Article 22.
Les p r é v e n u s sont d é t e n u s dans les mai–
sons d'arrêt et les c o n d amn é s dans les pri–
sons. C'est aux valis, mutessarifs et c a ïma -
cams de veiller aux conditions h y g i é n i q u e s .
Les procureurs g é n é r a u x sont tenus de leur
côté de faire des inspections à cet égard.
Les prisons ont en outre un personnel com–
plet de fonctionnaires et de domestiques
tels que directeur, secrétaires, gardiens. On
pourrait faire des recommandations pour
qu'il soit a p p o r t é par ces moyens plus de
soins à l'administration de l'État des mai–
sons d'arrêt et des prisons à l a garde des–
quelles sont p r é p o s é s des gendarmes et des
agents de police. Les tortures et les traite–
ments vexatoires sont interdits de par la l o i
qui prescrit les pénalités les plus rigoureu–
ses à l'égard des contrevenants.
C'est g r â c e à l'application vigilante
de la l o i hamidienne que sur les douze
prisonniers de Va n huit moururent et
quatre t omb è r e n t a u s s i t ô t malades.
L e j ou r de l ' As c en s i on , le peuple de
Rome porta des couronnes de roses et
d'iris sur la tombe de Giacomo d'Angelo,
t ué par 1rs gardiens de Regina Coeli,
prison mo d è l e , et les orateurs du t h é â –
tre Ad r i a no , par cette a t r o c i t é indivi–
duelle, é v o q u è r e n t la grande horreur
des tueries hamidiennes.
Qui donc vengera les martyrs ano–
nymes des g e ô l e s turques? Qu i songe
m ê m e à emp ê c h e r quede semblables
meurtres s'y produisent quotidienne–
ment ? Le s ministres e u r o p é e n s , avertis
cependant, laissent l'eire. Us ne se p r ê –
tent pas à recommencer l ' e nqu ê t e ter–
rible des consuls anglais de 1891 à
1896,
de crainte que leur sensibilité trop
délicate n'en soit a t t r i s t é e .
Il faudra bien cependant qu'un j ou r
notre voix soit entendue, quand i l y
aura eu, h é l a s ! trop de sang v e r s é et
trop de victimes sacrifiées. E t les
m ê m e s hommes qui t o l è r e n t l'assassin
c o u r o n n é osent s'indigner quand, las
de souffrir, les d é s e s p é r é s ramassent
l'arme des bourreaux et en usent pour
se dé f end r e .
Pierre Q U I L L A R D .
LIRE :
L'EUROPÉEN
Courrier International Hebdomadaire
POLITIQUE. DROIT INTERNATIONAL
QUESTIONS
SOCIALES,
LITTÉRATURES, A R T .
Direction: C h . S E I G N O B O S
(
Paris)
R é d a c t e u r en cliel : A . - F E R D I N A N D
H E R O L D .
24,
rue Dauphine, P AR I S (vi*)
Articles de M M . Frédéric P A S S Y . Francis de P R E S S E N S É
John.-M. R O B E R T S O N , D'
1
M . K R O N E N B E R G , A . A U L A R D
Marcel C O L L I È R E , Xavier de R I C A R D , Raoul
A L L I E R ,
A n d r é FONTAINAS, Pierre Q U I L L A R D , Georges E E K H O U D .
LE COMICE DE KOME
Ap r è s P a r i s , Br ux e l l e s , C e n è v e , Mi l a n ,
en m ê m e temps que G ê n e s , la ville de Rome
a p r o t e s t é dans u n comice grandiose contre
les crimes hamidiens en A r m é n i e et en
Ma c é d o i n e et contre l'inertie des pu i s –
sances. L e Com i t é , c o n s t i t u é sous l a p r é s i –
dence du professeur Se r g i avait a d r e s s é au
peuple de Rome l'appel suivant :
CITOYENS,
L ' â m e civilisée de toute l'Europe est émue et avec
une vibrante, une intense attention, elle suit les graves
événements qui ont inondé et qui inondent de sang
l'Arménie et l a Macédoine.
