leur laisse le chemin lihrc pour s'en aller et
        
        
          de leur jurer Se ne pas leur nuire, mais,
        
        
          pour notre sécurité, disent--ils, il Paul que te
        
        
          curé et te cher du Village nous accômtVagneni
        
        
          jusqu'à un (piart d'heure du village. I.c curé
        
        
          âpres les a'vo'ïr accompagnes :'i une faible
        
        
          distance, rebrousse clicmin, mais le chef du
        
        
          village qui était rcslé avec les 'Lazes, une
        
        
          l'ois éloignés du village, est attaché par ces
        
        
          derniers comme un criminel el ame n é à une
        
        
          distance de deux heures, au lieu appelé :
        
        
          «
        
        
          Metz Khatchk »; là on lui enlève sa mon–
        
        
          tre et on la brise sous une pierre et a p r è s
        
        
          l'avoir royé.de,.çoups, on.le renvoie.
        
        
          Telle
        
        
          est nôtre-situation actuelle et telles sont les
        
        
          justes lois de notre gouvernement.
        
        
          L E T T R E t)K V A N .
        
        
          23
        
        
          décembre 1903.
        
        
          
            Souffrances sans fin.
          
        
        
          —
        
        
          S i je vous envoyais
        
        
          tous les jours des lettres sur notre situation,
        
        
          cela ne suffirait pas pour vous décrire l'état
        
        
          lamentable de notre triste pays ; les souf–
        
        
          frances sont ici diverses et sans nombre et
        
        
          auxquelles l'homme ne pourrait résister seul.
        
        
          J'en donne connaissance à mes frères l o i n –
        
        
          tains qui jouissent do la liberté é t r a n g è r e .
        
        
          
            Les méfaits des percepteurs
          
        
        
          
            d'impôts.
          
        
        
          
            —
          
        
        
          '
        
        
          tous les villages sont remplis de zaptiés el
        
        
          d'agents percepteurs; le paysan ne pouvant
        
        
          payer tous les imp ô t s légaux ou illégaux a
        
        
          recours au
        
        
          
            seléff,
          
        
        
          qui anéantit peu à peu son
        
        
          existence, et le rend esclave dans les mains
        
        
          île tel ou tel fonctionnaire fripon ; les impôts
        
        
          sont sans nombre. De r n i è r eme n t on a créé
        
        
          des imp ô t s sur le bétail de 5 à 1.000 piastres,
        
        
          qui sont .perçus indistinctement, des Kurdes,
        
        
          des Turcs et des A rmé n i e n s ; ce qui esl
        
        
          devenu une source de mé c o n t e n t eme n t s et
        
        
          de révoltes. En outre, des bandes de percep–
        
        
          teurs sauvages circulent de village en village
        
        
          pour percevoir en même temps les arriérés
        
        
          des i mp ô t s . Plusieurs de ces impôts sont '
        
        
          déjà payes, mais comme le Gouvernemen 1
        
        
          n'avait pas l'habitude, autrefois, de délivrer
        
        
          une quittance, aujourd'hui celui qui avait
        
        
          déjà payé ne peut pas justifier du payement
        
        
          (
        
        
          d est obligé de payer à nouveau.
        
        
          Et la population,-privée de ses meubles et
        
        
          de ressources, se trouve dans l'obligation de
        
        
          payer des intérêts sans nombre, et les indi–
        
        
          gents, pourris dans les prisons, soumis à des
        
        
          tortures inouïes. Pour a r r ê t e r l'épouvante, de
        
        
          la perception des i mp ô t s dans les villages,
        
        
          ne serait-ce que mome n t a n éme n t , la popu–
        
        
          lation éloigne la bande de percepteurs par
        
        
          des p r é s e n t s ; mais, à un intervalle
        
        
          
            88
          
        
        
          que!
        
        
          j
        
        
          hue'S jours, une autre bande arrive, (d on esl
        
        
          obligé de l'éloigner de la même façon, et cela
        
        
          continue toujours ainsi : souvent Les paysans
        
        
          ont p a y é ainsi en présents, le double ÉLes i m –
        
        
          pôts qu'ils ont à payer.
        
        
          Je nu
        
        
          1
        
        
          trou y à i s j ' p £ r n a s a r d , dans le village
        
        
          de Talzou à Issdoriii-*ihnrghar. Ce village
        
        
          renferme ,60'laniiltes dont'toute la richesse
        
        
          consiste en l ô b i o u f s ; le gouvernement ré–
        
        
          c l amé ^MU - y r ê s u e ' c e village a utré'ofjm-
        
        
          pôts, et C esl là une source de toutes sortes
        
        
          de vexations sur l e | hahltarils. 'Dernière–
        
        
          ment, deux villages, ne pou van I plus résister
        
        
          auxyejcatjpns dtj gouvernement e
        
        
          (
        
        
          t"du'cn'éfk
        
        
          de Khizan, emigrerent'
        
        
          
            ci
          
        
        
          se réfugièrent à
        
        
          Ravach. flans lieaucoup d'endroits les habi–
        
        
          tants quitlenl leurs villages, a 1 >a nilmi n a n I
        
        
          leurs [amines affamées- el sans chef.
        
