fluence sur les affaires générales de Niper-
g ù e r d . Ils se sont emp a r é s , par force pres–
que, de la totalité des villages a rmé n i e n s .
Les A rmé n i e n s cultivent aujourd'hui en es–
claves les terres qui, dans le passé, leur
appartenaient en propre, mais qui, aujour–
d'hui, sont la possession des aghas. Les sus–
dits aghas et beys kurdes, qui ont entassé
d ' é n o rme s richesses, produits de leurs vols,
jouissent d'un grand honneur et d'autorité
auprès du gouvernement. Le k a ï ma k am , qui
ne veut pas s'écarter du chemin tracé par la
loi, ou bien ne veut point devenir un jouet
pour le bon plaisir de ces aghas, est absolu–
ment sûr d'être révoqué.
C'est ainsi qu'il y a cinq mois, l'éx-kaïma-
kam du lieu fut révoqué parce qu'il n'avait
pas voulu agir selon le bon plaisir de ces
aghas.
Les serviteurs kurdes qui se trouvent sous
la protection de ces aghas peuvent com–
mettre des crimes petits ou grands et op–
primer les A rmé n i e n s sans protection, sans
avoir le moindre s o u p ç o n d'être châtié par
le gouvernement. Les autres Kurdes, i l est
vrai, obéissent en partie au gouvernement,
mais ne respectent nullement la loi et les rè–
glements et restent souvent impunis pour
des délits importants. Le gouvernement, qui
n'a aucune idée de la justice, de la vérité et
de la droiture, fait presque toujours le sourd
devant les justes protestations et les plaintes
des A rmé n i e n s . Par contre, i l a les yeux
et les oreilles grands ouverts s'il apprend la
nouvelle de la moindre fausse accusation
sur leur compte ; i l fait tous ses efforts, i l
entreprend toutes sortes de
persécutions
pour que le salutaire courant révolutionnaire
ne s'étende dans sa circonscription.
Nous contentant de cet aperçu sommaire,
nous allons en venir à vous é n umé r e r les as–
sassinats, les atrocités et les vexations com–
mis dans le courant de cette dernière a n n é e ,
soit dans le district, soit dans les environs.
11
nous est impossible de vous mentionner
ici tout ce qui a été commis depuis 1895 jus–
qu'au commencement de l'année p r é c é d e n t e ,
car i l faudrait y consacrer un travail é n o r me
et remplir de nombreuses pages.
ASSASSINATS.
Dans l'espace de deux
m'ois environ, ont été tués des villages de no–
tre district : 1 de Kininte, 1 de Konchan, 1 de
Hodnoff, 3 de Kilissigh, 1 de Daousbegh et
1
de Karvatch. Outre ces victimes indigènes,
des voyageurs traversant notre district ont
été aussi tués ; un ouvrier de Sassoun, à son
retour de Médine, fut assassiné près du v i l –
lage de Koulfa. Un c omme r ç a n t de Haggho,
n omm é Khatchadour, à son retour de Diar–
békir, fut assailli près du lieu appelé Kouré-
Nouatz par la bande de brigands de la tribu
de Mala-Charaf. Le c omme r ç a n t a rmé n i e n
fut assassiné et ses marchandises, d'une va–
leur de 400 livres, furent pillées. Un autre
c omme r ç a n t ,
n ommé Minass,
d'Arabkir,
parti de Bitlis pour venir i c i , fut de même
assailli au même endroit, p a r l a même bande
de brigands et assassiné ; son cheval et son
argent lui furent enlevés. Dans ce maudit en–
droit, où furent tués les deux susdits com–
me r ç a n t s a rmé n i e n s , le sang d'un autre A r –
ménien fut versé d e r n i è r eme n t . Ce dernier
était un muletier de Malakan qui, avec une
vingtaine de camarades kurdes retournait
chez lui. Arrivé au susdit endroit, quelques
Kurdes sanguinaires l'attaquent et,sans ren–
contrer la moindre résistance de la part de
de ses camarades, ils le traînent loin de la
route et l'assassinent à coups d'épée ; le mo–
bile de ce crime était une vieille rancune
des Kurdes contre l'agha de la victime. Ici,
tout Armé n i e n à son agha, soi-disant pro–
tecteur, mais souvent, au lieu d'être p r o t é g é
par lui, i l paye de sa vie son hostilité. Des
faits de ce genre ne sont pas rares... Le gou–
vernement n'essaye même pas d'arrêter et de
châtier les bourreaux de ces victimes inno–
centes : i l n'agit que lorsque ces bandes de
brigands nuisent directement à ses intérêts.
CONVERSIONS PAR FORCE.
Du commence–
ment de l'année présente jusqu'aujourd'hui
ont été convertis à l'Islam par force : 10 fem-
mi s, dont 2 du village de Hoglitar, 1 de
Kourté et 6 de B i t c h i n k . Ce sont celles que
nous connaissons ; qui sait combien d'autres
que nous ne connaissons pas, j e û n e s filles ou
femmes mariées, ont été enlevées et conver–
ties à l'Islam parforce. Depuis très longtemps
il y a ici un chéïke vagabond que l'ex-gouver-
neur de Diarbékir gardait a u p r è s de lui
dans le temps. Ce chéïke a l'habitude, en
passant par le ma r c h é , d'insulter à notre
croix et de railler les p r ê t r e s chrétiens. Même
les gamins musulmans de deux ans, qui
commencent à parler à peine, trouvent un
grand plaisir à insulter à la religion et à la
croix des chrétiens.
