cation méthodique et consciencieuse de son
programme d'améliorations.
Ce qui est inadmissible et scandaleux,
c'est que trop souvent la presse d'Europe
accepte de publier la version hamidienne (à
peu près semblable à la version optimiste
des gouvernements) touchant les choses
d'Arménie et de Macédoine ; et si Hamid
ne taisait les plus grands sacrifices d'argent
pour s'assurer la complicité ou le silence
de trop de journaux en Europe, il s'étonne–
rait assurément que la presse de Berlin, de
Vienne, de Buda-Pest, de Paris, ne lui fut
pas plus sévère.
LE
MOYEN DE PARVENIR.
—
Pendant la
longue agonie d'Hassan Pacha, qui trompa
la mort plusieurs fois en un an, les candidats
au poste de ministre de la marine eurent
tout le temps d'intriguer. La place est bonne
à condition de laisser pourrir les bateaux
de guerre dans la Corne d'Or, de vendre
les machines aux stationnaircs européens
qui se trouvent en avoir besoin et de par
tager avec le Maître les revenus de la Com
pagnie Mahsoussé, des mines de charbon
d'Héraclée et des ponts sur la Corne d'Or.
Tous les candidats ont été évincés en faveur
de Djellal-bey, ancien procureur général,
devenu ministre de l'instruction publique.
Ils auraient tort de témoigner la moindre
surprise : les titres de Djellal-bey primaient
tous les autres. Dénonciateur de premier
ordre, il eut l'occasion de requérir contre
de Jeunes Turcs et dans le procès de Fuad-
Pacha, c'est lui qui osa soutenir l'accusation
devant le conseil de guerre. 11 est spéciale–
ment préposé à l'administration et le vice-
amiral Mehmed Pacha dirigera les services
techniques. Mehmed-Rifaat Pacha com–
mande depuis quinze ans le yacht impérial
Sultanieh;
Hamid y abrite sa tremblante
personne chaque année, le jour du Hirkaï-
Chérif, lorsqu'il lui faut alier à Stamboul
adorer le manteau du Prophète. On ne par–
vient, à Constantinople, qu'en ayant fait
figure de bon domestique et de bon espion.
D É C O R A T I ON S .
—
On lit dans les journaux
turcs :
Le général Witte, officier allemand au service
du gouvernement persan, a été décoré de la
2"
classe du
Medjidié.
M. Dumas, sellier, a été décoré de la
4"
classe
du même ordre.
Le directeur de la police de Home est décoré
de la
2'
classe du
Medjidié,
et son adjoint de la
4'
classe de
YOsnianié.
Est-ce pour avoir expulsé l'Albanais Der–
viche Ht ma que le directeur de la police de
Rome a été décoré ou pour avoir surveillé,
ces mois derniers, le dangereux agitateur
Anatole France., illustre écrivain français,
qui osa dénoncer au peuple de Rome, en
termes magnifiques, les crimes d'Abdul-
Hamid ?
P. Q.
L e s A r t i s a n s Arméniens d ' E r z i n g h i a n
L'Arepelk
de C o n s t a n t i n o p l e a d o n n é dans son
n u m é r o d u 4 juin une i n t é r e s s a n t e é t u d e sur les
arts et m é t i e r s à E r z i n ^ h i a n . Il serait d é s i r a b l e que
p o u r chaque ville de T u r q u i e o ù les A r m é n i e n s
forment une notable partie de la p o p u l a t i o n un
s e mb l a b l e travail fut entrepris. R i e n ne servirait
plus u t i l eme n t à r u i n e r la l é g e n d e de l ' A r m é n i e n
«
saraf » par p r é d e s t i n a t i o n . O n doit r e m a r q u e r
que dans l'article ci-dessous t r a d u i t , les chefs d'in–
dustrie seuls sont i n d i q u é s ; i l faudrait, dans des
travaux analogues, i n d i q u e r le n o m b r e des o u –
vriers e m p l o y é s p o u r é t a b l i r une statistique exacte
et c o m p l è t e .
La province d'Erzinghian présente la
forme d'un triangle rectangle bordé par de
hautes montages neigeuses et traversé par
le fleuve Euphrate qui serpente en cours
sinueux et qui le divise en deux parties
bien connues sous le nom de « Haïssg-
houïsse »(en deçà) et de« Haïnghouïsse (au
delà). Ce fleuve qui devrait contribuer à la
prospérité économique et être une aide
naturelle au progrès de l'agriculture, est
devenu, bien au contraire, un redoutable
fléau par ses débordements impétueux et
par son cours toujours changeant, qui
détruit et anéantit les champs et les prairies
environnants.