Le peuple de Rome ne peut pas demeurer silencieux
devant les crimes commis pour le malheur de pays
qui ont droit à défendre l'honneur et la liberté. Rome
qui vit les héroïques miracles de Garibaldi, ce cheva–
lier de l'humanité, fera entendre hautement sa voix en
faveur d'une cause humaine.
Les nations se constituent par l'humanité. Le citoyen
se lève et parle pour la cause de l'homme. E n Arménie,
en Macédoine, les massacres doivent cesser. On ne
doit pas tolérer le plus féroce moyen-âge à l'aube du
vingtième siècle, quand la pensée court d'un bout à
l'autre d u monde au moyen des ondes électriques. Nous
ue voulons pas l a guerre n i que d'autre sang humain
soit versé. Mais tout R o m a i n , tout Italien de sens et
de c œ u r , doit vouloir que l'on supprime l a barbarie
ressuscitant.
De loyales et profondes réformes assureront la paix
et l'ordre fondés sur l a justice. Que toujours Rome
soit o ù i l y a des peuples opprimés.
4
e
C o m i t é
M . A L L I A T A , comptable; P . A R Q U A T I , conseiller pro–
vincial ; F . A R C A , avocat ; N . B A D A L O N I , député au
Parlement ; P . BARDAZZI, T . B R I G N A R D E L L I , indus–
triel ; G . - B . BOSDARI, étudiant ; F . BOCCARDO, pu –
bliciste; C . CASSOLA, publiciste; P , CHIMENTI, député
au Parlement; E . CICCOTTI, député au Parlement;
A . CODACCI P I S A N E L L I , député au Parlement; C . C O R -
TINA, publiciste ; G . C E R R A , publiciste ; F . CORSI,
député au Parlement; R . D E C E S A R E , député au Par–
lement ; A . D E GUBERNATIS, professeur ; C . D E L B A L Z O ,
député au Parlement; E . J A E L L I , directeur du
Capitan
Fracassa;
F . GATTORNO, député au Parlement; A . - F .
FORMIGGINI, étudiant ; MAGGIORINO F E R R A R I S , député
au Parlement, professeur; E . F E R R A R I , conseiller
communal; R . GIOVAGNOLI, professeur; M . LIZZANI,
comptable ; P . M A Z Z A , député au Parlement ; U . M A Z Z O -
LANI, publiciste; S. M A N C A , publiciste; M E R E U , colo–
nel; L . MONGINI, éditeur; G . MARTINOTTI, colonel;
E . M O S C A , publiciste; R . NESTI, publiciste; G . N O R S A ,
publiciste ; F . ODDONE, publiciste ; B . PANDOLFI, ex
député au Parlement ; E . P A N T A N O , député au Parle–
ment; F . P A G L I A R O , avocat; J . RANDAGCIO, é t u d i a n t ;
M . RAVISINI, publiciste ; P . R I V A L T A , publiciste, séna–
teur ; O . R o u x , directeur de la
Tribuna ;
E . SACCHI,
député au Parlement ; G . SERGI, professeur ; E . Socci,
député au Parlement; E . SCIAMANNA, professeur;
F . TÛLOMEI, docteur ; R . TONDI, publiciste ; F . Zuc-
CARI, avocat.
L e peuple de Rome r é p o n d i t magnifique–
ment à l'appel d u Com i t é . A10 heures du
matin, le 21 ma i , le vaste t h é â t r e Ad r i a n o ,
comme le C h â t e a u - d ' E a u , à Pa r i s , et le
t h é â t r e Fo s s a t i , à M i l a n é t a i t envahi par
une foule immense : sur l a s c è n e se trou–
vaient les r e p r é s e n t a n t s du C om i t é o r g a n i –
sateur et les orateurs d é s i g n é s ; dans l a
salle, les d é p u t é s Gattorno et Ma g g i o r i n o
Fe r r a r i s , Menotti Ga r i b a l d i et le prince
Osdelcaschi. L e professeur SERGI prend la
p r é s i d e n c e et prononce une b r è v e a l l o c u –
tion.
