Ils sont connus, mais Vautorité ne veut
pas les
arrêter.
Ghazar,
du village Aghpiner, dis–
trict de Motiki, a été tué par les Kur–
des parce qu'il s'opposait à les laisser
enlever ses moulons. Les Kurdes sont
connus el appartiennent au village Di-
rouru, mais l'autorité
ne veut rien
faire. Movses Chahogan du village
Ghidzon, district de. Motiki, a été tué à
coups de poignard.
Assadour
Simo-
nian, du même village, a été
griève–
ment blessé à coups de fusil. Melcon
Khosdeghian,
du même village, a reçu
trois balles de fusil
ci
la tête et se
trouve en agonie. Peut-êlre
ces deux
sont déjà morts.
Par ces faits, on n'ose plus douter
que les autorités,
d'accord avec les
Kurdes, ne pratiquent
l'extermination
de la
racearméniennc.
E n 1880, les habitants d'un district
de Ma c é d o i n e rapportaient à des en–
q u ê t e u r s e u r o p é e n s des faits sembla–
bles ; ils ajoutaient que si les puis–
sances n ' é t a b l i s s a i e n t pas un c on t r ô l e
effectif, toutes les r é f o rme s sur le pa–
pier seraient vaines. « Nous n'aurons
plus, disaient-ils, qu ' à rejoindre les
âme s immortelles de nos a ï eux . »
Restait une autre alternative, celle
de l'insurrection et de l a lutte ouverte
contre le r é g ime hamidien. Le s oppri–
mé s de Ma c é do i n e , suivant l'exemple
d o n n é au Sassoun et à Constantinople
par les r é v o l u t i o n n a i r e s a rmé n i e n s ,
l'ont a c c e p t é e ; et au printemps pro–
chain, ils reprendront pour la défense de
leurs droits é l éme n t a i r e s , de leur hon –
neur et de leur vie, la lutte sans merci.
Ap r è s l'effroyable s a i g n é e de 189 I-
1896,
les A r mé n i e n s ont t émo i g n é
d'une longue patience. Le u r patience
est à bout aujourd'hui. L e s documents
quts nous publions plus loin, un rap–
port a d r e s s é au v i c e - con s ù l anglais en
t o u r n é e à Mo u s h par les chefs révolu–
tionnaires* "arméniens, une r e qu ê t e re–
mise au même vice-consul par les
habitants du Sassoun, ne laissent au–
cun doute sur leurs intentions pro–
chaines.
Ils agiront à leur heure, en A rmé n i e
et en Europe, à Constantinople et dans
les vilayets ma c é d o n i e n s . E t si leurs
amis e u r o p é e n s ne se reconnaissent pas
le droit de leur donner de conseils, ils
se reprocheraient certainement de jouer
le rôle d'endormeurs et de leur p r ê c h e r
une é t e r ne l l e r é s i gna t i on : nous lais–
sons ce soin aux ministres des diverses
puissances dites civilisées.
Pierre Om
.
i.
\
m>.
INFORMATIONS
E N RUSSIE.
L a r é s i s t a n c e des A r m é –
niens à la russification des biens nationaux
continue dans les villes et dans les cam–
pagnes. L e gouvernement russe renforce
les troupes du Caucase.
A
AI.EXANDKETTK.
U n A r m é n i e n ,
citoyen amé r i c a i n , avait d e m a n d é un passe–
port pour l'Egypte. S u r le refus du g o u –
vernement de la ville de l u i en d é l i v r e r u n ,
le consul des Etats-Unis voulut, sans plus
de délai, conduire l u i - m ê m e l ' A rmé n i e n ,
citoyen a m é r i c a i n , à bord du bateau. Ap r è s
une bagarre avec la police, l ' A rmé n i e n fut
a r r ê t é et condu i t en prison. L e c on s u l a
q u i t t é Alexandretle et s'est rendu à Be y –
r ou t h .
E N
MACÉDOINE.
No u s recevons, au
moment de mettre sous presse les infor–
mations suivantes, dont l ' a u t h e n t i c i t é et
l'exactitude sont certaines.
Salonique, 11 Décembre 1903.
Malgré la grâce conditionnelle promise
par le Sultan aux Macédoniens rentrant
de -Bulgarie ou des montagnes el la pro–
messe de les laisser libres après la remise
de-leurs armes, les autorités continuent à
emprisonner et à torturer tous les Bul–
gares qui retournent dans leurs villages.