(
A suivre.)
L E MOUYEMENT PROARMÉNIEN
Le mouvement p r o a r m é n i e n i n a u g u r é en
Italie par la grande r é u n i o n de Mi l a n , se
continue et s'étend, g r â c e à l'activité de
ses initiateurs, en particulier de E . - T
-
Mo –
neta et du D
r
P i n a r d i .
A Gênes
A Gê n e s , deux r é u n i o n s ont eu l i e u , la
p r em i è r e , le 10 mai, sur convocation du
groupe d é mo c r a t e c h r é t i e n . Y assistaient
de nombreuses p e r s o n n a l i t é s , des asso–
ciations catholiques et du parti monar–
chique. L ' o r a t eu r d é s i g n é était ie docteur
Sturza de Ca l l a g i r o n e ; prirent ensuite la
parole, l ' i n g é n i e u r Denario pour les mo–
narchistes, puis le d é p u t é P e l l e g r i n i , l'étu–
diant Zerbi, au nom du Cercle universi–
taire Ca t ho l i qu e ; l'avocat S e r t i n i d e P r a t o ,
au n om des d é mo c r a t e s c h r é t i e n s Toscans
et de Savone et enfin L . A . Vassallo, direc–
teur d u
Secolo XIX.
Tous les orateurs
furent très applaudis et un ordre du j o u r
analogue à celui de Mi l a n fut voté à l'una–
n i m i t é .
U n second meeting a eu lieu, le 21 mai,
au P o l i l e ama Alfîeri, sur la convocation de
la Co n f é d é r a t i o n o u v r i è r e . L e C om i t é pro–
visoire, sous la p r é s i d e n c e de M . F . Chiesa,
avait r e ç u a u s s i t ô t les a d h é s i o n s du Cercle
monarchique un i v e r s i t a i r e ; de la F é d é –
ration garibaldienne du Parti d é mo c r a t e
c h r é t i e n ; du Cercle Ma z z i n i , des Chamb r e s
d u T r a v a i l de G ê n e s et de Sampiedarena ;
de la S o c i é t é An t o n i a F r a t l i ; de la loge
Aarora
risorta ;
de la L i g u e des travail–
leurs maritimes et de nombreuses associa–
tions o u v r i è r e s . Av a i e n t é g a l e m e n t a d h è r e s
le s é n a t e u r E . Ma r a g l i a n o ; les d é p u t é s
G . Fasce, G . Berio, A . P e l l e g r i n i , M . G i am -
berti; les conseillers c ommu n a u x M . Ce c i ,
A . Cereselo, ma r qu i s O . S a u l e , G . Mtt-
r a l d i ; de nombreux avocats et profes–
seurs.
L a vaste salle du P o l i l e ama Aifieri é t a i t
absolument comble. L e p r é s i d e n t Chiesa
donne a u s s i t ô t la parole au D
1
'
P i n a r d i qui
expose longuement la situation de l ' A r –
mé n i e et de la Ma c é d o i n e et explique que
les puissances et l'Italie, en particulier,
ont le devoir, c o n f o r m é m e n t , d'ailleurs à
leurs i n t é r ê t s , de faire e x é c u t e r le Iraité de
Be r l i n . L ' e x p o s é t r è s clair et très objectif
du D
1
'
P i n a r d i est t r è s applaudi.
Parlent ensuite, S. P e l l e g r i n i ; l ' i n g é –
nieur monarchiste Denario, q u i termine en
faisant appel au parlement, el é v o q u e le
j o u r o ù « le t r ô n e du g r and assassin
s ' é c r o u l e r a sous la maladiction d u monde
entier », l'avocat d é m o c r a t e
c h r é t i e n ,
Dellepiane; le socialiste Masso, au n om
du P a r t i « qui ne c o n n a î t pas de f r o n t i è r e s
aux patries ». L ' o r d r e du j o u r suivant,
est volé à l ' u n a n i m i t é a p r è s 3 heures de
discours :
Les citoyens génois de tous les partis réunis en
comice, considérant les horribles événements qui se
sont produits en A r m é n i e et se renouvellent en Macé–
doine ;
Protestant é n e r g i q u e m e n t contre la continuelle vio–
lation des principes les plus sacrés d ' h u m a n i t é et de
justice tolérée par les Etats européens et contre
laquelle se révolte unanimement la conscience popu–
laire,
Expriment le v œ u que les gouvernements en exi–
geant de la Turquie l'observation des traités solen–
nellement signés,.assurent le plein respect du droit des
nationalités chez ées peuples opprimés.
A Valenza
S u r l'initiative du Cercle antimilitariste
Gctrofano Rosso,
s'est c o n s t i t u é un Com i t é
auquel ont a d h é r é 25 associations de la
ville. U n meeting a été lenu, le 24 ma i .
No u s n'en avons pas encore r e ç u le
compte rendu.
A Legnano
Le Cercle r é p u b l i c a i n ,
Epaminonda
Fer–
rari,
sur l'invitation du Com i t é de M i l a n
a c o n v o q u é les Associations locales pour
la formation d'un s o u s - c om i t é . Ap r è s lec–
ture des a d h é s i o n s , le d é p u l é de la cir–
conscription, Carlo del A q u a , a élé a c c l amé
p r é s i d e n t . Un meeting sera o r g a n i s é à
bref d é l a i .
Fonds A.R.A.M