QUATRIÈME A N N É E . —
N° 76.
Le Numéro :
30
centimes.
1
ER
JANVIER 1 9 0 4 .
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QU I LLARD
Adresser tout
ce qui concerna la Direction
à M. Pierre QUILLARD
l O , K u e USToIlet, P a r i s
—
=as^>—
AHONNEMENTS !
franco
S »
Klianger.
l O »
Paraissant le i
er
et le i5 de chaque mois
COMITÉ DE RÉDACTION :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
Secrétaire d e l à R é d a c t i o n :
Jean L O N G U E T
—
<=2^>-
ADMINISTRATION :
Avenue de l'Observatoire, 3
.
F A J i l
S
ABONNEMENTS :
France
® »
Etranger
l O »
SOMMAIRE :
Aux camarades A r m é n i e n s ( B O R I S
S A R A F O F F ) .
—
L a
Quinzaine : Dans les vilayets arméniens
(
P I E R R E
Q U I L L A R D ) .
—
Macédoine : L e s prisonniers de Diar–
békir ; L a situation à Uskub, Ahdrinople, K i r k -
Klissé, Salonique, Serrés, Pétritch. — E n Russie
(
A. L ' . l , d'après
VAurore.
—
L a Question d'Orient
au Sénat : Rapport de M . E . Milhaud ; Déclarations
de M . Delcassé. —Appel aux philarmènes d'Europe.
Pendant son court s é j ou r à Pa r i s ,
Roris Saraibfï a donné, de nombreuses
heures à des entrevues avec les défen–
seurs de la cause a rmé n i e n n e qu i ne
Tpeut. ê t r e s é p a r é e de la Ma c é d o i n e :
une c ommu n a u t é de souffrances, un
même dé s i r d'une vie libre unissent
indissolublement les deux peuples et
ce n'est point par hasard qu'un môme
jour cle d é c emb r e 1901, les r é vo l u t i on –
naires a rmé n i e n s Bedros Seremdjian
et Onnik Thoros s i an et les r é vo l u t i on –
naires ma c é d o n i e n s Sviatoslav Merdja-
noff et Hadjikhristo Ilief furent pendus
à Andrinople pa r ordre du Sultan ; ce
n'est point par hasard non plus que
des A rmé n i e n s ont faU; et feront partie
des bandes ma c é d o n i e n n e s . I l ne con–
vient pas de dire sous quelle forme et
en quels lieux se manifestera par des
actes, s i la diplomatie e u r o p é e n n e
demeure inerte, l'entente des o p p r i mé s
à bout de patience et d'espoir : cela
regarde les Comi t é s a rmé n i e n s et les
Comités ma c é d o n i e n s . Ma i s Boris Sa r a –
foff a voulu affirmer cette entente dans
une lettre :
Aux Camarades Arméniens
Paris, 29 décembre 1903.
Touché au fond du cœur par les
félicitations et les vives sympathies qui
>n ont été témoignées par la
Fédération
Révolutionnaire
Arménienne,
lors de
mon retour deMacédoine, il mest fort
doux de profiter de cette occasion et
de vous adresser
quelques mots par
l'intermédiaire
du journalVro
Armenia,
si justement estimé pour avoir pris la
défense d'une cause
humanitaire.
Camarades
Arméniens,
En vous remerciant
cordialement
pour vos félicitations et vives sympa–
thies, je vous prie, une fois de plus,
d'accepter, de la part des
Macédoniens,
nos fermes assurances de fraternelle
solidarité.
Cette solidarité
entre les
Arméniens
et les Macédoniens,
nous l'avons
déjà
manifestée
devant l'Europe, en 1899,
quand nous avons présenté une adresse
collective à la conférence de La Haye.
Cette solidarité
entre les
Arméniens
et les Macédoniens,
nous l'avons af–
firmée par une action commune contre
le joug hamidien que nous subissons
ensemble.
Espérons,
frères
Arméniens,
qu'au
printemps prochain cette solidarité
fra–
ternelle triomphera par une suprême
action commune qui abattra le tyran et
obligera l'Europe à exécuter la mission
d'humanité
qu'elle s'est astreinte à ac–
complir en signant les articles
xm
et
LXI
du traité de Berlin.
Espérons
que cetle action
libératrice
brisera les chaînes de deux nations
martyrisées
depuis de longs
siècles.
Vive l'Arménie ! Vive la Macédoine !
Vive la solidarité
humaine !
B O R I S
S A R A F O F T .
LA QUINZAINE
Dans les Vilayets Arméniens
A quelques jours d'intervalle, le
comte Go l u c h ows k i dans son e x p o s é
devant les d é l é g a t i on s austro-hon–
groises et M . De l c a s s é devant le S é n a t
français ont fait c o n n a î t r e leur senti–
ment sur l'état actuel des choses orien–
tales. L e comte Go l u c h ows k i fut opti–
miste et m e n a ç a n t ; i l dé c l a r a que l a
Turquie p r é p a r e r a i t sa propre ruine,
si elle n ' e x é c u t a i t pas le progr amme de
Muersteg et fit entendre à l'adresse de
la Bulgarie des paroles s é v è r e s ; M . De l –
c a s s é , qui avait autrefois p r o p o s é des
r é f o rme s plus profondes,
t émo i g n a
d'une vive admiration pour le projet
austro-russe et exprima l'espoir q u ' i l
serait suffisamment a p p l i q u é avant l a
fonte des neiges « pour donner con–
fiance aux populations et d é c o u r a g e r
les tentatives des partisans de l'insur–
rection quand m ê m e ».
E n ce qui touche l a Ma c é d o i n e , les
informations que nous pub l i ons plus
loin indiqueront combien les popu –
lations se peuvent fier aux belles pa–
roles de la diplomatie e u r o p é e n n e et
pour l ' Armé n i e , nous laisserons pa r l e r
les derniers rapports et les plus r é –
centes correspondances.
Des renseignements nouveaux sont
parvenus au Comi t é amé r i c a i n
(
Press
Committee of the Friends of A rmenia)
sur le p r o c è s de Kha r pou t . L e p r i nc i –
pal i n c u l p é , Tenekedjian, avait com–
mis le seul crime d ' ê t r e professeur "au
collège amé r i c a i n . I l n'en fut pas moins
a r r ê t é avec trente-quatre autres ma l –
heureux. Le s Ku r de s , qu i firent place
aux A rmé n i e n s dans la prison de Me -
Fonds A.R.A.M