        
          (
        
        
          Jn ;i eu déjà l'occasion de vous parler au
        
        
          sujet des actes arbitraires et des infamies
        
        
          des agents percepteurs ; je vous citerai seule–
        
        
          ment deux exemples celte fois-ci. Agha bey,
        
        
          fermier d'impôt, el des agents percepteurs
        
        
          enlrenl au village de Dii-lacheu du district
        
        
          de Th ima r ; ils rouent de coups tous ceux
        
        
          qu'ils rencontrent ; ils restent dans le village
        
        
          pendant onze jours ; an cours de leur séjour,
        
        
          ils tuent 56 poules, ils prennent aux habi–
        
        
          tants du beurre, du fromage, etc. ; cinq ou
        
        
          six femmes qui avaient protesté sont rouées
        
        
          de coups et emp r i s o n n é e s pendant deux
        
        
          jours; on ensanglante la figure d'un meunier
        
        
          à coups de fouet ; les agents passent ensuite
        
        
          au village d'Erérine et puis au village d'Alure,
        
        
          où n'ayant pu percevoir la totalité des i m –
        
        
          pôts, ils coupent environ 100 à KO arbres
        
        
          fruitiers.
        
        
          Je ne vous parle pas du village d'Aldjavaz,
        
        
          où K i o r Hussein pacha n'a absolument rien
        
        
          laissé et n'a é p a r g n é personne. .Dernière–
        
        
          ment, i l fit habiter aussi dans chaque village
        
        
          a rmé n i e n une ou deux familles kurdes pour
        
        
          surveiller les paysans et vivre à leur compte.
        
        
          Le village de Khilat possède déjà son fameux
        
        
          A l i bey, qui esl l'ennemi mortel des fédaïs.
        
        
          
            La situation en ville. —
          
        
        
          Venons maintenant
        
        
          à la ville où se trouvent les r e p r é s e n t a n t s
        
        
          des grandes puissances, et sons les yeux
        
        
          desquels ont lieu les faits suivants.
        
        
          Les jours de Bamazan, tous les quartiers
        
        
          de la ville sont remplis d'agents de police et
        
        
          d'agents percepteurs ; les Turcs e u x -même s
        
        
          souffrent de leur p r é s e n c e . Ils" fouillent, les,.;,
        
        
          poches de lotis ceux qu'ils rencontrent, et
        
        
          leur enlèvent fout l'argent qu'ils p o s s è d e n t ;
        
        
          ceux qui ne possèdent rien sont conduits en
        
        
          prison, où « n les d é b a r r a s s e de leurs vête–
        
        
          ments en leur disant : « Peut-on tolérer que
        
        
          vous ayez de beaux v ê t eme n t s et que le
        
        
          pacha vive avec économie '! » Les habitants,
        
        
          Turcs ou A rmé n i e n s , n'osent même pas ren–
        
        
          trer la nuit chez eux; souvent eurent lieu
        
        
          des perquisitions de nuit (dans la pensée de
        
        
          trouver aussi des révolutionnaires).
        
        
          L a conduite sévère et sauvage des percep–
        
        
          teurs est l'écho des exigences du gouverne–
        
        
          ment. Nous avons un percepteur, Mnrghass,
        
        
          qui tous les soirs, s'il ne porte pas au chef
        
        
          de la police, les sommes fixées d'avance par
        
        
          lui, est atrocement roué de coups, et le len–
        
        
          demain le susdit percepteur redouble de
        
        
          zèle pour percevoir des imp ô t s et r é p a n d
        
        
          toute sa colère sif.r Tes Contribuables. Le
        
        
          gouvernement [tarait être dans une crise
        
        
          financière
        
        
          1
        
        
          ;'
        
        
          les fonctionnaires n'ont pas'touf
        
        
          clié leurs appointements. Le Pacha -avait or-
        
        
          «
        
        
          lontié" ilt' réunir' lh somme' nécessaire par
        
        
          tous les moyens, mais, en prenant'les p r é –
        
        
          c é d i o n s nécessaires
        
        
          1
        
        
          '
        
        
          pô
        
        
          i
        
        
          iir
        
        
          1
        
        
          ii'e pas attirer l'at–
        
        
          tention des consuls é t r a n g e r s et des' euro–
        
        
          péens. Malheureusement pour eux, ils n'ont
        
        
          pas su agir avec prudence, et jusqu'aujour–
        
        
          d'hui des 'centaines de 'personnes ne cessent
        
        
          de porter plainte ; on a enlevé le pardessus à
        
        
          l'un, à un autre son manteau, son gilel el
        
        
          son mbufc'hoh- ; oiï'fi'été mênie J u s q u ' à s'étii-
        
        
          p a r é r des ceintures en disant : « 'déjà vaul
        
        
          fouiours dix paras ».
        
        
          i i u f mtyûf><fcrtlf113
        
        
          .
        
