serts : les habitants non é m i g r é s sont
dans la plus profonde m i s è r e .
U n autre correspondant constate qu'au–
tour d ' Us k u b , les perquisitions pour re–
chercher les armes sont aussi redoutables
que « la politique d'incendie ».
Le rude hiver ma c é d o n i e n d é c i m e r a en –
core les malheureux qu i errent sans abri
el sans nourriture dans un pays d é s o l é . L a
nalure aidera ainsi S. M . I. dans son œ u –
vre de destruction ; el quand au p r i n –
temps prochain ceux qu i auront é c h a p p é
aux tueries hamidiennes ou à la mort par
la faim et par le froid tenteront un su–
p r ême effort de d é l i v r a n c e , i l ne manquera
pas en Eu r op e de vertueux philanthropes
pour b l âme r « leurs attentats inqualifia–
bles ».
L ' E M P E R E U R D ' AL L EMAGNE ET LL S U L T AN .
—
L a scandaleuse am i t i é de l'empereur
d'Allemagne pour le Sultan ne se d é m e n t
pas. A u commencement du mois de no–
vembre, avant l'acceptation
pro forma
de
la note austro-russe, i l envoyait à Con s -
.
tanlinople les officiers et cadets du navire-
école le
Moltke.
Ceux-ci en allant et eu
revenant du Selamlik p o u s s è r e n t des v i –
vais en l'honneur d ' Ab d u l - H am i d et pour
mieux marquer l a subordination volontaire
où ils élaient p l a c é s , au lieu d'assister à l a
revue qui suit le Selamlik en simples spec–
tateurs, i l s défilèrent devan l la Bêle avec
les troupes turques, mais seulement
après
l'infanterie ottomane.
Un e pluie de d é c o r a t i o n s se r é p a n d i t ,
selon la coutume, sur ces visiteurs très
c h o y é s . P e u auparavant, le directeur des
Affaires Orientales aux Affaires é t r a n g è r e s
d'Allemagne, le D
r
Ro s e n avait r e ç u le
grand cordon du Medjidié, et le directeur
et les emp l o y é s de la poste allemande
avaient r e ç u é g a l e m e n t des d é c o r a t i o n s ,
selon leur grade.
P a r é c h a n g e de bons p r o c é d é s , l'empe–
reur Gu i l l a ume envoya à son ami des che–
vaux de trait de. race rare. La remise des
nobles b ê l e s s'est effectuée en grande c é r é –
monie : l'ambassadeur d ' Al l ema gn e dut les
p r é s e n t e r l u i - m ê m e et u n c o mm u n i q u é
officiel relata ainsi le m é m o r a b l e é v é n e –
ment.
A la Cour Impériale.
[
Officiel).
—
Afin de p r é s e n t e r à Sa Majesté
Impériale le Sultan les chevaux de trait de
race rare, envoyés en cadeau par Sa Majesté
l'Empereur d'Allemagne, Son Excellence
M. le Baron Marshall von Bieberstein, Son
ambassadeur M . le Baron von Esebeck, vice-
grand-écuyer de la Cour Impériale alle–
mande, chargée d'amener ici les chevaux et
le capitaine de vaisseau M . Sommerwerck,
commandant du vaisseau-école allemand
Mollke,
a c c omp a g n é s de quatre officiers, ont
eu l'honneur, d'être reçus en audience par Sa
Majesté Impériale le Sultan, hier, vendredi,
après la c é r émo n i e du Selamlik.
L A PEUR DE TA DYNAMITE.
—
On sait
que de tout temps S. M . I. eut g r and peur
de la dynamite, j u s q u ' à interdire l ' e n t r é e
de
dynamos
en Tu r q u i e , le radical du mot
é t a n t subversif. Des d é c r e t s nouveaux ma–
nifestent encore les craintes de S. M . 1. :
Deux articles additionnels au code pénal
ottoman viennent d'être élaborés. Ils ont été
a p p r o u v é s par le Conseil d'État, le Conseil
des ministres et s a n c t i o n n é s par S. M . I. le
Sultan. Ces articles additionnels visent les
personnes quimitroduiraient en Turquie des
matières explosibles ou en fabriqueraient
dans l'Empire. Le premier est ajouté à l'ap–
pendice de l'article 18 et le second à l'appen–
dice de, l'article 166.
En voici le texte:
«
Ceux qui, sans autorisation du gouver–
nement impérial, introduiraient dans le ter–
ritoire de l'empire ottoman de la dynamite
en petite ou en grande q u a n t i t é , et ceux qui
en accepteraient le dépôt, qu i en p r é p a r e –
raient ou qu i contribueraient sciemment à
de tels actes, seront punis de quinze ans de
travaux forcés. Au cas où i l serait établi que
c'est dans une intention subversive, le cou–
pable sera puni des travaux forcés à p e r p é –
tuité, et enfin si le but subversif a été suivi
d'un commencement d'exécution, sera puni
de la peine de mort.
« (
Jeux qui, contrairement à la l o i , auront
fabriqué de la poudre ou des fusils ou en
auront importé en contrebande, sont punis
de trois ans de travaux forcés.
