tan, de la religion, du P r o p h è t e et i l menace
même de n ç plus porter le turban comme
insulte à la religion musulmane; mais toutes
ses menaces furent vaines ; sa femme lui a
été irrévocablement enlevée.
20
août.
—
Aujourd'hui les meules de
Sarkisskha Schikian, de Deh, sont incen–
diées par des malfaiteurs inconnus, à une
distance d'une heure du village.
21
août.
—
Un soldat qui était chargé de
garder les deux chevaux de son chef dans
l'écurie de Sarkiss Khaschikian, tue sous les
coups le bœuf de ce dernier, d'une valeur de
400
piastres. Le commandant voulant réser–
ver l'écurie de l'Arménien pour ses chevaux,
ne permet pas au p r o p r i é t a i r e d'y garder ses
bêtes.
22
août.
—
Des voleurs essaient d'entrer
de nuit chez Hovssep Kassbarian ; ne pou–
vant ouvrir la porte de la maison, ils empor–
tent tout ce qu'ils trouvent sur la terrasse,
une couverture de laine, un ocque de l i n ,
une culotte, un habillement complet pour
homme, le tout d'une valeur de 250 piastres;
le p r o p r i é t a i r e de la maison est un pauvre.
23
août.
—
Aujourd'hui le consul anglais
de Va n est venu à Deh, et deux jours a p r è s i l
est parti p o u r D j e z i r é . L e gouvernement turc,
par crainte, prend toutes les mesures n é c e s –
saires pour des personnages de ce genre. Le
commissaire, les agents l'environnent pour
qu'il n'aille pas interroger le peuple o p p r i mé
et écouter ses souffrances, et puis ils veillent
sérieusement pour que les Kurdes du pays
ne commettent point un attentat sur la per–
sonne du r e p r é s e n t a n t d'un gouvernement
étranger.
24
août.
—
Le n omm é Abraham Hovsse-
pian, un a rmé n i e n , s'en va à sa vigne pour
cueillir son raisin; le garde, AhmedDahdah ,
dont l'avarice est excitée à la vue de ce rai–
sin excellent, l'en emp ê c h e , car le malheu–
reux ne possédait pas sur l u i à ce moment
de quoi payer les 5 piastres pour la garde ;
aussi se décide-t-il à revenir le lendemain ;
le garde, a p r è s son départ, avait déjà tout
emporté, et naturellement le malheureux
paysan ne trouva rien pour emporter chez
lui. Il avait pour 103 piastres de raisin au
moins.
24
août.
—
Dervish et Hassan, fils d'Eumer
Isskan, attaquent de nuit le village syrien de
Djemsserk; ils blessent un homme, n ommé
Mourad, et pillent 2 ou 3 lits et bien d'autres
choses.
24
août.
—
A Karshine, Mehmed effendi,
Ka ïma k am du lieu, p a r l a trahison du prèlre
syrien Kass-Djibraïl, arrête un groupe de
jeunes artisans a rmé n i e n s comme coupa–
bles politiques; un jour après i l en remet en
liberté quelques-uns; et les dix autres, sans
une instruction p r é p a r a t o i r e , sont dirigés
sur Am i d , les menottes aux mains.
Les émigrés.
—
Ve r s la fin d'avril, 2 groupes
d'émigrés sont arrivés ici de Bosnie-Herzé–
govine et de Daghestan ; pendant un mois et
demi ils r e s t è r e n t sous des tentes en dehors
de la ville et partirent ensuite pour Mo s -
soul.
Un combat de tribus à Bohthan
31
août.
—
Nous vous avons déjà écrit à
temps (2 avril), au sujet de l'assassinat du
frère d'Eumer, agha du village de Tanzé, par
Mehmed Ressoul. Eu mer agha est venu i c i
et a protesté a u p r è s du gouvernement et exigé
que les criminels fussent châtiés. P e r s u a d é
que ses d éma r c h e s n'auront aucun résultat, i l
se décida à venger son frère par ses propres
forces; aussi commence-t-il à réunir des
armes en assez grande q u a n t i t é et môme des
armes appartenant au gouvernement (cette
a n n é e , plusieurs fois, nombre d'armes fu–
rent volées de l'arsenal de notre endroit; les
soldats gardiens vendent ces armes à des
prix élevés aux tribus Kurdes, et ensuite ils
les paient au prix ordinaire comme perdues.
Il est connu que par suite de circonstances
secrètes, aujourd'hui tous les Turcs et les
tribus de notre endroit sont a rmé s avec les
armes du gouvernement) ; i l retourne à son
village et réunit tous ses partisans, tous les
Kurdes du village de Derchéou et de cinq
autres villages, et marche ensuite sur le vil–
lage de Govacher où réside son adversaire.
