Vous n'aurez pas de peine à me faire remplacer. Si je suis
absent de corps, je serai du reste d'âme avec vous.
M . Louis H A V E T
Membre de l'Institut.
Paris, le 24 octobre igo3.
Demain je ne pourrai assister à votre réunion macédonophile
et arménophile. Vous savez que je m'associe d'avance à tout ce
qui se fera contre la barbarie turque et contre les complicités
européennes, — y compris la complicité que nos complaisances
pour la Russie imposent à la France.
A vous cordialement.
M . B E R T H E L O T
Sénateur,
Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences,
Membre de l'Académie Française.
Regrette qu'une réunion de famille le retienne le
25
courant
et l'empêche de témoigner sa sympathie toujours vive, mais hélas!
impuissante pour les opprimés. Le monde est livré à la force et
à l'injustice. Les jours d'équité et de fraternité sont rares et
fugitifs!
/
MICHEL BRÉAL
Membre de l'Institut.
24
octobre
igo3.
Ne croyez-Vous pas qu'il serait à propos d'envoyer un avertis–
sement aux Hellènes, qui m'ont l'air de vouloir jouer un jeu bien
dangeureux.
Ils auraient l'idée, m'assure-t-on, de se mettre avec les Turcs
contre les Bulgares! J'aime à croire que c'est l'invention d'un
journaliste mal informé. Mais j'ai éprouvé un sentiment des plus
pénibles en trouvant, quelque part, affirmée la possibilité d'une
alliance greco-turque. Singulière alliance pour les descendants de
Canaris!
Les Grecs seraient les premières victimes de ces finesses.' La
Grèce est née, elle a grandi, elle a encore récemment échappé à un
désastre, grâce à la sympathie de l'Occident. Qu'elle prenne garde
de s'aliéner cette sympathie! L'alliance de la Turquie ne pourrait
lui apporter que le déshonneur.
Vous, qui êtes philhellène comme moi, dites cela demain.
Vous rendrez service aux Grecs et vous empêcherez peut-être la
diplomatie contemporaine d'enregistrer un scandale de plus.
(
Vifs
applaudissements).
L A RÉDACT I ON D E
LA
GÉORGIE
L a r éda c t i on du journal
La Géorgie
envoie l'adresse
suivante :
Exprimant, aux Arméniens et aux Macédoniens, les senti–
ments de sympathie et de solidarité des Géorgiens, la rédaction
de
La Géorgie
croit de son devoir de rappeler aux vaillants
défenseurs de la liberté et de la justice cette criminelle complicité
de l'a Russie qui ne s'occupe des questions macédono-armé-
niennes que pour réaliser ses visées séculaires, l'occupation de
Stamboul.
HOLLANDE
Adh é s i on s de M M . Va n der Vl ug t , d é pu t é , professeur de
droit international; Devriès, délégué de la Ligue Né e r l a n –
daise pour la Pa i x .
ITALIE
Le président rappelle les magnifiques réunions de Milan, de
Rome, de Gênes, etc., et lit les adhésions des députés Del Balzo,
Pavia, Marquis Biscarelli di Ruffia, G. Baroncelli, ancien minis–
tre, du P
r
Sergi, des avocats Mirabelli, Pansini, etc., et les
lettres de
M . BOSSI.
Député.
Gènes, 22 octobre 1903.
Je suis très mortifié de ne pas pouvoir être présenta la réunion
du
25,
à cause d'une très sérieuse circonstance personnelle im–
prévue; quelle que soit la décision que vous prendrez, je vous
donne d'avance mon adhésion.
M . E . T . MO N E T A
Président de l'Union Lombarde pour la Paix.
19
octobre 1903.
Il m'est impossible de venir à Paris en ce moment; un très
grand deuil de famille et l'énorme travail de la
Vita Internationale
m'en empêchent ; mais je crois que nous ne sommes pas loin
d'aboutir à quelques bons résultats pour la cause que vous et
Quillard servez avec tant de .dévotion. Après l'union cimentée
aujourd'hui si heureusement entre la France et l'Italie, et après le
traité d'arbitrage franco-britannique, nous avons droit d'espérer
que cette entente cordiale des trois nations les plus libérales d'Eu–
rope pourra et devra exercer sa bonne influence dans la politique
extérieure, principalement dans l'intérêt des populations armé–
niennes et macédoniennes, envers lesquelles l'Europe a des
obligations positives et anciennes.
Si, le groupe interparlementaire, duquel M . d'Estournelles est
l'âme, prend une initiative dans ce sens, je suis sûr que l'Italie le
suivra sans retard.
En f i n , M . de P r e s s en s é lit une lettre très é n e r g i q u e de :
M . H . L A F ON T A I N E
Sénateur de Belgique.
Ce 23 octobre igo3.
J'ai mille regrets de n'être pas parmi vous le jour où vous
élèverez, une fois de plus, votre juste et énergique protestation
contre la lâcheté des gouvernements qui laissent en Arménie et en
Macédoine se perpétuer les pires excès. Armés jusqu'aux dents,
vingt fois plus forts dans leur ensemble que le Sultan Rouge, les
États civilisés se taisent ou s'abstiennent. Pourquoi avoir exigé des
peuples des sacrifices qui se chiffrent par des milliards, et ne pas
mettre les cuirassés et les canons au service, sinon du droit, du
moins de la pitié ?
Et nul n'en ignore, c'est parce que les ministres et les diplo–
mates se défient les uns des autres, à l'insu et malgré la volonté
des peuples, que tout cet outillage guerrier, demeure inutile et
inerte.
Il est bon qu'il soit dit aux diplomates et aux princes, que leur
duplicité et leurs convoitises écœurent jusqu'au vomissement les
gens honnêtes et francs. Il est bon surtout qu'on les cloue au
pilori et qu'on crie aux foules prévenues ou aveuglées : « Voilà
les complices des assassins! »
C'est ce que j'aurais voulu crier avec vous, de toute la force de
mon mépris.
(
Vifs
applaudissements.)
Puis, commencent les discours :
M. F. DE PRESSENSÉ
MESDAMES, MESSIEURS,
Nous vous avons convoqués ici aujourd'hui pour continuer, ou
plutôt pour reprendre la campagne que nous avons ouverte il y a huit
mois au Château-d'Eau. C'était la France, alors, qui avait pris l'initiative
du mouvement; nous avions tenu à donner à celle-ci un caractère
qui la mit en dehors et au-dessus des partis. Aujourd'hui nous avons
tenu à donner à celle-ci un caractère international; c'est pour cela que
nous avons fait appel à quelques-uns des hommes généreux qui, dans
les pays de l'Occident ont compris le devoir et l'intérêt des amis de la
civilisation et de la paix.
Fonds A.R.A.M