Le climat est sec et rude dans la plaine, i l
est très agréable et sain sur les flancs des
montagnes ainsi que dans les villages si–
tués au bas des montagnes ; les habitants
aisés des villes vont passer un ou deux mois
pendant les fortes chaleurs d'été dans les
endroits bien aérés et abondants en sources,
où ils jouissent des charmes séducteurs de
la nature.
Le sol bien que fertile et généralement
bien cultivé par les efforts infatigables du
laboureur zélé, renferme néanmoins, par
endroits, des marécages et des étangs in–
fects qui sont devenus un danger réel pour
la santé publique, d'où proviennent les
fièvres intermittentes et toutes les épi–
démies.
Les produits de la province consistent en
des fruits succulents et savoureux, des lé–
gumes, des céréales qu'on exporte aussi
dans les années d'abondance.
La ville d'Erzinghian, qui est bâtie vers
le nord-ouet, sur un sol tout plat, n'était, il
y a environ 35 à
40
ans, qu'un bourg insi-
nifiant et presque désert, avec quelques
habitations à moitié croulantes, où le com–
merce et les arts èt métiers étaient aussi
arriérés que l'instruction. Le commerçant
n'était autre que le modeste boutiquier, !e
brocanteur en ville, et dans les villages le
colporteur vagabond; les arts et métiers
étaient dans un état primitif pitoyable et
l'école confiée aux soins du maître d'école
traditionnel.
Depuis qu'Erzinghian est devenu le chef-
lieu du
4
e
corps d'armée, la ville a com–
mencé à entrer dans le chemin d'un pro–
grès réel ; nombre d'étrangers s'y dirigèrent
de plus en plus des régions voisines, telles
que Erzeroum, Eghin, Arabkr, Kharpout.
Ils commencèrent à s'y établir en hâte pour
exploiter les terres restées encore vierges et
mettre en pratique leurs connaissances
techniques, ce qui contribua indirectement
à uneémulation ardente parmi les indigènes
ignorants.
Et, en effet, l'habitant d'Erzinghian sous
peu, fit des progrès à pas de géants dans
toutes les branches du commerce, de l'art
et d'instruction, grâce, d'un côté, aux
efforts réunis des indigènes et des étrangers
et à leur fiévreuse activité, et d'un autre
côté, aux relations intimes désormais éta–
blies avec Constantinople. Aujourd'hui,
Erzinghian est, sans nul doute, considéré
comme l'un des centres les plus importants
de la Turquie surtout au point de vue in–
dustriel.
Les Arméniens, environ au nombre de
8
à
9,000,
s'occupent du commerce et des
arts et métiers; par leur droiture et leur
activité, ils sont arrivés à occuper des rangs
élevés et sont estimés par le gouvernement
local. Cette fois-ci, nous allons présenter
par un aperçu sommaire l'artisan armé–
nien, et dans une correspondance pro–
chaine, nous parlerons des œuvres d'ins–
truction.
Tissage.
—
Il y a 85 à
90
tisseurs; la
maison Sépian est une maison bien
connue; elle fait le commerce des tissus en
gros de toutes sortes, qui sont vendus en
grande partie sur les places d'Erzeroum,
Gumuchané et Paperte. Le métier de tis–
serand est devenu doublement utile pour
notre population ; d'abord, le tissage est
l'occupation journalière des femmes qui
peuvent ainsi subvenir, pour une part mo–
deste, aux besoins du ménage; et ensuite,
celles-ci occupées à leurs ouvrages ma–
nuels, ne peuvent se réunir et trouver
ainsi l'occasion de perdre leur temps pré–
cieux èn médisances vaines et futiles.
Lingerie.
—
Il y 7 artisans qui s'occu–
pent de la fabrication des serviettes fines de
tout genre, des draps de lits, des tabliers
et autres objets.
Fabricants de fichus.
—
Il y en a huit
qui ont chacun, en moyenne, de 5 6 ou–
vriers ; ils fabriquent des voiles de tout
genre, des fichus, etc.
Teinturerie.
—
Il y a en tout 6 teintu–
riers; ils peuvent teindre des tissus de laine,
de coton, des châles, etc. Ce métier aura
un grand succès, si l'on pratique les procé–
dés scientifiques actuels.
Peintres en bâtiments.
—
Il y a trois
peintres en bâtiments arméniens ; ils savent
peindre des reliefs, des corniches, des
maisons, des fenêtres et des murs, et des
fleurs aux couleurs fines sur les plafonds.
Tailleurs.
—
Ce métier est en grand
Fonds A.R.A.M