«
moralement complice de l'assassin
c o u r o n n é . » 11 faut que tous les h om–
mes de bonne vo l on t é agissent d ' un
c ommu n accord sur les gouvernements.
Quant à l u i et à ses amis de
VOsserva-
tore Cattolico,
au nom desquels i l
parle, i l est heureux de s'associera cette
croisade humanitaire.
Le discours de Do n E . Vercesi est
plusieurs fois coupé par de vifs applau–
dissements.
Le docteur Lo r i s -Me l i ko f f devait
parler au s s i t ô t a p r è s lui ; mais pour
rendre plus saisissant le courant har–
monieux de cette r é u n i o n , les assistants
r é c l ame n t d'abord le d é pu t é socialiste
T U R A T I .
Le député F. Turati
Quand l'ovation faite à F . T U R A T I
s'est c a lmé e , i l déclare avoir peu à
dire ap r è s les autres orateurs, l u i so–
cialiste. E n termes amers, i l dit la dé –
tresse du p r o l é t a r i a t italien, qu i n'a
pas le loisir de savoir ce que sont
Tu r c s , A r mé n i e n s , Ma c é don i e n s . Que
peut faire le p r o l é t a r i a t italien ? E x p r i –
mer des v œ u x de sympathie platonique.
Il constate avec plaisir que, dans cette
r é u n i o n « i l n'a pas été p r o n o n c é une
parole blessante contre les Tu r c s , dont
le p r o l é t a r i a t est aussi malheureux
qu'aucun p r o l é t a r i a t au monde ».
Il ne faut pas parler de luttes de
race, car toutes les races ont le droit de
vivre, avant chacune leur o r i g i na l i t é
propre. I l faut donner à toutes la l i –
berté de vivre et de lutter, la garantie
des droits é l éme n t a i r e s . F . Tu r a t i an –
nonce le jour où le p r o l é t a r i a t aura sa
politique é t r angè r e propre inspirée par
la fraternité des peuples .et les senti–
ments d ' h uma n i t é .
Le discours de F . Tu r a t i est s ou l i gné
en ses parties essentielles par les applau–
dissements de l'assistance. Puis, selon
la parole du p r é s i den t Gnoc ch i V i a n i ,
le docteur L O R I S - M É L I K O F F fait entendre
la Voix de l'Arménie
opprimée.
Le
débu t et la fin de son discours sont ac–
cueillis par de longs applaudissements.
E n voici le texte :
Le docteur Loris-Mélikoff
Arménien, profondément ému par cette i m –
posante manifestation où l'Italie en l a personne
de l a ville de M i l a n affirme sa sympathie au
peuple arménies martyrisé et exterminé, je ne
saurais vous dire quel sentiment de profonde
gratitude emplit mo n cœur en ce moment ;
c'est que j'ai conscience de ne pas vous témoi–
gner ici m a gratitude personnelle, mais d'ex–
primer celle de tous mes amis les exilés, A r –
méniens d'Europe et celle aussi de ce lointain
peuple d'Arménie, qu i ne connaîtra que bien
plus tard les paroles prononcées. Songez que
la terre natale l u i est une prison, que le c r i de
ses souffrances, le bruit de ses luttes pour l a
liberté ne parviennent à vous qu'à travers u n
mur infranchissable et que de même les échos
de l a sympathie européenne ne l u i parviennent
qu'atténués et amo i n d r i s .
Il est enfermé dans une bastille effroyable
attendant que l'humanité l u i en ouvre les
portes, l u i donne le droit de vivre, ce droit, de
vivre que les puissances l u i on t tant de fois
reconnu en apposant leur signature sur des
traités solennels. Ces droits élémentaires même
ne l u i seraient pas permis de les demander à
l'Europe s'il l u i était possible de les conquérir
par ses forces seules. Mais vous savez que le
peuple Arménien est dépourvu de tous moyens
de défense et qu'il a été livré sans armes à ses
bourreaux par ceux-là mêmes q u i l u i avaient
assuré leur appui.
L'œuvre qu'a entreprise la ville de M i l a n l u i
vaudra l'admiration de l'humanité civilisée et
j'ai le ferme espoir que les autres villes d'Italie
s'associeront à vous et continueront avec votre
aide, l a noble agitation que vous inaugurez
aujourd'hui d'une façon si éclatante.
