et Tu r c s ne font que de l'élevage) sont
successivement d é v a s t é s par les enva–
hisseurs; vainqueurs ou vaincus, les
combattants font payer à l ' Armé n i e n
leur victoire ou leur défaite.
A Pachavank, l'église et l'école sont
o c c u p é e s par les Ku r de s . A Hagh t ough
où s év i s s en t à la fois les nomades et
les garnisaires t ur cs , trois jeunes
filles ont é t é v i o l é e s . Revendiquant
t r è s haut leur titre de milice h ami d i é ,
les intrus refusent d ' obé i r aux ordres
que leur adressent, pour la forme, les
Mutessarifs, K a ï ma k am s et autre vale–
taille administrative.
A Kh o z l o u
(
Rapport d'Erzeroum,
11
juin),
H a l i l agha, capitaine des hami –
diés de B i l i k i descend au village avec
15
hommes, blesse plusieurs A r m é –
niens, emmè n e 78 buffles et bœu f s . Faute
de b è t e s de somme et de labour, la
culture est e n t i è r eme n t a b a n d o n n é e .
P l u s au sud à Djildekan, vilayet de
Segherd
(
Rapport de Bitlis, 7 juin).
Mamo Ra c h é , de la t r i bu de Ri chko t an
enlève Zequo, femme de Rapo . L e
chef kurde suzerain de Rapo, veuf dé –
livrer la femme de son client. Ma i s le
cheik de Zilan s'y oppose : ce pieux per–
sonnage fut en 1896, l'instigateur des
massacres de Di a r bék i r . Dans le cas
p r é s e n t , il estime que Mano Ra c h é a
accompli un acte a g r é a b l e à Dieu en
convertissant, une femme ghiaour à
l ' i s l am; si elle était r e s t i t u é e à son
mari, aucun Kurde n'oserait à l'avenir
enlever une femme de c h r é t i en et ce
serait grand dommage; car i l est du
devoir de bons musulmans de convertir,
par rapt ou autrement, les femmes des
infidèles.
A i n s i les é v é n eme n t s les plus r é c e n t s
commentent et expliquent déjà la d é p ê –
che que nous avons r e ç u e de Tiflis.
Une lecture attentive des journaux
turcs la rend plus claire encore et au–
torise à penser que les Kurdes n'agis–
sent point de leur seule initiative, mais
que le gouvernement hamidien les
excitç et dé s i r e e x é c u t e r cette a nn é e ,
les tueries qui durent ê t r e remises, l'an
dernier. Jamais en effet, Hami d ne
t émo i g n a avec plus d'ostentation de sa
sollicitude pour les Armé n i e n s et ne
p r é p a r a mieux sa r é p o n s e à tout repro–
che de comp l i c i t é dans les meurtres
futurs.
Ce ne sont que c ommu n i q u é s de ce
g o û t :
Le conseil du ministère des finances vient
de décider d'envoyer à Va n deux fonction–
naires du Malié avec mission de régulariser
les o p é r a t i o n s financières de cette province
(7
juillet.)
ou encore :
S. M . I. le Sultan dont le principal souci
est de voir assuré le b i e n - ê t r e de tous ses
sujets sans distinction, a o r d o n n é à qui de
droit, de faire é g a l eme n t le nécessaire dans
la Turquie d'Asie pour amé l i o r e r davantage
le sort de la population de cette c o n t r é e .
A i n s i , aux termes des ordres envoyés d'ici,
le vali d'Angora s'est rendu à Césarée où i l
se trouve depuis quelques jours. Le vali est
c h a r g é d'étudier sur place les mesures pro–
pres à atteindre le but poursuivi. Les gou–
verneurs de Mamouret-ul-Aziz, de D i a r b é –
kir et d'Adana ont, à leur tour, entrepris des
tournées dans l'intérieur de ces provinces.
(28
juin.)
ou encore :
Les provinces de Va n , de Bitlis et de Diar–
békir subiront des modifications dans leurs
divjsions administratives. Des nouvelles
communes y seront créées à l'instar dë*S pro–
vinces de la Turquie d'Europe. Ces mesures
administratives seraient de nature à déve–
lopper le commerce, l'industrie et l'agricul–
ture de ces vilayets et à augmenter la sécu–
rité publique. Les valis de ces provinces ont
été invités par la Sublime Porte à envoyer ici
leur projet détaillé à ce sujet.
