De même que l'Europe ne peut savoir, le
public aussi ne sait pas que la responsabilité
de tout cela revient à ceux qui ont e n t o u r é
Votre Majesté, et qui se sont l'ait imposer à
vous, comme une nécessité absolue, comme
membres inséparables de votre personne,
nécessaires pOur votre existence et la pré–
servation de vos jours ; personnes lâches,
intrigantes, ignorantes et mesquines, es–
pions qui, pour leur intérêt exécrable, se
sont corps et âme vendus à la politique
russe,
L'animosité et le d é g o û t dans l'opinion
publique soit en Europe soit dans notre
pays contre Votre Majesté augmente de jour
en jour, et prend un aspect terrible, mon
souverain. Le temps est très court et le mal–
heur trop prêt. Le malheur qui est devant
nous n'est pas comme les p r é c é d e n t s ; la par–
tie de la Turquie d'Europe qui est encore,
en notre possession, de même que notre ca–
pitale, conquise, même au d é p e n s de leur
propre vie à la pointe de leurs épées, et par
le sang r é p a n d u de centaines de milliers de
personnes, est sur le point d'échapper de nos
mains. Ayez un peu de pitié, ouvrez [his–
toire et lisez les terribles passages du testa–
ment de Pierre le Grand sur la décadence
de l'Empire Ottoman. Est-ce que le malheur
qui a frappé Votre Auguste Oncle le Sultan
Abdul-Aziz Khan, n'était-il pas la c o n s é –
quence des intrigues diaboliques de la Rus–
sie qui ont t r omp é Votre Majesté? Mon Sou–
verain, si vous n'avez pas pitié de vous-
même , ayez au moins pitié de votre pays,
de votre nation et de votre T r ô n e . Car tout
se perd, et tout est en train de sombrer
soudain dans un abime sans fond. Si Votre
Majeslé n'était pas un souverain laborieux,
intelligent et capable, alors nous nous se–
rions inclinés devant la mauvaise chance
de notre p ys, et patiemment attendu noire
destin. Mais, vu ces qualités qui vous carac–
térisent, on est forcé de croire que les idées
patriotiques de Votre Majesté ne sont trou–
blées que par les intrigues, les faux rapports
et les calomnies des personnes lâches, in–
dignes, sans caractère et sans loi qui vous
entourent et qui ne l'ont que suivre la poli–
tique de l'Ambassade de Russie, que pour
mieux servir leur propre intérêt et ambition.
Voilà comment ces gens exécrés de toute
l ' h uma n i t é , et môme rejetés par Dieu, trom–
pent Votre Majesté grâce à leurs inventions
diaboliques et leurs faux racontars qui inter–
prètent d'une ma n i è r e malsaine les rapports
justes et patriotiques de vos Ministres, je -
tent ainsi le doute dans Votre esprit, et font
perdre les moments critiques de la maladie
grave dont notre pays est actuellement at–
teint, en vous emp ê c h a n t de réaliser les
réformes nécessaires relatives au bien de
l'Empire et de notre pays. Car une fois qu'on
les rencontre dehors et qu'on vient à parler
de l'état du Gouvernement, quelques-uns en
haussant les épaules, quelques autres en cli–
gnant de l'œil, r é p o n d e n t et disent qu'ils
sont incapables de réveiller l'attention de
Sa Majesté et L u i faire comprendre l'impor–
tance du danger. Car Sa Majesté, ajoutent-
ils, n'accepte pas de conseils; en un mot ils
font comprendre qu'à part votre propre vie
et votre intérêt, rien ne peut vous émouvoir,
et, même si l'Empire tombait, cela vous
serait parfaitement égal. Leur raisonnement
en disant tout cela, c'est de se mettre hors
de cause et de se faire absoudre par le pu–
blic de telle sorte que la seule responsabilité
retombe sur vous.
Sire, un roi n'a pas besoin de serviteurs
i n e x p é r ime n t é s , ignorants, ambitieux, inté–
ressés et haineux; leur existence pour la per–
sonne d'un roi est comme la morsure du
scorpion, et leurs rapports, un poison. Exa–
minons un peu l'histoire des nations euro–
p é e n n e s . Chacune a, dans le temps, vu et
passé ces péripéties par où notre Gouverne–
ment est en train de passer actuellement;
quelques-unes même s se sont trouvées près
de leur ruine; ces puissances n'ont pu sauver
leur Empire, assurer leur avenir et même
rehausse]' leur autorité que par l'énergie de
leurs rois, qui ont expulsé de leur entourage
les personnes inexpérimentées et indignes,
et n'ont conserve a u p r è s d'eux que des gens
de bonne volonté, de haute capacité et de
grande fidélité envers leurs pays et leurs
rois. Ces princes se sont fait un devoir de
consulter souvent, personnellement et direc–
tement ces personnages dans les questions
importantes politiques, extérieures et inté–
rieures.
(
A suivre).
Le Secrétaire-Gérant
:
J E AN LONGUET.
L ' É M A N C I P A T R I C E , i m p r i m e r i e c o mm u n i s t e ,
3,
rue de P o n d i c h é r y , Paris ( x V | ,
E d . G A U T H I E R , administ.-délégué.
(
Syndiqués
en Commandite
yénéralisée.)
L I R E l es B r o c l i T i r e s pub l i é e s
P A R
L 'UNION DES ÉTUDIANTS ARMÉNIENS D ' EUROPE
A . V A N D A L (de l 'Académi e Fr ança i se ) :
Les Arméniens et la Réforme de la Turquie.
E . B E R N S T E I N (dépu t é au Reischtag) :
Die Leiden des Armenischen Volkes und die Pflichten Europas.
F R A N C I S D E P R E S S E N S É (déput é à la Chambre française) :
L'Arménie et la Macédoine.
G E O R G B R A N D È S :
Arménien und Europa.
Fonds A.R.A.M