dèles pussent se promener sans souci de–
vant l u i . » L'assassin, arrêté, fut relâché
dans les vingt-quatre heures. I l sera pro–
chainement décoré comme un Deschanel.
Dans le seul quartier de Varoch, trois
autres assassinats; v i o l d'une jeune fille,
Dona Petrova, par six soldats. Puis, selon
le rite, arrestations et tortures parmi le
peuple molesté.
Telles sont les tristes nouvelles données
par
YEjfort
qui confirme en même temps
le suicide de Lazareff et RizofT arrêtés
le i 3 février.
Mais, depuis lors, la situation s'est en–
core aggravée.
Le
18
février, conflit sanglant à Ba-
zafdje, près de
Gepgheli,
à mi-chemin de
Salonique et de Radovitz : sept Turcs,
cinq gendarmes et deux soldats ont été
tués ; du côté macédonien, neuf morts et
de nombreux prisonniers.
A
Constantinople
même, les mesures de
police sont devenues de plus en plus, sé–
vères. Le médecin Dinoff a été arrêté
puis relâché. Quant au libraire Kaltscho
Stojanow et à son fils, ils demeurent
incarcérés.
A
Salonique,
on agit encore avec plus
de brutalité. A la suite de perquisitions
où l'on n'a pas manqué de trouver des
revolvers, des fusils, des cartouches et des
proclamations révolutionnaires, la police
a mis la main sur le p r ê t r e Stamatow, le
professeur Matow, les commissionnaires
Paloschow et Peperkovv, l'inspecteur des
écoles Petroffs, l'ex-président du comité
macédonien de Salonique, Todoratschew,
quatre domestiques d'école, huit élèves
de gymnase et un peu plus tard sur le
libraire Samandjelf dont on a saisi la cor–
respondance. E n même temps, Turkhan
pacha est expédié par Hami d de Constan–
tinople pour présider le conseil de guerre
qui jugera — et condamnera — le direc–
teur de l'école de Kalkatch, révolution–
naire si dangereux qu'il n'a pas fallu
moins de quarante gendarmes pour le
conduire à Salonique.
Le journal zankowiste
Bulgarie
fait
remarquer qu'il vaudrait mieux intro–
duire en Macédoine les réformes pro–
mises. Hami d n'est point de cet avis : i l
ne connaît de bonne méthode que le mas–
sacre.
POSTES ÉTRANGÈRES.
I l ne suffit plus
au Sultan de placer des policiers à l a
porte de chacune des postes étrangères
ou même d'entretenir parmi le personnel
des espions à sa solde. Le
2
mars, i l a fait
a r r ê t e r un facteur de la poste anglaise,
Grec d'origine. On a pris toutes les let–
tres recommandées, puis relâché le fac–
teur. Mais l'ambassade anglaise n'entend
point que les choses en restent là et elle
émet l'extraordinaire prétention de faire
restituer les plis volés et leur contenu,
argent ou correspondance.
TRÉSOR VIDE.
Malgré la bonne vo–
lonté de l a Banque Ottomane et de la
Deutsche Bank, malgré le honteux abus
fait du nom de M . Loubet pour favoriser
la hausse des fonds ottomans, malgré les
combinaisons diverses inventées par la
nouvelle commission financière d'Yldiz.,
le Trésor est vide. Selon une correspon–
dance du
Mechveret
les fonctionnaires,
qui touchaient à grand'peine six mois sur
douze, ne recevront plus guère que trois
à quatre mois désormais, et les rations
des officiers — avec lesquelles nombre
d'entre eux pouvaient au moins vivre,
soit en les touchant en nature soit en les
revendant — ne leur sont, autant dire
plus fournies, sauf s'ils appartiennent à
la clique du Palais. L a Dette publique
même qui se met honteusement à la dis–
position de l'Assassin avait prêté pour un
mois à
9 0/0
l'an 5o,ooo livres : le Trésor
vient de l'aviser qu'il ne pouvait la rem–
bourser à l'échéance convenue du
26
fé–
vrier. O n en est r édu i t maintenant à
s'adresser aux plus bas usuriers et tripo-
teurs de Galata et la pénu r i e est telle que
les journaux turcs comme le
Saadet,
don–
nent gravement des informations dans le
genre de celle-ci :
Quelques maisons de banque à l'étranger
ont proposé au gouvernement impérial de lui
faire une avance de fonds. Le gouverne–
ment, tout en les remerciant, a refusé ces
propositions, la Turquie n'ayant pas besoin
de conclure des emprunts.