Celui-ci é t a n t déjà tout prêt avec ses hommes,
une lutte a c h a r n é e c omme n ç a aussitôt, au
commencement d'août, p r è s du village de
Meghlan. Dans ta lutta qui dura 24 heures,
5
des hommes de Mehmed sont tués, et 7 du
côté d'Eumer et i l y eut 3 blessés. Eumer
agha est vaincu, mais la tribu de Derchéou,
ses partisans, avec 5 autres tribus, en tout
2.000
personnes, attaque de nouveau Mehmed
et incendie e n t i è r eme n t les villages kurdes
de Meghlan, Bassi, Khiré et Djédar, ainsi
que le village chaldéen de Thilamichar
(40
familles) et une partie du village de
Govacher. Une femme est tuée, et i l y eut
5
hommes blessés du côté de Mehmed. De
plus, sont pillés le village de Guiréhassana,
deux autres villages kurdes et le village
c h a l d é e n de Benghov. L e gouvernement qu i ,
ayant entendu les protestations d'Eumer,
aurait dû prévenir ces ruines, ces car–
nages et ces d é g â t s , se rend avec deux
r é g i me n t s de soldats sur les lieux du c om–
bat; on pille la maison d'Eumer, et on l ' i n –
cendie, on arrête sa famille ainsi que dix de
ses hommes et on les conduit prisonniers à
Deh. Mehmed agha qui avait g a g n é le gou–
verneur entre triomphalement à Deh, et
a c c omp a g n é du gouverneur, de sa suite et
des deux r é g i me n t s de soldats marche en–
suite sur Isstoukech, le 20 août, pour frayer
le chemin au Hamidié Moussta phapacha, car
comme tous les ans, cette a n n é e aussi, les
habitants de Chernakh ont fermé l'unique
passage.-Gouverneur et soldats n'ont pu
aboutir à rien jusqu'ici ; des secours furent
d ema n d é s de Bitlis, et le 29 août, le com–
mandant des troupes avec un r é g i me n t de
cavaliers se porta à leur secours. Là aussi
de graves é v é n eme n t s se p r é p a r e n t sans
doute.
La situation à Gharzan
Vous connaissez déjà la situation troublée
et critique, depuis trois ou quatre ans, de
notre district. Enfin « l'Auguste Maître »,las
des pétitions et des protestations qu i l u i ont
été adressées, a, parait-il, p r omu l g u é un iradé
pour la réforme et la sécurité de votre dis–
trict. Aussi, vers la mi-juin, 5 à 600 soldats
arrivèrent à Gharzan avec grand bruit, pour
p r o t é g e r l'opprimé et châtier le malfaiteur et
cela par décision s u p é r i e u r e . Les aghas mal–
faiteurs furent saisis d'épouvante et se réfu–
gièrent avec leurs hommes dans des lieux
inaccessibles, mais seulement pour une se–
maine. Tout d'abord les soldats, pour venger
trois d'entre eux qui avaient été tués dans la
l u t t e d u ôm a i , attaquent, le 4 juillet, la famille
Maladibo de la tribu d'Alikhan ; ils tuent
5
personnes, en a r r ê t e n t 16 autres et pillent
1.000
moutons et plus de 100 mulets, en un
mot tous leurs biens, n'oubliant pas sans
doute de d é s h o n o r e r les jeunes filles et les
femmes de 10 à 90 ans. Les aghas kurdes
du district sont emp r i s o n n é s aujourd'hui :
A l i k h a n Ossman, Eumer, et Isskhan; leurs
partisans, surtout Bichar et son frère Djémil,
A l i et Issen, qui, depuis des années, partout
où ils ont p a s s é ont s emé la terreur et l'épou–
vante, la mort et la ruine continuent toujours
leurs exploits, jusqu'aujourd'hui, avec leurs
hommes a rmé s , sous le nez des soldats, en
allant de village en village, en prenant par
force des provisions et de l'argent, en un mot
d é v a s t a n t tous les villages. Leurs vastes ha–
bitations lurent seulement brûlées et pour
cela, ceux-ci voulant railler la faiblesse du
gouvernement, parlent ainsi aux soldats :
«
Ou'avez-vous pu nous faire, si vous êtes des
braves, ayez seulement le courage d'attaquer
nos positions ; peu nous importe que vous
ayez incendié nos maisons; les A r mé n i e n s
sont l à ; aussitôt a p r è s notre d é p a r t , dans peu
de jours, nous leur ferons construire de plus
belles maisons par le travail et avec l'ar–
gent de nos fellahs». Lps soldats achèvent ce
que les Kurdes ont c omme n c é ; ils commet–
tent i mp u n éme n t dans tous les villages,
toutes sortes de d é v e r g o n d a g e s , de barbaries
et de pillages. Les tribus riches qui s'appau–
vrirent grâce aux soldats, sont sûres de s'en–
richir aussitôt grâce aux A rmé n i e n s . Voilà
quels sont les bienfaits, appelés,
réformes
et
réorganisation
du gouvernement turc, promis
depuis tant d'années aux A rmé n i e n s .
Copie de la pétition ad r e s s é e
à « l'Aratchnortaran »
TRÈS RÉVÉREND PÈRE,
Par suite des crimes inouïs commis par
Bichar et son frère Djémil, la situation dans
notre village ainsi que dans les villages en–
vironnants est devenue intolérable. Le p i l –
lage, les vexations, les assassinats en un mot
tous les méfaits et les oppressions se succè–
dent i c i . Comme des sangsues insatiables,
on suce continuellement notre sang. Déses–
pérés, nous avons a b a n d o n n é tous nos biens,
mais en vain, la situation est toujours la
même . Nous ne p o s s é d o n s plus rien, ni hon–
neur, ni biens, excepté une vie de bote de
somme. Nous sommes résolus, en effet, d'é-
migrer en groupes pour nous soustraire à
l'autorité des susdits aghas frères, en aban–
donnant nos foyers. Mais nous savons aussi
que le soi-disant protecteur, A l i k h a n Ossman
agha, ira se venger sur les A rmé n i e n s des
autres villages soumis à Bichar, et par là
Fonds A.R.A.M