Arméniens, pour pouvoir à son aise verser de
nouveaux torrents de sang dans la plaine de
Moush.
Des personnes furent envoyées à Erzeroum
pour exposer les faits au consul français. Une
intervention est nécessaire sans retard ; le peuple
est impuissant à tenir tête à cette force formi–
dable et brutale qui occupe les environs de
Moush et de Sassoun.
L I R E
ANATOLIS LATINO
GL I
^ J U M E N I E ZE I TOUN
F l o r e n c e
R. Bamporad et Figlio
Cessionari detla Libreria éditrice Felice Paggï
7,
via del Proconsolo, 7
1897
Deux vol unies :
l O
francs.
LA QUINZAINE
Violences hamidiennes
et démarches d'ambassadeurs.
L e 6 a oû t , l'ambassade ottomane de
Londres communiquait à l'agence
Reuter qu'aucun excès n'avait eu lieu
dans le district de Kalkandelen ni dans
le vilayet d ' Er z e r oum. On sait ce que
vaut pour la Turquie d'Europe cet i m –
pudent d éme n t i , public cinq jours a p r è s
la proclamation officielle de l'insurrec–
tion g é n é r a l e en Ma c é d o i n e .
Il ne mé r i t e pas plus de c r é a n c e en
ce qui concerne le vilayet d'Erzeroum
ou mieux tous les vilayets a rmé n i e n s .
Autant que les d é p ê c h e s des agences
et nos informations p a r t i c u l i è r e s , rap–
p r o c h é e s des nouvelles de source tur–
ques permettent de se le figurer, nous
assistons aux p r é l imi n a i r e s d'un mas–
sacre, soit partiel, soit g é n é r a l , selon
qu'il plaira aux gouvernements signa–
taires du traité de Rerlin d'autoriser
une grande ou une petite tuerie.
A Dersim
(
Rapport
de
Khosat,
14
juillet
1903),
la r é vo c a t i on de
Mahmoud -Pacha qui tenait les Kurdes
en respect, laisse à ceux-ci libre car–
r i è r e : le 12 ils ont t u é deux habitants
a rmé n i e n s de Hazak et emp o r t é tout le
b é t a i l ; ils ont razzié tous les bœu l s à
Mo r t s chekha et à Yeretzakrag.
A Rayazid
(
Rapport du 14 juillet),
les tribus Ka r abou l ak l i et Hassananli
sont en lutte sur les montagnes de
Sinek, à neuf heures de la ville, (l'est
une s é r i eu s e petite guerre où morts
et b l e s s é s sont nombreux. Mehmed A l i
Pacha et ses h ami d i é s se sont, rendus
sur le lieu du combat; mais les adver–
saires ne veulent pas attendre; ils atten–
dent, de part et d'autre, la venue d'au–
tres tribus ma n d é e s de Perse. Le s
villages a rmé n i e n s voisins d'Ardzap,
Moussoun et autres sont directement
me n a c é s par les b e l l i g é r a n t s .
A Ritlis
([{
apport du 10 juillet
J,
des
bagarres ont eu lieu en plein ma r c h é
entre Kurdes des tribus Guebol et
Le yd a n . Le s a u t o r i t é s turques ont i n –
vité les chefs à se réconcilier, mais en
vain. Le s A rmé n i e n s craignent légiti-
mement des é v é n eme n t s graves. Ils
tiennent leurs boutiques fermées de–
puis plusieurs jours.
Mais c'est surtout du vilayet, d ' Er ze –
roum que parviennent des nouvelles
alarmantes : à la fin du mois une ren–
contre a eu lieu à Kh i n i s (d'où nous
avions reçu et publié r é c emme n t des
informations p r é c i s e s ) entre les troupes
turques, renforcées de Kurdes, et les
A rmé n i e n s : quatre soldats ont é t é
lues, trois gendarmes et quelques
Kurdes b l e s s é s . On ne dit rien des per–
tes é p r o u v é e s du côté a rmé n i e n , mais
elles sont probablement fortes et de
nouvelles rencontres sont p r é vu e s : i l
semble, en effet, que quelques bandes
a rmé n i e n n e s aient p é n é t r é dans le sud
du vilayet d'Erzeroum et même au
Sassoun bien que l'effectif de 600 hom–
mes, i nd i qué par un t é l é g r amme de
Constantinople, semble fort e x a g é r é .