DANS L'YÉMEN ET A GALATA .
A peine
démentait-on, ce qui était une façon de le
confirmer, le raid d'Lbn-Reschid sur Ko –
weït, que seize bataillons étaient expé–
diés d'Alep dans l'Yémen et que dans le
Sandjak de Nedj, théâtre de ce récent
exploit, les troupes ordinaires étaient
renforcées d'une batterie d'artillerie et de
deux escadrons de cavalerie pour y pour–
suivre le nouveau khalife.
Le loyalisme et l'amour du peuple otto–
man pour le Sultan se manifestent ainsi
sur tous les points de l'empire. Simulta–
némen t et à peu près à l a même date, on
apprenait la découverte, à Galata, de
dynamite et de papiers séditieux attri–
bués aux jeunes Turcs, et de Smyrne l'en–
voi en exil de « huit mauvais sujets »
emba r qué s à bord d'un bateau Mahsoussé
pour une destination inconnue : ils seront
apparemment noyés en route.
FONCTIONNAIRES EN FUITE.
Selon la
coutume nous donnons la plus large pu–
blicité aux annonces judiciaires —justice
impartiale et sommaire — insérées dans
les journaux turs.
Un mandat d'arrêt a été lancé contre Haflz
Emin effendi, employé à la caisse de retraite
militaire. S'étant sauvé à l'étranger dans des
intentions séditieuses et n'ayant pas fait sa
soumission dans le délai accordé par le gou–
vernement, i l est accusé de crime conformé–
ment à l'article
i32
du code pénal militaire. Le
mandat d'arrêt dont i l est question donne
ordre aux autorités de l'arrêter partout où i l
sera trouvé et de le consigner à la maison
d'arrêt de la cour criminelle.
Un autre mandat d'arrêt est également
lancé contre Boghos Zéki (Kantar), ancien
censeur des journaux français et anglais à
Constantinople. Boghos Zéki, qui s'était
sauvé à l'étranger et qui se trouve actuelle–
ment en Egypte, est accusé de crime et sera
jugé par devant la cour criminelle. Aussi les
autorités compétentes sont-elle invitées par
ce mandat de l'arrêter et de le consigner à la
maison d'arrêt de la cour précitée.
Ismaïl Kémal bey, fils de Véflk bey, qui
avait été accusé de crime pour s'être sauvé
à l'étranger, n'ayant pu être arrêté, la cour
criminelle lui accorde un délai de dix jours
dans lequel i l doit se présenter devant la dite
cour. Passé ce délai, i l sera jugé par défaut,
ses biens seront séquestrés et la police judi–
ciaire l'arrêtera partout où l'on le trouvera.
P . Q.
LES INTRIGUES HAMIDIENNES
AU CAUCASE
Nous empruntons au
Hentchak
une très
curieuse correspondance concernant les
intrigues hamidiennes au Caucase.
Il n'est pas douteux que le Sultan joue
là comme partout un double jeu;, i l re–
doute et hait les Russes dont i l aftecte
d'être le très fidèle serviteur, quitte à
les trahir dès qu'il en aura l'occasion.
I" février
1901.
Le Sultan Hamid tient principale–
ment à donner corps dans le Caucase
à l'opinion panislamique.
Occuper la Russie dans des ques–
tions intérieures, entretenir l'inimitié
mutuelle des races hétérogènes de ce
pays : voilà le but de la politique tur–
que.
Il y a déjà quelques années les émi s –
saires politiques du Sultan sillonnaient
les régions du Caucase habitées parles
Turcs; ils engagèrent ces derniers à ne
pas payer l'impôt au gouvernement et
à molester les chrétiens. Les premiers
qui abondèrent bénévolement dans le
sens de ces agents furent les Lesghis
qui résolurent d'envahir les villages
habités par les chrétiens à la Codeque
et aux environs.
Le complot fut alors ébruité et le
gouvernement sévit contre tous les
Fonds A.R.A.M