grer en pays russe, tout cela suppose
de grandes promesses et de grandes
dépenses d'or et d'argent; c'est ainsi
que plus tard les tzars ont con s i dé r é
les A rmé n i e n s couijne leurs sujets dé–
voués et fidèles et des acteurs politi–
ques. C'est ainsi que les Tza r s , pen–
dant le x v m
c
et le x i x
e
siècle, se mon –
trant amis et protecteurs des A r mé –
niens, leur prodiguant de grandes
promesses, accordant de gros appoin–
tements, leur distribuant des privilèges
et des titres de noblesse, ont attiré dans
leur pavs de nombreux A rmé n i e n s de
Perse, de Pologne et de Tu r qu i e . Les
A rmé n i e n s de Ispahan ont envoyé aux
tzars un siège o r n é de diamants et de
pierres précieuses.
Ce sont les A rmé n i e n s qui les pre–
miers ont introduit en Russie par le
chemin d'Ajderkhan les produits pré–
cieux de l'Inde et de la Perse; ce sont
les A r mé n i e n s qu i ont introduit en
Russie orientale, la sériciculture, la
viticulture, l'art de construire les vais–
seaux et d'autres arts utiles. E n
1779,
un A rmé n i e n , n o mm é Saprass, p r é –
senta à l ' impé r a t r i c e Catherine I X un
diamant précieux d'une grosseur et
d'une beauté extraordinaire, qu i forme
aujourd'hui le plus grand ornement du
sceptre imp é r i a l ; de même un A r mé –
nien, appelé A t h amé l i k , fit don à l'em–
pereur Paul I
e r
d'un diamant précieux.
Les villes d'Ajderkhan, Ghizlar, Mo z -
dogh furent remplies d ' A r mé n i e n s ;
ceux-ci, les premiers, surent p r é p a r e r
de l'eau-de-vie à la française, etc.
Et-voici ce que nous lisons dans les
mémo i r e s de l ' a r chevêque Ovssep A r -
zouthiantz: le grand général Souvaroff,
après avoir posé de nombreuses ques–
tions sur les pays de Géorgie et d ' Ar –
mén i e et au sujet des princes et
«
méliks » géo r g i en s et a r mé n i e n s , au –
rait dit à l'archev-êque Ovssep : « Il
nous donna grand espoir de rétablir
en A rmé n i e votre au t o r i t é , et ap r è s
nous avoir i n t e r r ogé sur notre nation,
sur le saint siège et sur notre catholicos,
sur notre" prière de rétablir notre
royaume, i l nous r é p o n d i t ' que cela
était possible, mais qu ' i l fallait que le
patriarche avec quelques princes agis–
sent pour le salut des A r mé n i e n s . »
Quant au général Po t emk i n , très
aimé de l ' impé r a t r i c e Catherine I I ,
non seulement i l avait p r é p a r é le pro–
gramme du royaume a r mé n i e n , mais
encore i l s'était p r é p a r é e être élu prince
par la main de sa c h è r e imp é r a t r i c e , ce
que nous verrons plus l o i n .
Ces écrits probants que nous avons
me n t i o n n é s , et dans lesquels sont é n u -
mérés longuement et en détails les pro–
messes du gouvernement russe, les
suggestions de se révolter contre la
Perse, les cadeaux, les privilèges et les
titres de noblesse d i s t r i bué s aux A r mé –
niens ont produit celte conviction pro–
fonde pa rmi les A r mé n i e n s que le gou–
vernement russe est leur protecteur et
délivrera la nation et l'Eglise des mains
des musu lmans barbares; aussi les A r –
mé n i e n s ainsi séduits, s'étaient-ils fiés
à la politique trompeuse russe. A l'épo–
que où le pays et la nation a r mé n i e n n e
se trouvaient sous la domi na t i on des
Perses et des Tu r c s , les catholicos
d ' E t chmi adz i n recevaient déjà de Saint-
Pé t e r s bou r g des messages pleins de pro–
messes, de Pierre le Gr and , en
1714;
de Catherine I
r c
,
en
1720 ;
de Cathe–
rine II, en
1763;
de Paul I
e r
,
en
1798;
sans parier des deux décrets i mp é r i a u x
que l ' a r chevêque Ovssep Arzouthiantz
avait reçu. Dans ces messages et d é –
crets,
les empereurs ont toujours
e x p r i mé leur attachement et leur s ym–
pathie à la nation a r mé n i e n n e , et pro–
mis de favoriser ses désirs et ses pen–
chants une fois que l ' Armé n i e serait
soumise à la protection de l'empire
