L e N u m é r o :
30
centimes.
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S E P T E M B R E 1903
Pro Armenia
9
R Metteur en Chef i
Pierro QUILLARD
Adresser (out
ce qui concerne la Direction
à M.
Piere
QUILLARD
l O , R u e N o l l e t ,
Paris.
A B O N N E M E N T S :
France
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Paraissant le
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et le i5 de chaque mois
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III—— I —
COMITÉ DE RÉDACTION :
G.
Clemenceau, Anatole France, Jean
Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
Secrétaire de rédaction i
Jean LONGUET
ADMINISTRATION '.
Rut Monsieur le Prince. tO
P A R I S (6«)
A B O N N E M E N T S :
France
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Etranger
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> ARMENIA
est en vente :
à l'Administration rue Monsieur-le-Prince, 10, FARTS (VI
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)
et dans les principaux kiosques et librairies.
SOMMAIRE :
Lettre au ministre des affaires étrangères
(
FRANCIS DE
PRESSENSÉI.
—
La Quinzaine : Arménie et .Macédoine
(
PIERRE QUILI.ARI>I.
—
Lettres d'Erzinghian et d'Akhlat.
—
Le nouveau Pape et les Arméniens
I R A
—
Nouvelles
d'Orient : La russification des Arméniens au Caucase :
En Macédoine ; Servilité d'opprimés ; Le Sultan et la
catastrophe du Métropolitain : Décorations (P.
Q.)t —
Documents : Correspondance diplomatique sur les
affaires de Zeitoun (octobre
i8g5
-
avri!
1896
[
Livre Jaune
de 1897).
L e t t r e a u M i n i s t r e d e s A f f a i r e s étrangères
Francis de Pressensé a adressé au
ministre des affaires é t r angè r e s la
lettre suivante :
Monsieur le Ministre
et cher
Collègue.
J'ai l'honneur de vous prévenir que,
dès la rentrée, j'ai l'intention de vous
interpeller sur les graves
événements
qui se déroulent en Turquie. La Ma–
cédoine est le théâtre d'un drame san–
glant auquel les puissances
intervenan–
tes semblent radicalement
incapables
de mettre un terme.
Il me sera permis de rappeler que,
dès le mois de mars dernier, à la tri–
bune de la Chambre, j'avais prévu et
prédit lamarche fatale de cette crise,
signalé l'insuffisance dérisoire des pré–
tendues mesures de réforme,
critiqué
l'abdication des puissances
occidentales
entre les mains de l'Autriche et de la
Russie, et indiqué,
conformément
aux
leçons de l'expérience et aux vœux des
populations, la constitution
d'uneCom-
mission de contrôle européenne
comme
seul remède
efficace.
La suite des événements
n'a fait que
confirmer l'exactitude de ces vues. Il
me semble impossible, d'une part, que
la France se résigne à laisser empirer
une situation qui aboutirait
vraisem–
blablement, à travers des flots de sang
à une grande guerre et d'autre part,
que le gouvernement
républicain ne
tienne pas à répudier toute responsa–
bilité à l'égard de ce triste passé et sur–
tout de néfaste
avenir.
Pas plus que naguère je ne croirai,
dans mon interpellation,
devoir
sépa–
rer de la question macédonienne
celle
de cette infortunée
Arménie qui se voit
de nouveau, en sus de l'oppression
chronique dont elle souffre, en butte
aux menaces de la politique
hami–
dienne et de ses
instruments.
F R A N C I S D E P R E S S E N S É .
LA QUINZAINE
Arménie et Macédoine
L'insurrection ma c é d o n i e n n e , pro–
voqu é e par les atrocités du r ég ime
hami d i ene t r endue inévitable par l'iner–
tie des puissances e u r o p é e n n e s signa–
taires du T r a i t é de Berlin, obligera, né –
cessairement, dans un avenir très
proche, les gouvernements dits c i v i l i –
sés à prendre parti et à intervenir. Les
uns sont des gouvernements autocra–
tiques ou de monarchie absolue en
fait, et p r é t e n d e n t ne tenir aucun
compte des sentiments des sujets, bien
que le tzar russe l u i -même doive, en cer–
taines circonstances, ne pas aller trop
ouvertementcontie l'opinion populaire :
la guerre de
1877-1878
le prouverait. Les
autres sont des gouvernements qu i ne
peuvent agir sans c on t r ô l e , tels celui
de l'Angleterre, de la France et de
l'Italie; sans doute, les ministres des
affaires é t r angè r e s y sont à peu près
ma î t r e d'engager des négoc i a t i on s et de
les-poursuivre à leur gré ; mais ils en
doivent donner connaissance tôt ou
tard au Parlement. A i n s i m ê m e en
l'absence des Chambres françaises, qu i
ne se r é u n i r o n t pas avant la seconde
quinzaine d'octobre, le ministre ne se
sent pas absolument libre, et une lettre
comme celle de Fr anc i s de P r e s s e n s é
lui peut rappeler avec trop de raison
que dans le passé récent, l'action de la
Ré p u b l i q u e française en Orient ne fut
pas aussi importante et aussi heureuse
qu ' i l aurait convenu, et l u i i nd i que r ,
pour une é ché anc e à très bref délai, la
solution désirable.
Déjà en i go i et en
1902,
les dé –
marches des dépu t é s français ne furent
pas inutiles pour obtenir du ministre,
plein de bonne vo l on t é , l'envoi d'agents
consulaires sur les points les plus me–
nacés des vilayets a r mé n i e n s . C'est en
grande partie grêce à cette mesure de
Fonds A.R.A.M