, sur–
tout l a Russie, qu i se posait pour la
protectrice des c h r é t i e n s d'Orient, ap–
prouva les crimes barbares de Ham i d ,
et les" con s i dé r a comme une pun i t i on
pour les A r mé n i e n s qu i , l'ayant aban–
d o n n é e , s'étaient adressés au gouverne–
ment et à la nation anglais pour leur
salut. Ham i d alla j u s q u ' à entreprendre
à faire massacrer les A r mé n i e n s i nno –
cents sous les yeux des ambassadeurs
des Puissances, à Constantinople, à
faire piller leurs biens, par la foule
cruelle et farouche. •
Quelle était la faute commise par les
A rmé n i e n s ? Quelques manifestations
seulement, pour r é c l ame r la sécurité
pour leur vie nationale, ecclésiastique
et sociale ; et n'avaient-ils pas raison ?
Pou r quo i sultan Ham i d foula aux
pieds le traité que l u i -même avait
signé, et pourquoi les six Puissances
occidentales devinrent ses complices
par leur silence ?
Au j ou r d ' hu i , les A r mé n i e n s r e p r é –
sentent, en Asie occidentale, le p r i n c i –
pal é l émen t de la civilisation ; ils sont
c h r é t i e n s , ont une littérature, exercent
le commerce, les arts et l'agriculture.
Les A r mé n i e n s , depuis qu'ils ont perdu
leur i n d é p e n d a n c e , ont toujours été et
sont jusqu'aujourd'hui les i n t e rmé –
diaires de la civilisation e u r o p é e n n e
dans l'Asie-Mineure, à mo i t i é barbare.
Au j ou r d ' hu i , ils po s s èden t des hommes
éclairés, appartenant à toutes les
sciences et à toutes les professions ; ils
ont les plus hauts fonctionnaires civils
et mi l i t a i r es ; par c o n s é q u e n t , la nation
a r m é n i e n n e est apte à servir l ' huma –
n i t é par tous les moyens, cette nation
qui est dispersée d'abord dans sa patrie
en ruines, puis en Asie, en Eu r ope et
m ê m e en Amé r i q u e .
Or, on a vu et on a su que le gouver–
nement russe, pour permettre à un
haut fonctionnaire n o mm é Lobanoff
d'assouvir sa haine contre les Ang l a i s ,
en é c h a n g e de cadeaux p r é c i eux q u ' i l
avait reçus, permit au sultan Ham i d
de massacrer impitoyablement quel–
ques centaines de mi l l e d ' A r mé n i e n s ,
comme le sait l'Europe et l'univers en–
tier, é v é n eme n t qu i restera ineffaçable
dans l'histoire de l ' h uma n i t é ; et les pa–
roles d ' un historien anglais au sujet
de ces deux' Puissances, seront ainsi
é t e r n e l l eme n t vraies : « L a Russie
barbare, et la Tu r q u i e plus barbare
encore. »
(
Histoire de la.
civilisation
en Angleterre,
tome L ch . i v , p .
217,
trad. française.)
DOCUMENTS
Correspondance diplomatique sur les
affaires de Zeïtoun (Octobre 1895-
Avril 1896.)
(
Livre Jaune de 1897).
(
SUITE).
A N N E X E A L A L E T T R E DE J É R U S A L E M
DU
4
F É V R I E R
1896.
L E R É V É R E N D I S S I ME P È R E Custode de
Terre-Sainte, à M . L E D O U L X , Con s u l
géné r a l de France en Palestine.
Jérusalem,
le
3
février
i8g6.
Je suis très heureux de vous exprimer ma
plus vive gratitude pour l'agréable nouvelle que
vous voulez.bien me donner par votre lettre du
2
de ce mois de la délivrance des trois religieux
de Terre-Sainte réfugiés à Zeitoun à la suite des
énergiques démarches faites auprès de la Su–
blime Porte par S. E . l'Ambassadeur de la Répu–
blique, M . Cambon, et des négociations que
Son Excellence se propose de faire pour obtenir
satisfaction du meurtre commis par des soldats
musulmans sur la personne du P. Salvatore de
Cappadocia, missionnaire à Mujuk Déressi,
ainsi que des indemnités pour des dommages
soufferts par les couvents de notre mission
franciscaine de Terre-Sainte à Yenidje Kalé,
Doukaié et Mujuk Déressi.
Je vous prie également de vouloir bien être
auprès de S. Exc. M . l'Ambassadeur, l'inter–
prète de la profonde reconnaissance dont avec
moi est animée la Custodie tout entière pour sa'
noble, énergique et efficace intervention en
faveur de notre mission qui se glorifie de se
trouver sous la bienfaisante protection de la
France. Elle espère que le présent et signalé
bienfait qu'elle vient d'en recevoir ne sera pas
le dernier dans la longue série des immenses
faveurs que la Custodie reconnaît avoir reçu de
la très noble nation française.
E. AURELIO DA
BuiA.
Custode de Terre-Sainie.
92 .
M .
B A R T H É L É M Y , Con s u l français en
mission à Ze ï t o u n , à M . P . C A M B O N ,
Ambassadeur de la Ré q u b l i q u e fran–
çaise à Constantinople.
Zeïtoun,
4
février
i8g6.
Je viens d'être informé que neuf personnes
de la suite des trois Franciscains et parmi elles
leur procureur ont été arrêtées par les autorités
à leur arrivée à Marache et sont probablement
livrées à la question comme tous les détenus
chrétiens sur les ordres du Mutéssarif Abd-el-
Wahab, Délégué ottoman à Zeitoun, dont la
cruauté et la mauvaise foi ont été signalées par
les trois Consuls à leurs Ambassades.
Télégramme collectif à communiquer aux
cinq Ambassadeurs :
Résumé de la réponse faite aux conditions de
la Sublime Porte par les chefs de la majorité des
insurgés :
Ils rendront les armes de guerre à la con–
dition qu'on leur remettra leurs fusils de chasse,
poignards et pistolets qu'on leur a enlevés,
qu'on enlève aux habitants Musulmans des vil–
lages voisins les armes de guerre et que les puis–
sances garantissent leur vie et leurs biens ;
2
°
Ils ne sont pas en état de reconstruire la
caserne qui, d'ailleurs, n'a pas été détruite par
eux ;
3
° Attendu qu'ils n'ont pris les armes que
pour se défendre, ils sollicitent une amnistie
générale pour tous ceux qui sont compromis
dans les affaires de Zekoun.
Ils sollicitent de la bienveillance du Sultan,
d'abord la nomination d'un Caimacan chrétien
au choix et sous le contrôle des puissances,
conformément aux réformes, ensuite comme
compensation aux dommages causés par les
hostilités l'exemption de l'impôt « tniri » pen–
dant quelques années et la remise des arriérés.
Nous avons communiqué aux Délégués otto–
mans qui ont déclaré n'être pas autorisés à en–
tamer une discussion et ont télégraphié à leur
gouvernement. Demain, les chefs de la minorité,
qui paraissent rebelles à la conciliation, vien–
dront nous donner leur réponse.
BARTHÉLÉMY.
(
A suivre.)
Le Secrétaire-Gérant :
J E A N LONGUET.
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L'
Émancipalrice
(
Imprimerie),
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R u e d e
P o n d ' c h é r y , 3, Paris.
E d . G A U T H I E R ,
Administrateur-délégué.
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Syndiqués en Commandite généralisée *
Fonds A.R.A.M