tinople de chefs Kurdes qui viennent
chercher des ordres de massacre, par
un commencement d'exécution du plan
longuement mé d i t é , Ab d - u l -Hami d s i –
gnifie aux gouvernements signataires
du Tr a i t é de Be r l i n que la Ma c é d o i n e
ne l'occupe po i n l assez pour lui faire
perdre de vue l'extermination c omp l è t e
des Armé n i e n s
Le s gouvernements signataires n'ont
aucun doute sur ses intentions et ne
peuvent môme pas alléguer, ainsi qu'en
1895,
leur ignorance p r é t e n d u e . L a
lettre de Mo u s h , pub l i é e plus haut,
annonce que le consul français d ' E r –
zeroum était, au commencement de
j u i n , à B i t l i s ; si é t r o i t e qu'ait été la
surveillance des a u t o r i t é s turques et si
discret que se soit mo n t r é l'arachnorf
catholique, notre consul n'a pas pu ne
rien apprendre pendant son voyage à
Bitlis. Quant aux consuls russe' et
anglais d ' Er ze r oum, ils ont c o n s t a t é ,
tous deux, que la situation était fort
grave et le vice-consul anglais de Bitlis
vient d'être e n v o y é à Mo u s h : i l a fait
c onn a î t r e déjà que quatre bataillons
étaient à la poursuite des « r é vo l u t i on –
naires » de Sassoun et que ceux-ci
avaient pu s ' é c h a pp e r dans la monta–
gne.
A Constantinople, le même jour,
lundi 3 a oû t , l'ambassadeur russe et
l'ambassadeur se sont rendue à la Su –
blime-Porte. M . Zinowieff a r e p r é s e n t é
que la situation des vilayets a rmé n i e n s
était mauvaise, que le consul d ' Er ze –
roum l u i avait a d r e s s é des rapports
pessimistes c l que des troubles étaient
à craindre. S i r Nicolas O' Conno r a fait
des r e p r é s e n t a t i o n s analogues. L a
Porle a r é p o n d u que des instructions
très fermes é t a i en t e n v o y é e s aux valis,
que ceux-ci é t a i e n t rendus personnel–
lement responsables des excès commis
par les Kurdes et qu ' i l leur était or–
donné de prendre des mesures é n e r g i –
ques |>our p r é v e n i r tout conflit a rmé .
L'envoi de quatre bataillons turcs fait
partie de ces mesures p r é v e n t i v e s ,
c ' e s t - à - d i r e ,
selon les paroles de
M. Delcassé, que les A r mé n i e n s ver-
l'onl ainsi se doubler le nombre de
leurs ennemis.
H n'est pas fait mention que l'ambas–
sadeur de France ait imité l'exemple
de ses con f r è r e s anglais et russe. Se-
râîl-ce que le ministre des affaires
é t r a n g è r e s n'a pas encore pris connais–
sance des rapports de son consul ou
qu'il se r é s e r ve pour une action plus
efficace? L ' e x p é r i e n c e des a n n é e s 1894-
1895
a mo n t r é qu'il n ' é t a i t pas bon de
remettre au lendemain les d éma r c h e s
n é c e s s a i r e s . L ' Ang l e t e r r e , avec qui
nous ne sommes plus en é t a t d'hosti–
lité latente, et la nation amie et alliée
ont eu l'honneur de l'initiative. 11 ap–
partient à la Ré p u b l i q u e française de
formuler à son tour, avec plus de force,
les même s admonitions: Th é r a p i a n'est
pas si loin d ' Y l d i z (pie S. Ë. M . Cons-
tans ne puisse aller au Pa l a i s et noti–
fier, par ordre, à la Bête l'interdiction
de massacrer; c'est en pareille saison
qu'il r é c l ama n a g u è r e le paiement de
c r é a n c e s c é l è b r e s Est-ce que des m i l –
liers de vies humaines sciaient moins
i n t é r e s s a n t e s que les revendications,
a s s u r éme n t excellentes, de M . Tub i n i
et des h é r i t i e r s Lorando ?
Pierre
Q U I L L A R D .
NÉCROLOGIE
Charles Longuet
Notre collaborateur et am i . Jean
Longuet, vient d'être frappé d'un deuil
très cruel : son père, Charles Longuet,
est mort le
6
de ce mois, à l'âge de
64
ans.
