Le Numéro :
30
centimes.
1
ER
DÉCEMBRE 1 9 0 3
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
PierreQU I L LARD
Adresser tout
ce qui concerna la D.rection
à M. Pierre QUILLARD
IO,
K u e N ' o l l e l . P a r i s
ABONNEMENTS :
France
S •
Éti'gnger
I O ..
Paraissant le i
er
et le i5 de chaque mois
COMITÉ DE RÉDACTION :
G. Clemenceau,
Anatole
France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
S e c r é t a i r e de la R é d a c t i o n :
Jean L O N G U E T
A D M I N I S T R A T I O N :
Avenue de l'Observatoire, 3
P A R I S
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ABONNEMENTS \
France.
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Etranger
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SOMMAIRE
La Quinzaine : Contrôle ou démembrement- (.PLEHUK.
Q U I L L A R D ) .
A la frontière turque. —Lettre d'Ahklat.
L a Honte de l'Europe (P. M A R T E N S E N - L A R S E N .
Co–
penhague).
E n Russie
(
ARGISTÈS
).
Dans le Sud-
Est.— Nouvelles d'Orient: E nMacédoine; L'Empereur
d'Allemagne et le Sultan; L a peur de la dynamite;
Presse hamido-russe ; Espionnage international ; L a
nouvelle Sodome ; Condamnations et décorations (P. Q . ) .
Appel aux philarmènes d'Europe et aux lecteurs de
Pro
Armenia.
Changement d'adresse
L'administration
de
P r o Armen i a
est
transférée
3,
avenue de
l
'
Observa–
toire.
Nous prions ceux de nos lec–
teurs, dont l'abonnement vient d'expirer,
de vouloir bien le renouveler par man–
dat ou bon de poste, à cette adresse,
afin d'éviter des frais de recouvre–
ment.
LA QUINZAINE
Contrôle o« X^éjaaenatoïe^ent
Pendant la longue discussion du
budget des affaires é t r a ng è r e s à la
Chambre française, des orateurs d'une
autorité con s i dé r ab l e et le ministre l u i -
même ont été né c e s s a i r emen t appelés
à parler de la crise orientale. Dans son
magistral rapport, M . Francis de Pres–
sensé avait affirmé une fois de plus le
droit créé pour les A r mé n i e n s et les
Ma c édon i en s par le traité de Berlin :
Les articles 23 et 6 i instituèrent, pour le
Sultan, des obligations positives, pour les Ma–
cédoniens et les Arméniens, des droits irrécusa–
bles.
H avait voté avec satisfaction la créa–
tion de « vice-consulats à Kha r pou t et à
Van » ; et rappelé « que le Sultan ne
eo4w>aissait de po l i t i que que celle de
l'hypocrisie et du mensonge » et que
l ' imp u n i t é a c co r dé e aux massacres
d ' A rmé n i e l'avait e n c o u r a g é à organiser
les massacres de Ma c é d o i n e : i l n'est que
temps d'y mettre fin à ce long scandale
par l'établissement d'un c on t r ô l e ef–
fectif et d'un gouverneur i n d é p e n d a n t
d ' Y l d i z .
M . Marcel Sembat qu i avec M M . De –
nys Co c h i n , J a u r è s , Gustave Rouanet,
en toute occasion fut, à la Chambr e ,
l ' é l oquen t dé f en s eu r des A r mé n i e n s ,
demanda justement « c e que l'on atten–
dait pour se p r é o c c u p e r de ce peuple
qu i a droit à notre intervention ».
Le sort des populations d'Arménie et de Ma –
cédoine est lié, il faut les arracher ensemble
aux tyranniques oppressions du Sultan.
Il ne faudrait pas croire que les
meurtres ne se continuent pas en
A rmé n i e .
Les populations restent encore sous le cou–
teau et sous le glaive qui les ont déjà plus
d'une fois cruellement atteint.
Si la situation n'est pas trop a i guë
en ce moment, ce n'est pas un mo t i f
pour que notre diplomatie oublie dans
les négoc i a t i on s actuelles un peuple
qui a droit à sa protection.
M . Pa u l Deschanel qu i n a gu è r e était
l'hôte c h o y é du Sultan Rouge et pro–
non ç a i t son p a n é g y r i q u e devant les
enfants des écoles de Pé r a , semble s'être
converti à une politique meilleure :
il est maintenant d'avis que toutes les
puissances signataires du traité de
Berlin sont intéressées à une bonne
solution du p r o b l ème oriental et cette
solution l u i p a r a î t celle qu i a été i n d i –
qu é e depuis longtemps ici :
Il n'y a qu'un moyen efficace — M . de Pres–
sente l'a dit avec justesse dans son beau rapport
de concilier l'autorité d u sultan a.vec les,
droits des populations et d'accomplir des
réformes, c'est de donner à ces réformes une
sanction, une force exécutoire, c'est-à-dire un
gouverneur placé sous le contrôle des puis–
sances. Or, l'exercice de cê contrôle intéresse
tout le monde.
Le ministre des affaires é t r a ng è r e s
n'a pas cru devoir m ê m e prononcer le
mot d ' A rmé n i e dans sa r é p o n s e aux
divers orateurs et a p r è s avoir convenu
qu ' un c on t r ô l e é t r a n g e r était né c e s –
saire, s'est trop a i s éme n t c o n t e n t é du
mé d i o c r e projet austro-russe. A ce
moment, i l est vrai, la r é p o n s e évasive
du sultan n'était pas encore connue.
On sait aujourd'hui ce qu'elle est :
acceptation
en principe,
c'est-à-dire
refus
en fait.
Les deux puissances i n t é –
ressées se contentent de cette habile
r é pon s e dilatoire : elles craignaient u n
refus formel qu i les aurait pris au
d é p o u r v u , v u qu'elles n'ont pas exa–
m i n é la question des mesures à prendre
pour amener é v e n t u e l l eme n t le gou–
vernement ottoman à résipiscence. »
Si M . le Ministre des Affaires é t r a n –
gères avait pris la parole ap r è s cet aveu
implicite de la faillite austro-russe, i l
aurait évité certainement de tenir un
langage d ' un é t r a ng e op t imi sme ; c'est
à peine s i M . Gabriel Hano t aux , avec
qu i cependant i l a r é p u d i é , par ses
actes a n t é r i e u r s , toute solidarité, parlait
autrement au lendemain des massacres
de Constantinople, à la veille de la
guerre de Grèce.
Dès maintenant, i l n'est pas besoin
d'être p r o p h è t e pour p r é d i r e q u ' a p r è s
des négoc i a t i on s de parade t r a î n a n t
du Rhamadan turc à l ' Ep i phan i e grec~
que, c'est-à-dire jusqu'au mi l i eu de
janvier, les puissances c oop é r a n t e s au-
Fonds A.R.A.M