p r é c i s éme n t sur ce dernier point que
se sont plu à insister tous les orateurs
qui ont pris la parole dans notre mee–
ting.
Le s r emè d e s aux maux dont souf–
frent les populations d ' Armé n i e et de
Ma c é d o i n e sont connus. Ils ont élé
r a p p e l é s , tout r é c emme n t par les r e p r é –
sentants des grandes puissances signa–
taires du traité de Rerlin. Ma l heu r eu –
sement on ne voit pas encore un com–
mencement d'application.
Voilà la lacune que nous regrettons
dans notre ordre du j ou r . Voilà aussi
pourquoi nous nous adressons à vous,
avec l'espoir d'obtenir une promesse
longuement s o u h a i t é e , c'est la pro–
messe que notre gouvernement n'ou–
bliera pas avec les i n t é r ê t s de la nation,
ceux de la paix et de la civilisation,
chaque fois qu'il s'agira des d e s t i n é e s
des malheureuses provinces d ' Armé n i e
et de Ma c é d o i n e .
L'Italie, redevenue une nation, ne
peut demeurer indifférente vis-à-vis de
certaines violences,, qui l u i rappellent
les douleurs et les larmes d'un p a s s é
encore r é c e n t . L ' I t a l i e renierait sa
gloire et la haute signification de son
é pop é e nationale, s4 elle refusait d'écou–
ter les cris de douleurs des populations
qui veulent c o n q u é r i r le droit de vivre
en s û r e t é dans leur propre pays.
Av e c ces sentiments et dans l'espoir
qu'ils seront p a r t a g é s par vous, veuillez
a g r é e r , Excellence, nos salutations res–
pectueuses.
Pour le Comité :
S i g n é : E . T. M O N E T A , P r é s i d e n t .
Rapport du district de Segherd
(
vilayet de Bitlis)
SUITE
6
mai.
Une lutte eut lieu entre Ossma-
né Eumer et Mala-Dibo. Dans la lutte â
laquelle avaient pris part quelques soldats
de garde, i l y a eu morts. Nous vous cau–
serons une autre lois à ce sujet.
Le 16 mai, dans la soirée, les habitants du
quartier Chéïk-Zalaff de Segherd condui–
saient une jeune ma r i é e arrivant d'un v i l –
lage voisin. C'était un spectacle digne d'être
v u ; environ cinquante jeunes gens, a rmé s
avec des fusils Mauser, étaient mo n t é s sur
des chevaux. Il y avait beaucoup d'autres
qui é t a n t aussi a rmé s , marchaient à pied.
Une foule immense dans les rues; on faisait
jouer les épées, on tirait des coups de fusil ;
il est inutile d'ajouter que la ville était
plongée dans la plus grande terreur et
l'épouvante. Les fonctionnaires gouverne–
mentaux, les agents, regardaient faire avec
tranquilité.
18
Mai.
Trois turcs de Segherd, Kadir,
Dafair et Tevfik, s'en vont, pour une affaire
j u s q u ' à la rivière de Kazam ; chemin faisant,
ils rencontrent le kurde Mirzo, de la tribu
de Siloka, dont la femme avait été enlevée
p a r E a kKo u d s s a z é , de Segherd. Le ku r d e v e u t
s'emparer de la personne des trois jeunes
jeunes gens, mais l'un d'eux r é u s s i t e s'échap–
per des mains du kurde, a p r è s avoir été
blessé en plusieurs places. Les deux autres
tombent dans les mains du kurde qui les
garde pendant un mois et les relâche en–
suite. Le gouvernement a été encore une fois
impuissant; le kurde remit en liberté les
d é t e n u s de sa propre volonté.
Le 21 mai, les femmes de Sod, vers la
soirée, s'en vont dans la vallée voisine pour
traire leurs brebis. Le kurde Missten et
Eumer Hissam avec quelques camarades les
attaquent sur la route et enlèvent la jeune
femme a r mé n i e n n e , Siro, qu i était en état
de grossesse. De nombreuses d éma r c h e s
furent faites, môme au ministère de la jus–
tice et de l'intérieur, mais on n'a pu rame–
ner la jeune femme.
Le 28 mai, le jeune criminel turc, Selmo,
assassin de M . Basmadjian, s'évade de la
prison en plein j o u r ; quelques agents le
poursuivent une ou deux heures, mais ils ne
parviennent pas à l'arrêter.
30
Mai.
Hadji Dévas, musulman de
Segherd, voulant r é p a r e r sa maison, et voyant
en même temps qu'il n'avait pas assez de
place pour construire des chambres en plus
selon son g o û t sur son terrain, s'empare de
la moitié de la cour de son voisin Krikor,
un a rmé n i e n , d'une valeur de 1,000 piastres,
sans rien payer et sous menaces. Le mal–
heureux A rmé n i e n n'ose même pas en causer
à qui que ce soit.
5
Juin.
