Pologényé
de mars 1836, c o n t r e s i g n é
par Nicolas I
e r
qui ne passa jamais
cependant pour un empereur t r è s libé–
ral. L ' ukase p r é p a r é par M . de P l ehwe
et s i gn é par le tzar Nicolas II a été
rendu, en violation formelle de l'acte
de mars 1836, pour renforcer les me–
sures déjà illégales et contraires à
cet acte prises depuis 1896 par le gou–
verneur g é n é r a l Galitzine.
L'article 9 (titre I) du
Pologényé
porte que :
Les Églises a r mé n i e n n e s g r é g o r i e n n e s de
Russie ont le droit de p o s s é d e r des biens
immeubles.
Le nouvel ukase ne supprime pas
cet article, mais il le rend en fait i l l u –
soire, puisqu'il retire aux é g l i s e s le
droit d'administrer les biens qui leur
appartiennent et en transfère les reve–
nus nu T r é s o r public. Le
Pologényé
au contraire reconnaissait formelle–
ment au Synode a rmé n i e n - g r é g o r i e n ,
c omp o s é de quatre é v ê q u e s et de qua–
tre archimandrites, p r é s i d é de droit
par le, catholicos et r é s i d a n t à E t c h –
miadzin, les droits de surveillance et
d'administration.
(
Art. 35, Titre
III.)
Au Synode a r mé n i e n - g r é g o r i e n appar–
tient
2. —
De veiller sur la prospérité des cou-
venls, des églises, des écoles et des édifices
de bienfaisance
3.
—
D'administrer les biens de l'Eglise
arméno - grégorienne.
. . . . . • .
15.
—
De conserver les registres (c'est-à-
dire de régler les comptes) de tous les biens
des couvents et des églises a r mé n o - g r é g o -
riennes sur le territoire russe.
L'article 48 du même titre p r é v o y a i t
de quelle ma n i è r e et par quelle per–
sonne s'exercerait ce c on t r ô l e du
Synode.
Le trésorier du Synode arménien-grégo–
rien reçoit et conserve toutes les sommes
appartenant au dit Synode et les dépense
pour les besoins nécessaires, c o n f o rméme n t
aux décisions du Synode.
A i n s i était o r g a n i s é e l'administra–
tion
centrale. Le s titres et articles s u i –
vants r èg l en t le mode d'administration
des biens de chaque d i o c è s e . L ' a r t i –
cle 67 du titre I V en remet le c on t r ô l e
aux évoque s qu i rendent compte an–
nuellement au Synode
(
Article 69,.
Article 67.
—
Les évêques diocésains sont
chargés d'inspecter les diocèses qui leur
sont confiés et de contrôler la totalité des
biens des églises et des couvents.
Article 69.
—
A
la fin de chaque année,
les évêques diocésains de l'Eglise a r mé –
nienne g r é g o r i e n n e p r é s e n t e n t au Synode
a rmé n i e n grégorien un compte rendu g é n é –
ral des affaires de leur diocèse.
Ma i s le c on t r ô l e seul appartient aux
é voqu e s . L'article 77 du titre V confie
l'administration proprement dite aux
consistoires c omp o s é s d'un archiman–
drite et de trois a r c h i p r ê t r e s :
Les consistoires de l'Eglise a r mé n i e n n e
g r é g o r i e n n e sont chargés :
4.—
D'administrer la totalité desbiens des
couvents et des églises qui leur sont subor–
d o n n é s .
Tous ces textes sont formels et c a t é –
goriques, Le s textes concernant les
écoles et qui ont été violés a n t é r i e u r e –
ment par le prince Galitzine ne le sont
pas moins. Ces textes autorisent les
collectes en faveur des é co l e s et re–
mettent aux consistoires l'emploi des
sommes ainsi obtenues par les dons
particuliers (article 115, titre VI I I ) .
Dans toutes les églises et les mo n a s t è r e s
des diocèses où i l existe une école ecclésias–
tique, des collectes se font, suivant l'ordre
habituel. Les sommes obtenues de celte ma–
nière sont envoyées au consistoire du dio–
cèse pour subvenir aux besoins de l'école.
En outre, les couvents, rivaux de
l'Eglise s é cu l i è r e , allouaient chaque
a nn é e une partie de leurs revenus à
l'entretien des é co l e s d i o c é s a i n e s .
