TROISIÈME A N N É E .
N° 63
Le Numéro : France,
40
cent. — Étranger :
50
cenl.
15
J U I N 1 9 0 3
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QUILLARD
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QUILLARD
I O ,
R u e
N o l l e t , P a r i s .
A B O N N E M E N T S !
France
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Etranger
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Paraissant le
I
e
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et le i5 de chaque mois
COMITÉ DE RÉDACTION :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
Secrétaire de r é d a c t i o n i
Jean L O N G U E T
A D M I N I S T R A T I O N '.
Rue Monsieur le Prince. 10
P A R I S (6«)
A B O N N E M E N T S
l
France
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Etranger
I O »
PRO .AJEt.M3E1NT.A:
est en vente,
A. l
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Administration,
10,
r. Monsieur-le-Prince;
Chez
Brasseur,
Galeries de l'Odéon;
Boulinier.
10.
boulevard Saint-Miel» I ;
S O M M A I R E
:
La Quinzaine : Dans les provinces et dans les prisons
hamidiennes (PIERRE
Q U I L L A R D ) .
Le discours du
D
r
J . - L O R I S MÉI.IKOFF au Comice de Rome. — Rapport
de Nipirguerd (suite et fin). — Le mouvement proar-
ménien : E n Allemagne ; en Italie : discours D ' A N G E L O
DE G U B E R N A T I S ( P . A . ) .
Nouvelles d'Orient : La
tuerie de Belgrade; E n Macédoine ; Presse hamidienne ;
La gendarmerie ; Condamnations et promotions armé–
niennes ( P . Q . ) .
LA QUINZAINE
Dans les Provinces et dans
les Prisons hamidiennes.
On lira plus loin une liste nomi n a –
tive de vingt-huit prisonniers a r mé n i e n s
qui devraient, en vertu des amnisties
p r é t e ndu e s , être, selon le c a r a c t è r e de
leur peine, dépo r t é s dans une enceinte
fortifiée ou mis en liberté. Les quatre
premiers noms de cette liste auraient
dû p r é c i s éme n t voir leur peine com–
mu é e en celle de la dé t en t i on pe r pé –
tuelle dans une enceinte fortifiée. Il
faut y ajouter :
Ar d a c h è s S i r ad i an ,
Mi h r a n Idaredjian,
Garabed Ma r k h a r i a n ,
A r m é n a k Dj a n i k i a n ,
tous quatre c o n d a mn é s à mort, voilà
t an t ô t six ans, et dont le cas est le
m ê m e que celui des p r é c é d e n t s .
D'autre part, Ar d a c h è s Hanoun i an
et Ab r a h am Zakha r i an ont été trans–
portés de Constantinople à Bodroun et
Boghos Sarian à Saint-Jean-d'Acre.
A Sinope sont e n f e rmé s deux autres
A la Société Nouvelle de Librairie, 17, rue Cujas;
Au Kiosque 23, boulevard des Italiens;
117,
boulevard des Capucines;
27.
boulevard Montmartre ;
Chez
Blancard, à
Marseille;
Cohen,
à Montpellier;
Eggimann, à Genève.
prisonniers dont nous n'avons pas les
noms, ainsi qu'un grand nombre d'au–
tres dans des enceintes fortifiées.
A T r i p o l i d'Afrique sont i n t e r n é s
vingt-trois prisonniers politiques origi–
naires de Constantinople, et treize o r i –
ginaires des provinces, parmi lesquels
Hampa r t zoum Boyadjian, l ' un des
h é r o s du Sassoun.
Le traitement subi par celui-ci lors
de l'instruction judiciaire me n é e contre
lui fera c o n n a î t r e en quel état les c r i –
minels politiques arrivent dans les
geôles turques.
Dès son arrivée à Bitlis, le prisonnier
fut mis au secret, dans un cachot obs–
cur et humi de . On l u i passa un anneau
de fer au cou et de pesantes c h a î n e s
aux pieds et aux bras. Il couchait sur
un morceau de paillasson et se couvrait
de v ê t eme n t s en loques. Pou r toute
nourriture, on l u i donnait un morceau
de pain rassis que l'on oubliait parfois
d'apporter, pour l'affaiblir par la faim.
Quand on le jugea
suffisamment
d omp t é par ce r é g ime , i l fut conduit
chez le gouverneur géné r a l qu i l'invita
à signer une dé c l a r a t i on dans le sens
suivant :
«
Je regrette d'avoir ajouté aux pa–
roles des puissances é t r angè r e s et sur–
tout du gouvernement anglais, qui
m'avaient promis de grosses sommes
d'argent, des armes et des mun i t i ons .
C'est sur la foi de ces promesses que je
suis venu fomenter des troubles en
Tu r qu i e , Mais je suis p e r s u a d é mainte–
nant que l'Angleterre cachait ses inté–
rêts particuliers sous le couvert de la
philanthropie et de la sollicitude poul–
ies c h r é t i e n s d'Orient. C'est à son insti–
gation que j ' a i suscité ces troubles et
fait couler le sang des A r mé n i e n s qu i
depuis des siècles vivaient tranquille–
ment sous la bienfaisante tutelle du
gouvernement imp é r i a l . »
E n m ê m e temps, une autre pièce r é –
digée en français et expédiée sans doute
de Constantinople l u i était p r é s en t é e ,
et le vali l u i proposait d'en r e c o n n a î t r e
é g a l eme n t l ' au t hen t i c i t é .
Hampa r t zoum Boyadjian refusa d'au–
toriser par sa signature un audacieux
mensonge. Al o r s le
mektoubdji
(
secré–
taire) qu i assistait à l'entretien donna
lecture d' un iradé transmis de Cons–
tantinople et qui ordonnait de « pendre
l'accusé ap r è s vingt-quatre heures de
tortures s'il refusait de signer les pièces
présentées. » Comme i l persistait dans
ses d é n é g a t i on s , il fut remis aux
geôliers. Ceux-ci d o u b l è r e n t ses c h a î n e s
et l u i a t t a c h è r e n t au cou une boule de
fer pesant dix k i l ogr ammes . Pu i s on le
frappa avec des gourdins et des fouets.
L a bastonnade continua j u s qu ' à ce
qu'il eut le corps couvert de meurtris–
sures b l euâ t r e s ; elle ne suffit pas à
vaincre sa résistance ob t i né e au faux
t émo i g n a g e . Avec des pincettes, on l u i
arracha les poils de la barbe. Les geô–
liers, d é s e s p é r a n t d'en rien obtenir, en
référèrent au v a l i . A l o r s , sous les veux
du prisonnier, on couvrit le plancher
Fonds A.R.A.M