«
Leurs complices seront é g a l eme n t punis
de la même peine. »
Cependant i l ne suffit pas de rendre des
d é c r e t s et les
dynamitdjés
sont subtils : le
ciment et le terrible explosif ont à peu p r è s
le m ê m e poids spécifique ; a u s s i t ô t les sacs
de ciment deviennent suspects et le g o u –
vernement serbe est, invité à faire vérifier
et garantir par ses agents des douanes que
les sacs de ciment de provenance serbe
«
ne contiennent pas d'explosifs ». L e g o u –
vernement serbe n'a pas pu donner satis–
faction aux exigences d ' Y l d i z .
PRESSE HAMIDO-RUSSE.
—
No u s avons"eu
déjà maintes fois l'occasion d ' é t u d i e r pa r
la confrontation des textes les diverses
versions des c o mm u n i q u é s hamidiens à l a
presse e u r o p é e n n e , no t ammen t à propos
d'une certaine « e n q u ê t e sur la Ma c é –
doine » qu i passa de l a
Neue frète Presse
de Vi enne à
ïlndëpendance
belge,
puis à
la
Pairie,
de P a r i s , sous forme de corres–
pondance d ' Us k u b .
D é s o r ma i s , l a chancellerie russe p a r a î t
collaborer avec les k i a l i b s de Constanti–
nople et i l est aisé de suivre la trace de
notes ou d'informations extraordinaires
q u i se retrouvent en tout ou en partie
dans divers j o u r n a u x f r a n ç a i s , sous forme
d'articles ou d'interwiews de diplomates.
Tand i s qu'une c i r c u l a i r e officielle i n t e r d i –
sait aux j ou r n a ux russes de s'occuper o u –
tre mesure des affaires d'Orient, des nou –
velles ixexactes étaient envoyées aux
agences e u r o p é e n n e s e l des j ou r n a ux aussi
s é r i e u x que le
Temps
les reproduisaient
imprudemment, justifiant la spoliation des
biens de l'Eglise a r m é n i e n n e par la n é c e s –
sité oïi était le gouvernement russe d'em–
p ê c h e r ainsi le c l e r g é a r m é n i e n de sou–
doyer les Com i t é s r é v o l u t i o n n a i r e s « pour
la c r é a t i o n d'une grande A r m é n i e ». L ' i m –
putation n'est pas nouvelle : elle fut i n –
v e n t é e par le prince Lobanoff, au temps
o ù i l l u i plaisait que le sultan m a s s a c r â t
le plus possible les sujets a r m é n i e n s .
On l a retrouve dans un article de
YEclair,
dans un article du
Gaulois,
s i g n é
L o v i f c h , dans un article du
Figaro,
s i g n é
G . Du c h em i n . Le s articles de
VEclair
et
du
Gaulois
sont a n t é r i e u r s à celui d u
Figaro :
mais le r é d a c t e u r occasionnel du
Gaulois
hasarde une autre h y p o t h è s e q u i
n'est pas e n t i è r e m e n t neuve non plus et
que nous rencontrerons souvent avec des
variantes.
L'Arménien pouvait e s p é r e r que les chan–
celleries et les chefs d'Etat se laisseraient-
e n t r a î n e r dans une intervention en Macé–
doine, pour en chasser Turcs et Bulgares
et y
établir le fameux Etat
arménien.
E t toute l'agitation balkanique serait
d i r i g é e autanl contre la Russie que contre
le r é g i me harnidien : le
Figaro
d u 25 no–
vembre et la
Liberté
de la m ê m e date
(
sous la signature de M . Maurice G a n d o l -
phe, r é c e mm e n t d é c o r é par le Sultan)
r é v è l e n t en
efet
une conspiration t r è s
t é n é b r e u s e des C om i t é s bulgares, faisant
assassiner des consuls russes « pou r c o n –
trecarrer les i d é e s de conciliation de l a
Russie avec la Tu r q u i e ». L e
Figaro,
rap–
pelant la vieille l é g e n d e des troubles a r m é –
niens s u s c i t é s pa r l'Angleterre, « voit des
agissements analogues dans les Ba l k a n s » :
les j ou r n a ux de V i e n n e
propageaient
déjà, i l y a quelques mois, la l é g e n d e
de 1' « or anglais », d i s t r i b u é à profusion
aux C om i t é s m a c é d o n i e n s . On voit que les
scribes hamido-russes ne sont pas i nven –
tifs : ils travaillent sur les mythes antiques
f a b r i q u é s à Constantinople et à S a i n t - P é –
tersbourg et p a t r o n n é s par le prince H o -
banoff et pa r M . Ga b r i e l Ha no t a ux q u i l u i
aussi parlait « de l'action des S o c i é t é s b i –
bliques » dans l'affaire a r m é n i e n n e .
ESPIONNAGE INTERNATIONAL.
—
L e g o u –
vernement bulgare vient d'expulser u n
espion russe, We i sma n n , q u i ne d é d a i –
gnait pas de travailler s i m u l t a n é m e n t pour,
le compte de l'Autriche et de l a Tu r q u i e ,
ne croyant pas ma l faire sans doute, puis–
que la politique des deux empires n'est
pas autrement hostile au Su l t a n .
On a d é c o u v e r t que We i s m a n n était en
relations trop amicales avec certains h om–
mes d'Etat bulgares et serbes et des pa –
piers fort compromettants ont été saisis,
Fonds A.R.A.M