Il y a un jour, Hamé effendi,
chef de municipalité de Segherd, alors qu'il
siégeait au Conseil, eut une discussion avec
Nakib Séïde A l i . Aussi, Assmiarant, chef
des brigands de Segherd avec un autre jeune
homme a r mé , attend à la porte du palais
gouvernemental, et lorsque le chef de muni–
cipalité passe, comme un lion é c h a p p é de la
mé n a g e r i e , tombe sur l u i , et l'accable de
toutes les insultes, sans rougir, ou craindre
les Conctionnaires qui l'environnaient; d'ail–
leurs i l n'avait pas oublié d'injurier môme
ces derniers et même i l avait réservé une part
d'insultes à l'adresse du Sultan. N'oublions
pas de vous dire qu'aucun fonctionnaire ou
aucun agent policier ne put mettre la main
sur le brigand. Voyez-vous l'autorité de
notre gouvernement?
11
Juin.
La jolie femme du jeune syrien
Birké Dijouar est enlevée à Kuzik, par Aziz,
domestique de l'agha du même village.
Après l'avoir p r ome n é e , d é s h o n o r é e et mal–
traitée pendant six jours, i l l'amène à Segherd
pour l u i faire embrasser l'islam, mais la
femme s'y oppose ; elle a été remise à son
mari.
Le 27 j u i n , dans la huit', une bande [de
malfaiteurs de la tribu d'Alikan, attaquent
les troupeaux du village de Rindouan et
blessent avec une des balles de fusil, le
pâtre a rmé n i e n Boghoss, dont l'état est grave
et même d é s e s p é r é .
8
juillet.
Sur le chemin qui conduit de
Tijoghk à Deh, quelques A r mé n i e n s sont
pillés par sept malfaiteurs a rmé s de la tribu
de Karissan.
Dans la nuit de.9 juillet, Bichar agha s'en
va, avec quelques camarades a rmé s , au vil–
lage de Guzel Dére et s'empare par force du
cheval de Béchine Panossian.
12
juillet.
A cinq heures de Tijoghk,
aux environs du village de Thélan, quelques
malfaiteurs kurdes pillent Ghongass et quel–
ques autres A rmé n i e n s de Tijoghk.
14
juillet.
Le soldat Bayram tchaouch,
pour une créance imaginaire de 40 medjidiés
sur le n omm é Soghomon, de Deh, opprime
le village entier, i l fait des perquisitions par–
tout et dans toutes les maisons et se procure
enfin la somme chez les parents de son s o i -
disant débiteur a p r è s avoir exercé toutes les
violences. Soghomon, sa mè r e et ses deux
frères é p o u v a n t é s s'enfuient de nuit à T i –
joghk où ils restent quelque temps jusqu'au
d é p a r t du tchaouch de Dell.
21
juillet.
Ka d r i effendi, médecin m i l i –
taire de notre endroit, avec quelques-uns de
ses amis, s'en va au couvent voisin des ca–
tholiques pour s'y divertir. Quand i l ne reste
plus de rakhi (eau-de-vie), on charge un
A r mé n i e n , Soghomon, qui passait par là,
d'aller en chercher en ville. A u retour du
malheureux Armé n i e n , sur la route, quel–
ques Turcs l'attaquent et le blessent et l u i
enlèvent les 7 medjidiés dont i l était porteur.
Ap r è s avoir été atrocement battu, le jeune
homme arrive à se sauver ; mais cette fois-ci
deux militaires le poursuivent, le rouent de
eoups à leur tour et le conduisent au poste,
p r é t e x t a n t qu'il a blessé un Turc. La vérité
est que, pendant la lutte avec les Turcs, le
bras de l'un de ces derniers a été blessé par
l'aiguillon que tenait en main un de ses
camarades.
23
juillet.
Da n s l'abattoir de notre lieu,
deux soldats, pour s'amuser, obligent p u b l i –
quement un jeune Armé n i e n , Thomass, de
traire une chienne galeuse. La chienne, deve–
nue furieuse par cet acte inaccoutumé, d é –
chire affreusement les jambes du jeune
homme.
28
juillet.
A une distance de deux heu–
res de notre lieu, les habitants des deux vil–
lages kurdes, l'un Aïnbaran (25 familles), et
l'autre Djonanik (150 familles), ont lutté en–
semble. Il y a trois blessés. Bien que le gou–
vernement se fût h â t é d'examiner l'incident,
n é a nmo i n s personne ne fut arrêté.
29
juillet.
L a femme du chéïk A l i , o r i –
ginaire de Thilo et établi tout d e r n i è r eme n t
ici, fut enlevée par Eumer, du quartier de
Chéïk-Khalaa.
Le chéïk, qui est un personnage fou–
gueux, s'irrite, devient furieux et, sur la
i place du ma r c h é , fait pleuvoir mille insultes
!
à l'adresse du gouvernement local, du sul-
Fonds A.R.A.M