nous aurons c o n t r i b u é à notre propre perte
ainsi qu'à celle de nos frères compatriotes.
Pour l'amour de Dieu, exposez notre triste
situation à qui de droit. Quand ces vexations
auront-elles une fin ?
KALOUSTE OHANIAX,
de Doussadek.
MÉ L KON GIIOVGASSIAN,
de H e s h p ë .
L'assassinat de Mousstapha pacha
chef de la tribu Hami d i é de Miran.
Nous vous avons déjà écrit plusieurs l'ois
au sujet des luttes entre le susdit pacha et
les habitants de Chernakh, et des ruines
causés par leurs haines implacables.
Comme tous les ans, cette a n n é e aussi,
les habitants de Chernakh, sous la conduite
de Abdurahman agha viennent barrer le
détîlé appelé Chiress, mais cette fois-ci, i l le
font sérieusement. Les lonclionnaires de
notre gouvernement infâme, pour employer
le système de conciliation, se dirigent vers
le défilé avec des soldats et des chéïkes ; ils
supplient, ils persuadent le susdit agha de
laisser passer la tribu de Miran, mais en
vain, les habitants de Chernakh restent
inexorables.
Les nombreux soldats étaient impuissants
avec leurs canons. L'attaque commence et
Mousstapha pacha l u i -même est tué (te
31
août) avec quelques-uns do ses pro–
ches parents ; le choc devient effroyable,
plus de 300 personnes restèrent dans la
mêlée, quelques-unes frappées de balles et
d'autres assassinées. Le vice-gouverneur, le
chef de la police et plus de 200 soldats qu i
commettent toutes sortes de c r u a u t é s dans
les ma r c h é s assistent au carnage comme
simples spectateurs. Les fonctionnaires gou–
vernementaux et les soldats ne sont pas
encore de retour, et quelques-uns pensent
qu'ils sont réfugiés dans un village et
n'osent pas en sortir. Mousstapha pacha,
avec ses nombreux p r é s e n t s de corruption,
était une mine de Transylvanie pour Zcki
jtacha, commandant du q u a t r i ème corps
d ' a r mé e ; celui-ci se lamente et pleure sans
doute la triste mort de Mousstapha pacha.
Divers
Nous avons appris ce qui suit d'après le
bruit qui a couru i c i à plusieurs reprises.
1" 11
p a r a î t que les 4 et 8 août, des dé–
pêches sont arrivées de Constantinople par
lesquelles on donnait des instructions pour
armer le peuple et le p r é p a r e r à un nou–
veau massacre contre les A rmé n i e n s . Par
une dépêche du 12 août, le peuple a été
invité au calme.
2
° Les Turcs sont e x t r êmeme n t e n r a g é s en
ee moment ; i l ne se passe pas une semaine
qu'ils ne viennent prendre par force aux
artisans a rmé n i e n s du ma r c h é pour plus de
1,000
piastres de marchandises ; les agents
de police, le commissaire, les yeux grande–
ment ouverts observent les A rmé n i e n s d'un
air i r r i t é ; si l'Arménien regarde le Turc,
celui-ci lui crie : « O le chien de ghiaour!
qu'as-tu à me regarder comme cela »; si l'on
marche un peu vite : « Qu'elle est celte
marche, ô ghiaour! », et les coups et les i n –
sultes se succèdent.
L a vie est rendue intolérable par suite de
cette conduite cruelle. Les Turcs créent tou–
jours tous les p r é t e x t e s pour disputer les
A r mé n i e n s ; malheur à l'Arménien qui ose
ouvrir la bouche contre les vexations et les
oppressions : « O le ghiaour, tu as insulté la
religion de Mahomet », et la foule turque,
le commissaire, les policiers et les soldats
arrivent pour le torturer.
31
août.
—
Vers le soir, à onze heures,
Ahmed-ben-Moulssa, jeune homme turc, avec
quelques camarades rouent de coups Kass-
bar, fils d'un notable Armé n i e n , Babé llarout,
ils lui déchirent le corps avec des pierres et
des gourdins et l u i blessent la tête ; l'état du
malheureux est désespéré. A u m ê m e m o m e n t ,
deux Turcs du quartier de Basse, se querel–
lant l'un avec l'autre sont tous deux blessés.
Ordinairement les Turcs de tout âge portent
des armes partout et à tout heure.
31
août.
—
L'école de Deh, nouvellement
construite, est détruite e n t i è r eme n t par le
gouvernement local, sous prétexte qu'elle a
été construite sans autorisation. Il est évi–
dent que le but du gouvernement est d'isla–
miser tout à fait la population a rmé n i e n n e
c omp o s é e de 300 familles dont déjà, depuis
l'événement de 1895, plus de 200 sont islami–
sés par tels ou tels moyens. Depuis sept ans
l'école du village est fermée et i l n'a pas été
possible de la rouvrir jusqu'ici, c'est ce qui
d é n o t e le but caché du gouvernement turc.
