Le Mouvement Pro-Àrménien
Le mouvement p r o - a rmé n i e n , en
France, atteindra prochainement tout
un public t r è s é p r i s de science et de
justice, celui des Un i ve r s i t é s popu l a i –
res. L e 18 juillet, une p r emi è r e confé–
rence a eu lieu à l ' Un i ve r s i t é populaire
Zola,
44,
rue P l a n c h â t . Le s auditeurs
ont voté l'ordre du j ou r suivant :
Les a d h é r e n t s de l'Université populaire
Zola,
44,
rue Planchât, réunis ce 18 j u i l –
let 1903, a p r è s avoir entendu lès conférences
des citoyens Manuel Isak et Alfred Manoury,
demandent que le traité de Berlin ne reste
pas lettre morte et que l'Europe intervienne
c o n f o rméme n t au Statut organique du mois
d'août 1882 et au Mémo r a n d um du 11 mai 1895
pour faire cesser la trop longue série d'at–
tentats commis en Turquie contre l'huma–
nité, sans distinction de race, de n a t i on a l i t é
ni de religion.
Nouvelles d'Orient
L A RUSSIFICATION AU C A U C A S E .
La poli–
tique du prince Galitzine et de M . Velitchko
se poursuit méthodiquement en Transcau-
casie. Un décret vient de transférer à l'Etat
l'administration des biens de l'Eglise armé–
nienne, jusqu'ici gérés par le clergé armé–
nien. Déjà les fonds des écoles paroissiales
avaient été transférés à l'Etat, comme on le
sait. Le
Messager du Gouvernement
jus–
tifie cette mesure en disant que l'ancien
mode d'administration était également
mauvais pour l'Etat et pour l'Eglise elle-
même. Il allègue aussi l'opposition faite par
le clergé arménien aux ordonnances con–
cernant les écoles paroissiales. Les revenus,
dans la proportion nécessaire, seront remis
à l'Eglise arménienne. Cinq pour cent des
recettes seront attribués à la constitution
d'un fonds de secours pour l'Eglise. C'est la
russification complète.
E N MA C É DO I N E .
Le
16
juillet, les agen–
ces, tout à la paix, publiaient une note
adressée à la Bulgarie par la Porte, et qui
contenait des promesses appréciables : mise
en liberté des Bulgares suspects; retrait
d'une partie des troupes envoyées à la fron–
tière, facilités données pour l'ouverture
d'églises et d'écoles bulgares en Macédoine.
Il va de soi qu'aucune de ces promesses
n'a été tenue, et que les gens relâchés ont
été arrêtés à nouveau. Cependant, l'opti–
misme officiel est tenace, malgré les faits.
Si la Bulgarie fait des commandes de
fusils, s'assure io millions de cartouches,
livrables au
4
août, au
4
septembre, au
4
octobre, s'assure de l'artillerie chez Krup
ou au Creusot, c'est par amour de la paix,
disent les agences officieuses, qui citeraient
volontiers le
Si vis pacem.
Du côté turc,
même appréciation des événements. On a
licencié seize bataillons d'ilavès dans les
vilayets macédoniens; symptôme rassu–
rant? Rassurant pour ceux qui tiennent à
se rassurer contre toute évidence, car du
même coup, dans les vingt-quatre heures,
on appelait d'Asie Mineure dix bataillons
de rédifs : les ilavès, troupes territoriales,
restent donc en Macédoine, où on les aura
sous la main au premier appel, et la pré–
tendue diminution des troupes est un pur
trompe-l'ceil, puisque dix nouveaux batail–
lons de réserve sont venus d'Asie en
Europe, après un déplacement qui a duré
entre douze et vingt-un jours.
Un iradé du ministre de la guerre or–
donne, par ailleurs, la formation de trois
nouveaux régiments de cavalerie, qui seront
envoyés à Andrinople et Salonique, et des
munitions et approvisionnements du
4
e
corps (Erzinghian) sont envoyés par voie
de mer à Constantinople, et dirigés de là sur
les troupes de Macédoine. Un autre iradé
ordonne au directeur de l'arsenal de Cons–
tantinople, de .porter à quinze heures la
journée de travail. Enfin, dix officiers alle–
mands, au service de la Turquie, ont été
envoyés sur la frontière pour étudier le
terrain des opérations futures.