Toujours est-il que le consul russe à
Erzeroum a d ema n d é l'envoi d'un dé t a –
chement de cosaques pour défendre le
consulat et é v e n t u e l l eme n t des réfugiés
A rmé n i e n s .
Cependant les journaux turcs an–
noncent pompeusement que des b r i –
gands célèbres ont é t é c a p t u r é s à
T r é b i z ond e ou à Di a r b é k i r et publient
d ' i nqu i é t a n t e s
informations
comme
celles-ci :
E n p r o v i n c e .
Un t é l é g r amme , parvenu
au ministère de l'intérieur, annonce que
S. E . Nazini pacha gouverneur général
d'Erzeroum, est r e n t r é , . a v a n t - h i e r , au chef-
lieu du vilayet. S. E . Nazim pacha, accom–
p a g n é de l'ingénieur en chef de la province,
avait élé inspecter en personne, dans le caza
de Terdjan, les travaux de construction de
la route carrossable et ceux des forts. La
longueur totale de la chaussée est de 10 kilo–
mè t r e s . Le nombre des forts, et viaducs en
construction est de 91. Ces derniers tra–
vaux sont exécutés par des entrepreneurs.
(30
juillet.)
L a gendarmerie d ' E r z e r o um .
La Su –
blime Pofjte a d o n n é ordre au gouverneur-
général d'Erzeroum de h â t e r la r é o r g a n i –
sation de la gendarmerie de celle ville.
(!
<•<• Août.)
Le caza de Terdjan fut magistrale–
ment d é v a s t é , i nc end i é et s a i gn é
en 1895. D ' a p r è s le rapport collectif
des ambassades, 40 villages y fuient
d é t r u i t s , du 6 au 30 octobre et la plu–
part des habitants ma s s a c r é s : à Paka -
r i d j , Pou l k , P i r i j , 420 maisons furent
pillées et b r û l é e s ; les habitants é p a r –
g n é s ne se s a u v è r e n t qu'en se conver–
tissant à l'islamisme. Trois villages
seulement é c h a p p è r e n t à la ruine totale :
Ka r akou l ak , Ma ugh et Hoghegh .
Il n'y avait pas alors de routes car–
rossables — m ê m e sur le papier — ni
de forts, ni de gendarmerie r é o r g a –
n i s é e . Celte fois, les villages de Ka r a –
koulak, Ma ugh e l Hoghegh subiront le
sort commun . Sa Ma j e s t é a pourvu au
grand repos de ses chers Armé n i e n s
sur leur terre natale.
Afin de bien prouver qu ' E l l e avait en
effet l'intention de reprendre les choses
au point où elle les avait laissées en
1895,
Elle a, au mé p r i s de sa propre
parole, o r d o n n é de pendre à E r z i n g -
hian, le "29 j u i l l e t , un Armé n i e n ,
c o n d amn é lors des troubles, comme on
dit. Rouben Ch i c hma n i a n , de Garni
(
district de Ko n i a k ) avait é t é a r r ê t é
en 1895 et amn i s t i é en 1896. Ma l t r a i t é
par les a u t o r i t é s locales, i l avait g a g n é
la montage à nouveau. Sur l'assurance
qu ' i l n'avait rien à craindre, i l revint à
Ga r n i , se croyant couvert par l'amnis–
tie, fut a u s s i t ô t mis en prison el con–
d amn é à mort. Depuis 2 ans, l'arrêt-
demeurait en suspens : i l a été exé cu t é
par un caprice tardif du ma î t r e . Le
29
j u i l l e t , à l'aube, Ab d - u l -Hami d a
fait pendre Rouben
Ch i c hma n i a n ,
comme i l fera pendre demain tel pri–
sonnier a rmé n i e n de Saint-Jean d'Acre
ou de Constantinople, dé t enu depuis
7
ans, et livré à son bon plaisir par
les ministres e u r o p é e n s qui l'auraient
pu sauver. I l gracie en même temps,
dans la même v i l l e , le brigand kurde
Rako et ses complices qui déva l i s è r en t ,
l'an dernier, le consul anglais, et les
prisonniers libérés sont p r ome n é s pro-
cessionnellement dans la ville.
A i n s i , par des mesures de férocité
p a r t i c u l i è r e , comme la pendaison
d ' Er z i ngh i an , par l'appel à Constan-
Fonds A.R.A.M