Serres, 11 Décembre' 1903.
//
g a quelques jours, un incendie s'est
déclaré dans le marché de la ville de Demir-
Hissar, où les soldats l'avaient mis à des–
sein pour piller. Tout le marché a brûlé, et
toutes les boutiques ont été saccagées par
les soldais. Le complot était si évident, que
le gouverneur de Serrés s'est vu obligé de
faire une enquête.
Un
Conseil de guerre
a
condamné soixante soldats à trois mois de
détention.
Un
colonel distribue aux victimes
comme compensation 5 à 6 livres turques
par tète.
Kirkiiissé', 10 Décembre 1903.
Dans notre district,
52
villages chrétiens
ont été incendiés ou pillés par les troupes
et les bachibouzouks. On grand nombre de
villageois qui se trouvent dans une extrême
détresse se sont réfugiés dans la ville de
Kirkiiissé,
où leur nombre augmente de
jour en jour. Elles font toutes sortes de
difficultés
afin
de les obliger à renoncer
aux demandes de secours.
Serrés,
Décembre 1903.
Un officier chargé de rechercher des ar–
mes dans les villages, a tellement torturé
Simeon Pétrow,
du village Mourtadivo,
[
van Philipow, Nicolow, du village Orek-
tovitsch, qu'ils se trouvent en danger de
mort. U a voulu j)ar les tortures leur faire
avouer qu'ils avaient des armes, mais
c'étaient de pauvres diables inoffensifs.
L e
commissaire de police Mihal, d'origine
grecque, ex-joueur d'orgue de barbarie,
nommé à ce poste lors de la réorganisation
de la police était chargé de constater un
vol de chèvres dans le village de Pétritsch.
[
la découvert les voleurs, qu'il a relâché
contre un pot de vin de
5
livres turques.
Non content de celte aubaine, il a arraché
2
livres turques aux propriétaires
des
chèvres comme frais de déplacement.
H g a environ une semaine, les soldats
dévalisèrent et mirent en coupe réglée, en
cours de route, tous les villageois qui ve–
naient au marché de Serrés.
A BITLIS E T AU SASSOUN
Copie d'un rapport
remis au vice-consul anglais.
A l'honorable consul, représentant
le Gouvernement anglais,
Moush.
Hono r a b l e Monsieur,
No u s apprenons que vous êtes venu , de
la part d u gouvernement anglais, à Mo u s h ,
pou r c o n n a î t r e de p r è s ' l a situation de la
population a r m é n i e n n e à Da r o n et à Sas–
soun et pou r en faire u n rapport à votre
gouvernement sous ses v é r i t a b l e s couleurs.
Si au cours de votre t o u r u é e vous visitez
seulement les p r i n c i p a u x centres, et cela
é t a n t e n v i r o n n é de fonctionnaires et d'es–
pions turcs, vous r é u s s i r e z difficilement
dans votre mi s s i o n puisque le gouverne–
ment tiendra à é c a r t e r de vous tous les
plaignants, tous ceux q u i souffrent ; ceux
q u i oseront vous approcher seronl s é v è r e –
ment pun i s par la prison et la bastonnade,
et on s'efforcera, tout au contraire, à vous
montrer tout calme et g a i autour de vous.
Vo u s serez à m ê m e de r emp l i r votre t â c h e
v é r i t a b l e m e n t alors seulement q u ' e n t o u r é
de gens s û r s vous entrerez dans les villages
a r m é n i e n s , vous visiterez les coins perdus et
r e t i r é s ; là, l a triste réalité de l a vie a r m é –
nienne se p r é s e n t e r a devant vos yeux dans
toute sa frissonnante horreur, dans son
martyre navrant.
Vo t r e s é j o u r à Mo u s h ajournera peut-
ê t r e pou r une courte p é r i o d e l ' a n é a n –
tissement de l a popu l a t i on a r m é n i e n n e à
Sassoun q u i , e n t o u r é e aujourd'hui par des
r é g i m e n t s turcs et des" bandes kurdes, est
dans u n é t a t d'agonie. Mais entrez une
fois dans les villages de l a y a s t e plaine de
JJaron, visitez les districts de Gindje,
Fonds A.R.A.M