Aussi bien, quoique moinsactives à cause
de la moisson, et malgré les récentes ren–
contres qui les ont soi-disant anéanties,
les bandes insurrectionnelles ne sont
aucunement détruites. A la fin d'avril,
elles étaient au nombre de
3
o,
fortes de
700
hommes; elles sont maintenant
40,
fortes de
1,200
hommes; et le moment
venu, d'autres insurgés sont prêts à entrer
en ligne. Quant aux munitions, elles leur
proviennent de toutes sortes de façon : tout
récemment, un cocher et un artificier char–
gés de transporter des fusils à l'arsenal de
Sofia pour réparation, les volèrent pour les
livrer aux Comités.
Seules, même tardivement, des réformes
empêcheraient une tentative désespérée de
la révolution macédonienne. Les consuls
Autrichien et Russe, Paara et Mandels-
tamm, qui viennent de faire une tournée
dans le vilayet d'Uskub y ont vu le beau
travail des troupes et des fonctionnaires
hamidiens et leur collègue français a imité
leur exemple et recueilli les mêmes infor–
mations. Quant à l'émigration dans le
vilayet d'Andrinople, les journaux turcs la
nient en des notes comme celle-ci :
Un démenti.
Les j o u r n a u x turcs démentent
les nouvelles d'après lesquelles dans le village
Yénidjé d u district de Kirkkilissé la population
aurait été soumise à une série de mauvais trai–
tements. Les journaux turcs ajoutent que
d'après des lettres reçues d ' An d r i n o p l e , dans le
village de YéniJjé deux brigands avaient eu
recours aux armes ; et on a été obligé de se
servir aussi des armes, et les brigands ont été
tués.
A u c u n autre incident n'avait eu lieu.
T o u t e la population, grâce à sa Majesté le
S u l t a n , vit en parfaite tranquillité et bonheur,
et exprime, à chaque occasion, ses sentiments
de reconnaissance.
Mais les deux puissances qui mènent le
jeu diplomatique, malgré leur v i f désir de
ne point faire de peine à S . M . I., consta–
tent, dans des notes identiques
(25
juillet),
l'émigration croissante des Bulgares hors
du district de Kirk Kilissé
et recomman–
dent à la Porte de prendre des mesures
nécessaires pour l'arrêter. Enfin, en signe
d'apaisement, le jour même où la Cour
martiale de Salonique terminait ses travaux
(
sur
353
prisonniers,
4
condamnations à
mort,
29
à l'emprisonnement perpétuel,
23
acquittements,
266
inculpés sont ren–
voyés devant d'autres tribunaux), la popu–
lation de Salonique assistait à l'arrivée de
40
nouveaux prisonniers, la chaîne au cou,
aux mains et aux pieds.
Cependant si Sarafoff et les autres chefs
macédoniens font sauter quelques ponts
de chemin de fer et se défendent terrible–
ment, la presse vertueuse ne manquera pas
de flétrir la sauvagerie des révolutionnaires
macédoniens.
E N
S Y R I E .
Les nouvelles venues de
Beyrouth dépeignent sous un triste jour la
situation de la ville et des environs. La sé–
curité y est nulle grâce à la parfaite incurie
de l'administration locale. Les musulmans
se promènent en armes et les meurtres de
chrétiens sont nombreux. Mais les journaux
turcs donnent une note très différente et
l'Officiel
de Beyrouth célèbre les vertus
éminentes du Gouverneur général Réchid-
bey ; dans sa dernière tournée à Tripoli de
Damas, Réchid-bey a pris des mesures éner–
giques qui ont abouti à l'arrestation de
quatre malfaiteurs;
«
trente-sept autres onl
été livrés à la justice et condamnés par
défaut, ainsi que trente autres brigands
ou voleurs et dix-sept déserteurs
»,
ce qui,
traduit en langage européen, signifie que
sur quatre-vingt-seize personnes recher–
chées, les agents de Rechad-bey en ont
arrêté quatre.
T R É S OR VIDE.
Le ministre des finances,
Rechad pacha, souffre, comme Panurge,
d'une perpétuelle pénurie d'argent, si bien
qu'il a donné et, par ordre, repris sa dé–
mission. Des instructions étaient venues
d'Yldiz enjoignant de payer un mois d'ap–
pointements aux fonctionnaires qui, depuis
mars, n'ont pas touché un para. Il fallait
25
o
.
ooo livres ; Rechad en possédait
32.000.
On donnera sans doute aux fonctionnaires
des bons qu'ils négocieront péniblement
chez les sarafs ; mais si les sarafs ne
voulaient plus prêter sur un aussi piteux
papier ? Les officiers et les soldats sont
dans le même cas que les fonctionnaires
Fonds A.R.A.M