russe. Déjà les A r mé n i e n s qui ém i g r a i e n t
en Russie étaient accueillis avec les
plus grands honneurs et les délégués
des catholicos a r mé n i e n s recevaient un
accueil brillant et flatteur. J u s q u ' à cette
é poqu e , c'est-à-dire vers la fin du
x v m
e
siècle, m ê m e les chahs de Perse
et les sultans de Tu r q u i e commencent
à regarder de bon œi l les A r mé n i e n s et
les catholicos des A r mé n i e n s entrent,
aussi en relations avec les puissances
d'Occident, l'Angleterre, la France et
l'Autriche. Le gouvernement russe,
lorsqu'il voit les catholicos des A r mé –
niens entrer en relations avec les autres
gouvernements c h r é t i e n s , craignant que
le mensonge de sa protection promise
ne soit dévoilé, i l commence à rendre
plus intimes ses relations avec les A r –
mé n i e n s ; i l fait p r é p a r e r à l ' a r c h e v ê qu e
Ovssep Arzouthiantz, grâce à qu i de
nombreux A r mé n i e n s avaient ém i g r é
en Russie, une convention, par laquelle
la "Russie se charge d'aider par tous les
moyens au r é t a b l i s s eme n t de la puis–
sance a r m é n i e n n e ; cette nouvelle se r é –
pand au s s i t ô t dans toute l ' Armé n i e et
tous les A r mé n i e n s habitant l ' Armé n i e
en sont e n t h o u s i a smé s et le nofh russe
se généralise parmi la nation a r m é –
n i enne ; cette convention renferme
i 3
articles, dans l'un desquels il est dit
que le prince des A r mé n i e n s résidera à
Vagharchabad ou à A n i ; dans un au –
tre, que le drapeau sera tricolore, rouge,
vert et bleu, comme l'arc-en-ciel; dans
un autre article que l ' emb l ème de l ' A r –
mé n i e sera l'image du Christ, égale–
ment sur des couleurs d'arc-en-ciel et
portera l'aigle blanc à une seule tête
des A r mé n i e n s du temps du paganisme,
ou bien l'aigle à deux têtes des A r m é –
niens c h r é t i e n s de la Petite A r m é n i e ;
qu ' un traité comme r c i a l et douanier
serait conclu, et que sa puissance ma –
ritime serait sur la mer Caspienne, etc.
L ' a r c h e v ê q u e Ovssep Ar zan t h i an t z ,
séduit par les promesses me n s o n g è r e s
de la politique russe, rend de nombreux
grands services au gouvernement russe
pendant ses guerres contre les Tu r c s et
la Perse, et nous osons dire m ê m e que
c'est grâce à son influence et à son ac–
tivité que la Russie réussit à s'emparer
en
1802
de la Gé o r g i e ; c'est de m ê m e
.
que le Kh a n Djavad de Kantzak et les
«
mé l i k s » de Gharabagh avec leurs
possessions tombent dans les griffes du
gouvernement russe ; c'est encore grâce
aux p r é d i c a t i on s de Ovssep Arzouthiantz
que les A rmé n i e n s de Cr imé e ém i g r e n t
sur les bords d ' Azo f et y fondent la ville
de No r Na k h i t c h é v a n .
Depuis le jour où l'union de la
Géorgie avec la Russie devient c omp l è t e ,
il n'est plus question du r é t a b l i s s eme n t
nationale a r mé n i e n n e . L ' Ar c h e v ê q u e
Ovssef meurt subitement à T i f l i s ; l'es–
poir de la nation a r mé n i e n n e descend
au tombeau avec l u i . Nersès d 'Achda -
ragh prend en ma i n l ' œu v r e c omm e n c é
par Ovssef Ar z o u t h i a n t z ; pendant la
guerre russo-persane i l montre une
activité dévoué e pour le succès des armes
russes. Il forme avec les A r mé n i e n s des
r é g ime n t s de volontaires qu i rendent à
l ' a rmé e russe de grands services; i l
persuada les A r mé n i e n s de Perse ainsi
que ceux de Tu r q u i e d ' émi g r e r à la
province de Ka r adghan , et i l fait p r é –
parer du pain pour les soldats russes à
E t c hmi a d z i n . Sé b i a k i n , le chef russe
des a rmé e s g r éo r g i ene et a r m é n i e n n e ,
fait une dé c l a r a t i on écrite en
1827,
que, lorsque les Persans a t t a q u è r e n t
l'empire, les A r mé n i e n s se rendirent
célèbres par leur bravoure, leur endu-
Fonds A.R.A.M