chement avec l'Italie, qui permettra à ces trois nations d'exercer l'ac–
tion libérale qui est, hélas ! en Europe, une bien triste nécessité. Nous
avons applaudi, et je ne puis pas ne pas dire cette fois-ci au nom de
tous mes compatriotes, à ce traité d'arbitrage promu par M . d'Estour–
nelles de Constant, qui sera, je l'espère, suivi d'un très grand nombre
de traités semblables, et j'espère que nous pourrons aussi dater de ce
meeting le commencement d'une action décisive et résolue, dont vous
prendrez l'initiative, à la tète de laquelle votre pays se mettra, certain
désormais du concours de l'Angleterre, et non moins certain, pourvu
qu'on fasse le nécessaire, du concours de l'Italie, et alors les crimes
d'Abdul Hamid et les machinations des puissances réformatrices ne
dureront pas plus longtemps, et nous aurons cette première satisfaction
d'avoir arrêté l'effusion du sang, et de voir commencer l'œuvre de
réforme.
(
Applaudissements.)
M
ATKIN
S e c r é t a i r e de l'Association a n g l o - a r m é n i e n n e .
(
Traduction de M. Jean Longuet).
MESDAMES, MESSIEURS,
M . Atkin déclare tout d'abord qu'il est heureux de se trouver aujour–
d'hui au milieu de tant de citoyens énergiques luttant pour la cause de
l'humanité, et il rend hommage à la grande artiste qui a donné son
théâtre pour cette réunion, Sarah Bernhardt.
(
Applaudissements.)
Il rappelle que quelques mois avant sa mort il a vu Gladstone, et
que celui-ci lui a déclaré qu'il espérait que la libération et l'émancipation
de tous les opprimés d'Orient viendrait de la force de l'opinion publique
en France, en Angleterre, en Italie.
M . Atkin déclare qu'il y a là-bas à Yildiz-Yosk une bête fauve, un
tigre, et que, d'habitude, lorsque de pareils animaux se trouvent libres
on ne les laisse pas continuer leur carrière de meurtre et de sang. Il rap–
pelle que quantité de promesses et de traités ont été faits jusqu'ici; qu'il
faut aujourd'hui agir; les livres jaunes, les livres bleus, les livres verts
publiés en France, en Italie, en Angleterre, nous donnent des faits. Il ne
s'agit pas de sentimentalisme vague; il y a des faits et il est grand temps
d'intervenir.
(
Approbation.)
M.
P I ETRO MAZZINI
Le député italien Bossi devait être ici pour vous apporter l'écho de
la révolte de la conscience italienne contre les massacres d'Arménie et
de Macédoine. En son absence, je suis chargé de prononcer ici quelques
mots. Je n'ai pas l'habitude de la parole et je vdus prie d'excuser mon
insuffisance oratoire.
Le peuple italien, issu d'une longue révolution, ne pouvait se désin–
téresser de ce mouvement de protestation; il s'y est joint dans des mee–
tings très importants, à Milan et à Rome, comme le rappelaient
M . Quillard et M . Lorand. Le peuple italien, qui a supporté de longues
tyrannies et une longue oppression, ne peut oublier la vieille et glo–
rieuse tradition garibaldienne...
(
Applaudissements.)
Il est donc aujour–
d'hui de tout cœur avec vous.
En Italie il y a deux courants sur la question macédonienne et armé–
nienne : le courant populaire et le courant diplomatique. Le peuple
italien se rappelle son passé malheureux et héroïque, et joint sa protes–
tation à celle de tous les peuples civilisés, parce qu'il désire l'affranchis–
sement complet de tous les peuples opprimés. La diplomatie italienne,
comme celle des autres pays, Russie et Autriche, on vous le disait tout
à l'heure, a un autre but: c'est plutôt celui de donner satisfaction à
l'impérialisme envahissant.
C'est contre cela que nous devons agiter la conscience populaire,
parce que la conscience populaire peut tout malgré et contre la diplo–
matie.
J'ai été très touché des paroles prononcées par M . Georges Lorand;
il a rendu justice à des hommes absents et que nous voudrions bien
voir au milieu de nous. Il a réparé un oubli commis pendant toutes les
fêtes dernières. On nous a parlé de la diplomatie italienne et de ce
qu'elle a fait pour le rapprochement franco-italien ; mais on n'a pas
parlé un moment des hommes comme E.-T. Moneta et d'autres, qui,
au moment où être ami de la France voulait dire être pour les ennemis
et payé par le gouvernement français, ont eu le courage de soutenir une
glorieuse campagne pour le rapprochement des deux pays. II ne faut
pas oublier que si, aujourd'hui la France et l'Italie se donnent la main,
nous le devons avant tout à la démocratie française et à la démocratie
italienne.