        
          Clluj
        
        
          '
        
        
          i l ,
        
        
          •
        
        
          tiniul-.-<liv::>
        
        
          VOICI d ailleurs deux faits qui caractérisent
        
        
          bien' touljCe cjùi
        
        
          1
        
        
          e s t ' ^ - d è ' s ' s u s j . r a p p o r t é .
        
        
          Devant l'église de Norâchen, il v a une bou–
        
        
          tique de cordonnier qui apparlionf à un
        
        
          homme tout à lait Malheureux. Les agonis
        
        
          percepteurs s'approchent de la bouliijue el
        
        
          crient: < Tu dois nous paver 60 piastres
        
        
          pour ta part, paye! >• « Attendez jusqu'au
        
        
          mois prochain », supplié le pauvre homme.
        
        
          Sans attendre plus longtemps, ils le rouent
        
        
          de coups, mettent tout sens dessus dessous
        
        
          ^dans.ta boutique, mais i l ne Rejoigne pas
        
        
          sans s'emparer de quelque chose. Le « chal-
        
        
          var » (pantalon large) du cordonnier élant
        
        
          assez neuf, ils lui enlèvent publiquement
        
        
          son « cfialvar * et s'éloignent en disant :
        
        
          «
        
        
          Nous te prenons cela pour 5. piastres,
        
        
          quand tu en auras un autre nous reviendrons
        
        
          te voir. »
        
        
          Sur la place d'Araroulz ils rencontrent un
        
        
          malheureux artisan, ils lui réclament les
        
        
          impôts, ils le fouillent de pied en cap, et
        
        
          ils ne trouvent rien ; désespérés, ilsl'invitent
        
        
          vers un coin où ils lui retirent tous tes vêle–
        
        
          ments, l u i laissant seulement par
        
        
          5
        
        
          pitié son
        
        
          linge; le froid é t a n t excessif, le pauvre
        
        
          homme est- t omb é malade et je crois qu'il
        
        
          est alité jusqu'aujourd'hui, 'foutes ces sau–
        
        
          vageries sont commises aussi indistincte–
        
        
          ment sur la misérable population turque et
        
        
          tout le monde en est excité.
        
        
          L E T T R E DE SASSOUN
        
        
          14
        
        
          janvier 1904.
        
        
          Chers frères et sœu r s ,
        
        
          Le gouvernement fait ses préparatifs ou–
        
        
          vertement dès maintenant pour nous envahir
        
        
          au printemps.
        
        
          Il pille les villages a r mé n i e n s de la plaine
        
        
          et i l se livre à des sévérités et des barbaries
        
        
          inouïes sous prétexte de percevoir les im–
        
        
          pôts. Il se l'ait donner gratuitement de
        
        
          l'avoine de tous les villages a rmé n i e n s pour
        
        
          ses chevaux. De nouveaux cordons militaires
        
        
          sont établis, soit devant les principaux pas–
        
        
          sages à Moush, soit aux environs de Sas–
        
        
          soun.
        
        
          .
        
        
          Sur les hauteurs, i l n'est pas également
        
        
          inactif. I l y a quelques semaines, i l fît piller
        
        
          et dévaster aux Kurdes le village a rmé n i e n
        
        
          de Kirghirzbhlz, et après avoir fait tuer
        
        
          7
        
        
          ou 8 personnes, il emprisonna le chef du
        
        
          v i l l a g e . . .
        
        
          Passour, bourg montagneux, situé dans le
        
        
          voisinage de Sassoun, où réside le Ka ïma k am
        
        
          de Khochentz, possédait autrefois ,'!() à
        
        
          
            10
          
        
        
          agents de police: aujourd'hui plus de 500 sol–
        
        
          dats s'y trouvent ; d e nièm'é'te nonmre-des
        
        
          soldats à Zapildjogli esl aussi a u gme n t é -
        
        
          Les villages a rmé n i e n s ^ situés' s u r l o s Tiau-
        
        
          teurs sont très o p p r i mé s ; i l y a quelques
        
        
          jours, les soldats de Passour se rendent au
        
        
          village appelé Anorsira, où tous les impôts
        
        
          anciens el, nouveaux étaient déjà perçus ; les
        
        
          soldats p r é t e n d e n t qu'il restait encore des
        
        
          a r r i é r é s ; quand -les paysans
        
        
          1
        
        
          '
        
        
          refusenitb'de
        
        
          payer ; ils s'emparent du eho!' du village
        
        
          qu'ils emprisonnent,, et empcrrteut^fousTles
        
        
          rhoutons à Passour.
        
        
          Fonds A.R.A.M