Alexandropol, Schousha, Akhalkalak,
Nakhidjevan, Akhaltzikh et Batoum.
E n 1899, toutes ces sociétés, sauf
celle de publication des livres, furent
fermées. Une « concession paternelle »
fut cependant accordée aux Arméniens.
On permit de reconstituer les sociétés,
mais
avec un nouveau règlement qui
serait dicté par le gouvernement même.
Ainsi la société de Bakou continua
d'exister sous le titre de « Société phi–
lanthropique » ; l'épithète subversive
d ' « Armén i enne» avait été supprimée.
L a « Société du Caucase » devint
«
Société de bienfaisance de Tiflis » :
toutes ses sections provinciales furent
supprimées. De plus, i l leur fut inter–
dit de favoriser en quoi que ce soit les
progrès de l'instruction publique ou
de venir en aide aux étudiants et aux
jeunes gens pauvres, soit à l'étranger,
soit ailleurs. Seule, la charité propre–
ment et strictement dite était encore
tolérée.
Quant à la société de publication
des livres, elle fut épargnée jusqu'en
1900,
puis supprimée brutalement. L a
formule présentée à l'approbation de
l'empereur était simple et dépourvue
de tout commentaire superflu. « E n
se basant sur le rapport du ministre
de l'intérieur en date du 30 mai 1900,
au sujet de la fermeture de la société
de publication des livres a rmén i ens à
Tiflis, le comité des ministres propose
d'approuver cette mesure. » Nicolas II
donna sa haute approbation.
Les griefs invoqués étaient doubles
d'abord cette société
publiait des livres,
ensuite elle
publiait des livres arméniens.
En vingt et un ans d'existence, elle avait
imp r imé 187 ouvrages dont 166 traduits
du russe ou les langues étrangères ;
vingt et un ouvrages seulement étaient
originaux et avaient dû, cela va de soi,
recevoir le visa de la censure. Quant
aux traductions , biographies de
grands hommes, manuels, œuvres de
Shakespeare, Daudet, etc., soigneuse–
ment expurgées, elles ne décelaient
aucune tendance politique.
Les bibliothèques furent également
supprimées. Cependant leur fondation
est entourée de toutes sortes de garan–
ties presque prohibitives. Le gouver–
nement avant de les autoriser demande
à savoir : 1° Quel est l'initiateur ou le
fondateur? — Si celui-ci est mal vu , l a
requête est aussitôt rejetée. 2° Quel
sera le prix d'entrée, la cotisation men–
suelle des membres ? — Les bibliothè–
ques à faible cotisation sont interdites
comme dangereuses. 3° Dans quel
quartier s'établira la nouvelle biblio–
t hèque? — Si c'est dans un quartier
pauvre ou dans les faubourgs, la de–
mande est repoussée. 4° Comment
sera organisée la bibliothèque ? Quels
ouvrages y seront déposés?
Voici quelques faits caractéristiques
sur ce point. Dans la ville de X , le
surveillant de la bibliothèque entre et
demande le catalogue. « Vous n'avez
rien en dehors de ce catalogue? » —
«
Certainement non », r épond le b i –
bliothécaire. — « Et cela », s'écrie le
surveillant en montrant un ouvrage
intitulé :
Vagarschabad capitale de
l'Arménie.
— «
C'est un livre d'histoire
autorisé par la censure. » — « Impos–
sible; c'est intolérable ! Vagarschabad,
capitale de l'Arménie ! » — « Mais
c'est la capitale d ' i l y a 1500 ans, au
quatrième siècle. » — « N'importe. Je
vais défendre de garder cet ouvrage !
— «
Et cela? » Et le surveillant indique
Les plaies de l'Arménie.
— «
Mais c'est
un ouvrage d'Abovian qui est auto–
risé. »—• « Je n'admets pas ce titre :
i l n'y a pas d'Arménie en Bussie et par
conséquent pas de plaies de l'Armé–
nie. »
L a situation intellectuelle de l ' Ar –
ménie Busse est devenue navrante :
A Schousha (25,000 Arméniens) ; une
bibliothèque : fermée ;
A Akhaltzikh (20,000 Arméniens),
une bibliothèque : fermée ;
A Akhalkalak (15,000 Arméniens) ;
une bibliothèque : fermée;
A Nakhidjevan (10,000 Arméniens) ;
une bibliothèque : fermée.
A Tiflis (19,000 Arméniens) une b i –
bliothèque : fermée.
LA PRESSE
En 1898, le journal
Ardzagank
fut
supprimé après plusieurs suspensions
de huit mois.
Bestent en tout deux quotidiens :
Mschak,
fondé en 1872 et
Nor Dar
fondé
en 1884 tous deux à Tiflis ; une revue
mensuelle
Mourtch
fondée en 1889 ;
une petite revue pour les enfants :
Agbiour
fondée en 1883, avec son sup–
plément
Taraz
fondé en 1890; enfin
YArarat,
revue religieuse.
Il faut y ajouter quelques périodiques
géorgiens. Les mahomé t an s n'ont
rien. Les Busses n'ont qu'un seul
organe
Kavkaz,
semi-officiel. Quant au
Novoé Obozénié
et au
Tiflisskg Lystak,
bien que publiés en Busse, ils passent
pour suspects, étant rédigés par des
Arméniens. Le premier a déjà été sus–
pendu pour huit mois et son existence
est sérieusement menacée.
Telle est au commencement de l'an
1901,
la situation des Arméniens du
Caucase. Elle ne saurait guère s'aggra–
ver. Mais un fonctionnaire peut dé –
truire l'œuvre mauvaise d'un autre
fonctionnaire ; et i l est de l'intérêt bien
compris de l'empire russe de se conci–
lier toutes les races du Caucase, comme
au temps de Vorontzoff et du grand
duc Michel, ces vice-empereurs, et non
de les supprimer par la violence et de
leur faire subir des
persécutions
odieuses et inutiles.
B .
NOUVELLES D'ORIENT
E N MACÉDOINE.
Les brigands offi–
ciels ou non qui travaillent en Macédoine
au compte du Sultan n'avaient point at–
tendu l'invitation au massacre de l'am–
bassadeur russe pour continuer leurs
ordinaires exploits.
Autour
à' Okhrida,
le chef B i l i a l Ba -
lanza terrorise la population avec l'aide
du gouvernement qui emprisonne les
récalcitrants et transforme les gendarmes
en percepteurs d'impôts pour le chef de
bande. A u courant de janvier, à la tête
de vingt-cinq hommes, i l a pris le village
de
Mrarometz
et enlevé six notables. I l
exigeait deux cents livres turques de ran–
çon ; les prisonniers en purent donner
seulement quatre-vingts et ne furent relâ–
chés qu'en promettant d'en, verser six
cents autres au printemps.
A
Perlépé,
arrestations sans nombre
parmi les instituteurs et les prêtres et
incarcération à Monastir; meurtre du
jeune I l i a Kouleff par un Turc qui, Ha–
mi d en petit, « ne voulait pas que les infl-
Fonds A.R.A.M