Le Professeur Sergi
Honneur à vous, citoyens, qui êtes venus manifester
votre horreur et votre indignation envers les crimes
commis par un état barbare et sauvage comme la Tur–
quie contre des populations aux impulsions généreuses,
aspirant à la liberté.
Le temps est venu de réclamer la libération de l'Ar–
ménie et de la Macédoine. Mais cette délivrance ne
peut venir de celui qui persécute les Juifs et qui a
privé les Finlandais de leur liberté.
[
Applaudisse–
ments).
Elle doit venir de nous qui avons conquis au
prix de notre sang la liberté et l'indépendance et qui
avons l'honneur de n'avoir pas livré Michel Gotz à la
vengeance de la tyrannie russe.
(
Applaudissements
prolongés ; cris de :
A bas la Russie.)
Sans doute nous qu i sommes réunis i c i , nous
n'avons pas la force des armes pour imposer notre
volonté, mais nous sommes le peuple qui détermine
quand i l le veut avec force les orientations nouvelles
des gouvernements.
L e professeur Sergi p r é s e n t e ensuite
le D
1
'
Lo r i s Mélikoff q u i parcourt l'Europe
en cherchant des appuis pou r l a cause de
son peuple
(
Applaudissements)
et Anatole
F r anc e .
(
Nouveaux
applaudissements).
C r i s de
Vive la France !
Les Adh é s i o n s
Le s e c r é t a i r e R a v i s i n i l i t alors les a d h é –
sions ; dans le g r and nombre i l c ommu –
nique les plus importantes :
Association f ém i n i n e nationale, p r é s i d é e
par l a comtesse Spaletti Ra s p o n i ;
Le Com i t é central du parti r é p u b l i c a i n
italien avec 120 sections ;
Conseil directeur de l'Association
Palria
pou r Trieste et Trente.
(
Cris de :
V i v e
Trente et Trieste !) ;
Section du parti r é p u b l i c a i n de Trieste ;
Ch amb r e du travail de Rome ;
Un i o n socialiste Roma i n e ;
Association des Un i v e r s i t é s populaires ;
C om i t é central de l a F é d é r a t i o n alba–
naise.
Le D
r
Loris Mélikoff
prend alors l a parole en f r a n ç a i s . 11 rap–
pelle le mo t de Gladstone à M . d ' Es t ou r –
nelles de Constans : « Se r v i r l ' A r mé n i e ,
c'est servir l ' Eu r op e ! » L a s o l i d a r i t é euro–
p é e n n e q u i se manifesterait pour sauver
l ' A rmé n i e se maintiendrait pou r l ' œu v r e
de paix g é n é r a l e , é b a u c h é e à L a Ha y e .
Mais i l n'y a pas de paix possible au sens
vrai du mot tant que se continuent des
a t r o c i t é s et des massacres, comme ceux
que d é n o n ç a i t encore
Pro Armenia
dans
son n u m é r o d u 15 ma i . I l faut donc impo –
ser d'abord au Su l t a n l ' e x é c u t i o n du traité
de B e r l i n et du M é m o r a n d u m de ma i 1895.
L ' I t a l i e , en plein d é v e l o p p e m e n t é c o n o –
mi qu e et intellectuel, « pays classique du
droit et de l a l i b e r t é » s ' i n t é r e s s e puissam–
ment à l a cause a r m é n i e n n e et partout
l'orateur a t r o u v é u n a c c u e i l ami c a l e l des
appuis eflicaces ; i l remercie tout pa r t i cu -
Fonds A.R.A.M