Vers le commencement de septembre, sur
la route de Djéziré-MossouL Kérim, fils de
Misstho pacha qui, tout en surveillant ses
immeubles, s'était aussi occupé de piller les
caravanes qui y passaient, avec 150 hommes
attaque les soldats qui étaient à sa poursuite
pour l'arrêter; i l tue un colonel, un lieute–
nant-colonel et 12 soldats.
Le courrier de Djéziré a été é g a l eme n t
pillé sur la route parles brigands de la tribu
de Mirau. Nous avons recueilli cette nou–
velle d'une source officielle.
4
septembre.
—
A Tilo, pour une bagatelle,
un Turc tue l'un de ses voisins de deux
coups d'épée et prend la fuite.
5
septembre.
—
Dans l'après-midi, vers
cinq heures, sur la place du ma r c h é , Issa,
corroyeur, blessa le Turc Hamarff-Aress et
prit la fuite.
5
septembre.
—
Aujourd'hui, les deux frères
Tahir et Massri,"chef des brigands de notre
ville, avec leur suite, viennent au ma r c h é et
r é c l ame n t de l'argent par force de tous les
c omme r ç a n t s . Ceux-ci (la plupart des Turcs)
ferment leurs boutiques et s'en vont protes–
ter au gouvernement. Le gouvernement lit
venir les deux frères brigands pour les i n –
terroger, mais voyant que son autorité ne
suffisait pas pour les mettre à la raison, i l
confia l'affaire à la cour militaire.
9
septembre.
—
Nous vous avons déjà écrit
les détails de la lutte entre Mehmed Ressoul
et Eumer, agha de Tauzé, à propos du corn–
ent des tribus du 31 août. Le gouverneur,
é p o u v a n t é de l'assassinat commis sur Mouss–
tapha pacha, envoie Mehmed Ressoul agha
à Deh avec le vice-gouverneur dans le but
de le faire emprisonner; mais l'agha rusé,
pressentant ce qui allait l u i arriver, a p r è s
avoir a c c omp a g n é le vice-gouverneur pen–
dant une ou deux heures, se dirigea avec
ses domestiques vers son propre village ne
donnant aucune importance aux exhortations
et aux menaces du vice-gouverneur. Arrivé
chez l u i , i l r é u n i t les siens, et pour venger
les villages incendiés l u i appartenant, i l
attaque Ta n z é e t K h é v o u g h ; i l pille et i n –
cendie partout dans les deux villages de 130
à 150 familles. Une lutte a c h a r n é e eut lieu,
dix-huit personnes sont mortes des deux
côtés, et deux cadavres sont a p p o r t é s ici au
gouvernement.
10
septembre.
•—
A une distance de deux
heures de notre ville, vers le sud-ouest, le
jeune homme chaldéen, Milo, do Kitmoss,
pendant qu'il s'en allait au village, est tué
par des malfaiteurs inconnus et le mulet sur
lequel i l était mo n t é est emp o r t é . On recher–
cha le cadavre pendant trois jours et on le
trouva enfin près des eaux thermales et
t r a n s p e r c é de coups d'épée.
Le Mouvement pour l'Arménie
&
POUR L A MACEDOINE
EN ITALIE
On a lu plus haut la lettre adressée par
M . E . - T . Moneta, président du Comité de
Milan au ministre italien des
Affaires
étrangères. Le Comité de Milan s'est cons–
titué, désormais, à titre permanent et con–
tinuera l'agitation dont i l a pris si efficace–
ment l'initiative.
A Rome, le 7 mai, a eu lieu à l'Associa–
tion de la Presse l'importante réunion où
Anatole France a prononcé l'admirable
allocution que nous reproduisons en tête du
numéro. Deux cents personnes, apparte–
nant aux monde politique et intellectuel,
s'étaient assemblées dans les salons de l'As–
sociation de la Presse, sous la présidence
du professeur Sergi, assisté des députés De
Marinis, Barzilaï et Mazza et du professeur
Ferrari.
L a convocation portait que l'on recher–
cherait les moyens les plus efficaces pour
seconder les initiatives humanitaires prises
dans les capitales des pays civilisés, en fa–
veur des Arméniens et des Macédoniens.
Après un bref discours du président, Ana–
tole France, acclamé, lut son salut à l'Italie
et à la civilisation latine. Après lui parlè–
rent les députés Barzilaï et Chiesi, le mar–
quis Pandolfi, M
m c
A . Manzoni, le prince
Odescalchi, l'Arménien Loris Mélikoff, le
Macédonien Radef, l'abbé don R. Mtirri,
M . Basciardo.
L'assemblée vota un ordre du jour :
E x p r i m a n t le v œ u que le g o u v e r n e m e n t italien
c o n c o u r e avec les autres puissances e u r o p é e n n e s à
l'application des articles d u t r a i t é de B e r l i n , concer–
nant ces nations i n f o r t u n é e s et à l ' a p p l i c a t i o n de
r é f o r m e s efficaces q u i respectent les sentiments de
Fonds A.R.A.M