L e droit des consistoires sur les
écoles était tellement év i den t que les
trtijunaux russes en reconnurent l'exis–
tence, lors des mesures violentes prises
par le prince Galitzine : fermeture des
é co l e s , interdiction des collectes, trans–
fert au gouvernement russe des reve–
nus des é co l e s . C'est, en grande partie
pour sanctionner ces p r em i è r e s mesu–
res qu'a été rendu l'ukase de spoliation
définitive.
L'acte de l'autocratie russe a é t é ac–
cueilli par la r é s i s t a n c e universelle de
la population a r mé n i e n n e ; i l ne fallait
pas moins que cette brutale d émo n s –
tration par le l'ait pour surexciter à ce
point l'indignation d'un peuple essen–
tiellement loyaliste. Cependant, pa rmi
les A rmé n i e n s , ceux-là seuls qui ne
voulaient pas voir et qui s'étaient mis
des ceillières ont pu ê t r e douloureuse–
ment surpris par l'ukase de Nicolas II.
Ils se croyaient toujours aux â g e s heu–
reux du traité de Tu r k i n e n t c h a ï et du
traité de Be r l i n , alors que les tzars
avaient i mmé d i a t eme n t p r é s e n t s à la
mémo i r e les services rendus dans la
paix et dans la guerre par les A r mé –
niens de Transcaucasie. Ma i s si les d é –
portations en S i bé r i e des meilleurs
d'entre les A rmé n i e n s de Russie, d è s le
p r o c è s de Ka r s en 1892, ne leur
avaient pas ouvert les yeux, la con –
duite de la diplomatie russe avant,
pendant et a p r è s les grands massacres
les aurait dû d é s a b u s e r : à toutes les
paroles, à tous les conseils d ' h uma n i t é
qui l u i étaient a p p o r t é s par les ambas–
sadeurs e u r o p é e n s , le prince Lobanoff
r é p o n d a i t qu'il ne voulait pas laisser se
constituer au Caucase une seconde
Bulgarie.
Cetle h y p o t h è s e absurde à laquelle '
son propre auteur ne pouvait pas
croire l'ut cause que le gouvernement
russe retarda l ' e nqu ê t e sur les massa–
cres de Sassoun, y prit part à contre–
c œ u r et refusa de s'associer en 1895 à
toutes les mesures qui auraient rendu
efficace l'article du traité de San Ste–
fano devenu l'article 61 du t r a i t é de
Berlin, par où la Russie et l ' Eu r ope
avaient reconnu la d é t r e s s e et pris en
main le salut de la nation a rmé n i e n n e .
Cette h y p o t h è s e absurde l'ut cause
que trois cent mille A rmé n i e n s p é r i –
rent, sans que la Russie et son alliée
fissent un réel effort pour les sauver;
et quand une autre puissance, à la
veille des grandes tueries proposa de
mettre le Sultan à la raison, l'ambas–
sadeur russe, t r a î nan t à sa suite l'am–
bassadeur français que son ministre
contraignait à cette indigne d éma r c h e ,
fit savoir que tout acte de coercition
contre Abd - u l -Hami d serait tenu pour
un
casits belli
et par la vo l on t é du
prince Lobanoff et de M . G . Hanotaux,
son complice, l 'As s a s s i n r e çu t pleine
autorisation de tuer.
Autant que le mauvais vouloir de
l'empereur d Al l emagne , l'inertie cal–
culée du tzar russe permit ainsi au
Sultan de massacrer à son g r é .
Le s mesures prises ensuite contre les
émi g r é s réfugiés en territoire russe ne
furent qu'une c o n s é q u e n c e logique de
la politique a dop t é e par les ministres
successifs des affaires é t r a n g è r e s à
S a i n t - P é t e r s b o u r g , qui ob é i s s a i e n t aux
directions de Pobédonotzeff. L a spo–
liation des biens de l'Église a rmé n i e n n e
est l'aboutissant la lui de celte même
politique.
E n droit, celte spoliation ne peut
ê t r e aucunement justifiée, a p r è s exa–
men du
Polggéngé
de 1836. C'est pro–
bablement aussi une faute lourde du
gouvernement russe qui se crée à l u i -
Fonds A.R.A.M