(29
Juin.)
ou enfin :
Nous avons a n n o n c é qu'aux termes d'une
décision impériale, la gendarmerie de toutes
les provinces de l'Empire, sera réorganisée à
l'instar de celle des provinces de la Turquie
d'Europe.
Nos confrères turcs apprennent que des
Commissions et dessous-Commissions mixtes
ont été déjà formées dans les chefs-lieux des
vilayets et des sandjaks pour p r o c é d e r à la
réorganisation.
(22
Juin.)
L'effectif de la gendarmerie de Diarbékir
sera renforcé de 110 hommes dont 40 gen–
darmes à cheval.
(1"
Juillet.)
Autant que les mouvements s t r a t é –
giques des tribus kurdes, ces e n q u ê t e s
financières et administratives et ces
soi-disant bonnes intentions h a m i –
diennes sont de mauvais augure. On ne
doit pas oublier qu'en 1895, le voyage
du haut commissaire imp é r i a l donna le
signal des massacres; et quant au ren–
forcement de la gendarmerie, M . De l –
c a s s é indiquait n a g u è r e quels avan–
tages en peuvent attendre les A r mé –
niens qui trouvent dans de tels <. pro–
tecteurs » des ennemis aussi dangereux
que les Kurdes.
L ' a n dernier, à pareille é p o q u e , les
a p p r é h e n s i o n s é t a i e n t aussi cruelles
qu'aujourd'hui. Nu l doute que le mas–
sacre n'ait été alors p r é p a r é , comme i l
l'est maintenant. Le s gouvernements
d'Europe consentirent à un acte de
p r é s e r v a t i o n : l'envoi de consuls aux
endroits les plus me n a c é s emp ê c h a
l'accomplissement des tueries proje–
t é e s . Ce qui s'est fait l'an p a s s é se peut
et se doit faire cette a n n é e .
Il faut que le c r i de d é t r e s s e venu
de la terre de douleur soit entendu et
que si le gouvernement russe man i –
feste, comme on le dit, le d é s i r d'in–
tervenir, le gouvernement de la Ré p u –
blique amie et alliée ne se laisse pas
devancer par l u i ni par le gouvernement
anglais, ami aussi maintenant. S'ils se
jugent incapables d'exigerdes r é f o rme s
profondes auxquelles ils devront se
r é s i g n e r t ô t ou tard, les chefs des puis–
sances signataires du t r a i t é de Berlin
voudront du moins s ' é p a r g n e r la honte
et l'horreur d'un nouveau massacre
dont ils seraient aussi directement
responsables que l 'As s a s s i n l u i -même .
Pierre
Q U I L L A R D .
Une lettre de Gladstone
Dans son n umé r o du 15 j u i n ,
La Ras-
seyna inlernazionale
de Rome publie le
compte rendu complet du Comice du
25
ma i et des lettres ou articles de
M M Mi c h e l Delines, Alessandro Ch i a -
pelli, Cesare Lomb r o s o , A . Graf, A n –
tonio Foggazza ro . M . Mi c h e l Delines
communique le
fac-similé
d'une lettre
de Gladstone, d a t é e de février 1897.
Celui qu i , le premier, trouva au nom
de S. M . I. Ab d - u l - Ham i d le plus juste
des synonymes en l'appelant avec une
e x t r ême mo d é r a t i o n
le Grand
Assassin,
écrivait alors :
Les idées qui m'animaient au temps
de la crise bulgare me dominent en–
core aujourd'hui. Mais les intentions
du gouvernement russe me semblent
avoir accompli une véritable volte-
face. Je me demande souvent ce qu'au–
rait pensé le tsar Alexandre III de la
conduite de la Russie pendant ces
deux dernières années et aujourd'hui.
Mon jugement sur la conduite des six
puissances est un mélange de douleur
et d'indignation.
Gladstone é p r o u v e r a i t aujourd'hui le
même sentiment de douleur et d'indi–
gna t i on : le Gr and As s a s s i n n'est point
encore c h â t i é ; i l tient rang toujours
parmi les souverains et chefs de peu-
Fonds A.R.A.M