C'est donc à la démocratie de tous les pays civilisés qu'il faut nous
adresser, il faut agiter la conscience populaire pour obliger la diplomatie
à faire ce que nous voulons. Nous l'avons vu dans le passé et nous le
verrons encore-: la diplomatie fera ce que les peuples lui imposeront.
Mais je dois dire qu'il y a aussi en Italie un autre courant. C'est celui
qui n'aime pas les atermoiements; à la tête de ce mouvement est le
fils d'un homme qui nous est cher à tous, Français et Italiens, le fils
de Giuseppe Garibaldi...
(
Applaudissements)
qui est d'accord avec les
orateurs qui viennent de parler aujourd'hui, mais qui dit aussi : il faut
en finir avec cette impuissance. Si demain la diplomatie italienne ne fait
pas ce que le pleuple veut, ce que nous voulons, nous rassemblerons
des hommes et nous irons aider la Macédoine!... Ainsi, vous pourriez
voir encore des gestes héroïques, vous pourriez voir encore cette chemise
rouge de Garibaldi, que vous n'avez pas oubliée, Français, qui passa,
flamboyante et sublime à Dijon, passer sur la Macédoine.
Nous ne souhaitons pas la guerre; nous sommes ici pour faire une
œuvre de paix. Mais si on devait revoir les gestes héroïques, ce serait la
diplomatie qui serait responsable, ce serait elle qui l'aurait voulu. Sou–
haitons donc que ce soit par les moyens pacifiques que sera donné à
l'Arménie un régime de paix et de prospérité.
Au nom de mes amis d'Italie, du Comité Pro-Arménien, de plusieurs
députés italiens, et des Arméniens résidant en Italie, je fais des vœux
ardents pour l'Arménie libre et la Macédoine libre!
(
Applaudissements.)
M.
NOËL BUXTON
P r é s i d e n t d u B a l k a n - C o mm i t t e e .
MESDAMES, MESSIEURS,
N'étant pas familiarisé avec la langue française, je me limite à
quelques mots touchant le mouvement arménien en Angleterre et l'or–
ganisation des Comités balkaniques.
Ce qui est demandé dans chaque réunion, c'est que le système de
l'administration directe du sultan prenne fin et que commence l'entente
des puissances européennes.
On nous demande journellement notre assistance pour organiser des
conférences puissantes. Nous fournissons les documents et les orateurs.
Dans plusieurs villes, à Birmingham, à Manchester, à Liverpool, il y a
tant d'agitation que le maire est obligé d'être présent aux réunions à
l'hôtel de ville. Depuis le mois d'août, plus de
200
conférences ont été
organisées, et nous espérons en faire 3 ou
400.
Dans notre prospectus, nous disons que l'Angleterre devrait faire
une proposition aux puissances pour l'intervention ; elle aurait proba–
blement la coopération des gouvernements et des peuples, de la France
et de l'univers. Le gouvernement anglais a fait le premier pas : nous
attendons la coopération de la France.
(
Applaudissements.)
M.
BOCC1ARDO
,
D é l é g u é d u C o m i t é de R o m e .
CITOYENNES ET CITOYENS,
Je ne crois pas devoir entrer dans le fond de la question après tout
ce que les orateurs qui m'ont précédé en ont dit. Je crois ne devoir que.
vous dire quelques mots sur le développement qu'ont pris les Comités
pro-arméniens et pro-macédoniens en Italie.
La première réunion a eu lieu à Milan avec l'intervention de
M . Loris Mélikoff que vous connaissez bien.
(
Applaudissements.)
Le
splendide succès de cette réunion a encouragé M . Loris Mélikoff à venir
à Rome où il a rencontré le meilleur accueil. Les difficultés qu'il a ren–
contrées à Rome ne sont venues que du côté diplomatique, comme
partout heureusement la partie démocratique, et tout spécialement je
tiens à le déclarer, le parti républicain a donné à Rome à M . Loris
Mélikoff une aide fraternelle.
Le meeting du
24
mai a réuni plus de
4.000
personnes, et on a pu
constater par l'accueil fait, soit au discours de M . Loris-Mélikoff, soit
au discours de ce grand maître de la langue française, Anatole France
(
Vifs applaudissements),
l'immense désir de la démocratie italienne de
fraterniser avec la démocratie française. La réunion vota un ordre du
jour qui a dû être envoyé au ministère des affaires étrangères, comme
probablement lui ont été envoyés les ordres du jour semblables de
Milan, Naples, Alexandrie.
En ce moment, il y a des Comités permanents à Milan, Gènes et
Rome; il est probable que si la question macédonienne et la question
arménienne ne trouvent pas une solution satisfaisante par les moyens
Fonds A.R.A.M