Charles Longuet, ancien membre de
l'Internationale, ancien membre de la
Commun e , ancien conseiller mun i c i p a l
de Paris, receveur de l'octroi de la ville
de Paris, n'a pas eu un destin con –
forme à sa haute valeur intellectuelle
et digne de sa grande conscience po l i –
tique. Il ignorait l'esprit d'intrigue et
l'art de se pousser pa rmi les hommes,
en reniant des principes discutés p r é a –
lablement et acceptés par sa raison.
Non qu ' i l fut cependant un étroit doc–
trinaire. Il nous souvient que peu ap r è s
la création de
Pro Armenia,
dans une
savante causerie sur les choses d'Orient,
il nous avoua que depuis la guerre
russo-turque ses idées avaient évolué
sur ce point. Il était alors, par une
crainte légitime d'un autre despotisme
plus formidable, partisan ob s t i né de la
cause ottomane : l'ombre terrible du
tsarisme couvrant l'Europe orientale,
lui cachait le sang des massacres bul–
gares. Depuis lors, depuis surtout les
massacres d ' A rmé n i e , plus effroyables
que les massacres bulgares, il pensait,
comme nous tous, que l'existence d'un
organisme ottoman est nécessaire, mais
que pour vivre, la Tu r q u i e do i t d ' abo r d ,
sous le con t r ô l e des Puissances, accom–
p l i r les réformes né c e s s a i r e s ; sinon, sa
perte est fatale, et les c o n s é q u e n c e s en
seraient désastreuses pour l'Europe.
Au
seuil de l'ombre irrévocable,
nous saluons en Charles Longuet le
noble défenseur des causes justes, et
nous adressons à son fils l'expression
de nos très vifs et très sincères regre.ts.
P R O
A R M E N I A .
L a russification des Arméniens
AJU
C A U C A S E
Lettre de Saint-Pétersbourg.
St-Pétersbourg,
3
o juillet
igo3.
Je m'empresse de vous faire c o n n a î t r e u n
nouveau coup que le gouvernement russe
porte à l'église a r m é n i e n n e de-Russie et à
vous apprendre une nouvelle spoliation.
Vo u s vous souvenez, certes, que le gou-
t
vernement russe ferma
400
écoles a r m é –
niennes où la langue et la religion a r m é –
niennes étaient enseignées aux enfants
a r m é n i e n s . Toutes ces écoles devaient leur
existence aux subsides que les églises a r m é –
niennes leur donnaient. Or , en fermant les
écoles a r m é n i e n n e s le gouvernement russe
voulut les r ouv r i r non pas pour les enfants
a r m é n i e n s , mais aussi pour les russes, géor–
giens, turcs, aux frais des églises a r m é –
niennes, c'est-à-dire que le gouvernement
russe voulut avoir des écoles russes, mais
avec l'argent des églises a r m é n i e n n e s . L e
catholicos ne céda pas à une telle demande
illégale, vu surtout que dans ces écoles le
gouvernement russe ne voulait pas donner
la priorité à la langue a r m é n i e n n e ; par con–
s é q u e n t , le clergé a r m é n i e n ne voulait pas
que la russification s'accomplît aux frais
des églises a r m é n i e n n e s . L e gouvernement
du prince Galitzine usa donc de la force
brutale et enleva leurs biens aux églises
a r m é n i e n n e s .
Les églises a r m é n i e n n e s s ' a d r e s s è r e n t a u x
tribunaux selon l'ordre m ê m e et la permis–
sion du tzar. Les tribunaux russes t r o u v è –
rent le droit des églises a r m é n i e n n e s si
légal et juste qu'ils o r d o n n è r e n t au p r i n c
Galitzine de restituer aux églises a r m é –
niennes tous les biens enlevés illégalement
et par force.
Vo y a n t q u ' i l ne pouvait pas réussir dans
ses plans, le prince Galitzine se rendit à
P é t e r s b o u r g et voilà que le Com i t é des m i –
nistres a tait signer à l'empereur Nicolas II
le
12
j u i n , u n oukase, p u b l i é seulement le
14
juillet, par lequel l'empereur ordonne
d'enlever aux églises a r m é n i e n n e s tout ce
Fonds A.R.A.M