Lorsque je suis' venu en Italie, j'entendais
dire autour de mo i que j'étais bien heureux d'y
aller admirer les chefs-d'œuvres de l'art et les
beautés de la nature. Ce que j'ai admiré et aimé
aussitôt, ce sont les hommes fidèles aux tradi–
tions généreuses de leur nation.
Dès que je leur ai eu exposé en quelques
mots l'objet de m amission, j'ai trouvé auprès
d'eux une adhésion complète et non pas une
adhésion passive mais u n concours énergique,
cordial et fraternel, q u i doublait mes forces et
mes espérances dans l'accomplissement d'une
tâche difficile, alors que les intérêts matériels
coalisés et le mauvais vouloir peut-être p o u –
vaient m'opposer des obstacles presque insur–
montables.
Dès l a première entrevue, j ' a i rencontré
auprès de tous l'accueil le plus empressé; des
h omme s q u i ont donné leur vie à toutes les
causes de civilisation et qu i on t gardé pour
elle toute l'ardeur de leur jeunesse. M M . Mo n e t a
A s c o l i , Giocasa, Gn o c c i , V i a n i , M " ' Ravizza,
n'ont pas hésité à nous accorder leur appui.
L a
jeunesse
intellectuelle, M M . Valentini,
Trêves, M i c e l l i , R i n o r d i , C a l v i , les délégués
des étudiants se sont montré semblables à
ceux q u i les on t précédé dans l a vie. Même
accueil dans toute la presse et chez les repré–
sentants des partis les plus divers, depuis le
député socialiste T u r a t i jusqu'à l'abbé Vercesi ;
à R ome et à Naples même accueil qu'à M i l a n .
No u s avons donc la certitude que dans notre
situation critique et désespérée, l'opinion p u b l i –
que italienne nous est acquise.
A u n om de la nation arménienne, je remercie
du fond du cœur le généreux peuple d'Italie.
Pu i s au nom de la
Corda
fratres,
l ' é t ud i an t C L E R I C Y vient assurer le dé –
vouement des é t ud i a n t s à la cause des
o p p r i mé s d'Orient. En f i n , du haut des
tribunes, un anarchiste conseille aux
A r mé n i e n s et aux Ma c é don i e n s de peu
compter sur les gouvernements et les
puissances et de trouver en e u x - même s
la force de lutter et de combattre.
En f i n , le p r é s i den t lit l'ordre du jour
reproduit en p r emi è r e page et qu i est
vivement a c c l amé .
Le soir, au restaurant de l'Horloge,
un banquet fut offert par le Com i t é
orrganisateur, aux orateurs é t r a n g e r s .
Dans cette r é un i on de fraternité i n –
ternationale où se rencontraient les
directeurs et les r é d a c t e u r s des grands
journaux de Mi l a n , de nombreux toasts
furent po r t é s , tous c é l éb r an t l'infatiga–
ble activité de M . T . Moneta, à qui re–
vient l'honneur d'avoir rendu possible
l'imposante manifestation de l ' ap r è s -
m i d i .
Qu ' i l nous soit permis, au nom de l a
r éda c t i on de
Pro Armenia,
de l u i
adresser l'hommage de notre respec–
tueuse gratitude. Nous prions en m ê m e
temps, nos confrères de M i l a n , d'ac–
cepter nos r eme r c î me n t s é mu s et en
particulier M M . Ca l v i , P i na r d i et M i -
celi qu i nous ont aidé, avec une infati–
gable obligeance, à donner ce compte
rendu, encore trop sommaire des dis–
cours. L a
Vita Internationale
en pu –
bliera la s t é nog r a ph i e dans un n u m é r o
spécial.
P. A .
LIRE :
La Vita înternazionaîe
R E V U E BI-MENS1/ELLE ILLUSTRÉE-
Directeur :
K . - T .
M o n e t a ,
Collaborateurs : L . TOLSTOÏ, G . N o v i c o w , E . D E
AMICIS, C . LOMBROSO, G . SERGIJ A . LOIIIA, G . F E R R E R O ,
Y.
GUYOT, M . R A P I S A R D I , C . R I C H E T , G . A S C O L I ,
M . NICEFORO, E . V I D A R I , E . M O R S E L L I , I.
SIOHELE,
M . P I L O , etc.
R É DA C T I ON :
21,
Porticl
Settentrionali,
Milan.
A B O N N E M E N T S : Italie, 1 0 francs; autres pays,
1 5
francs; un n u m é r o , 0 fr. 50 .
LIRE :
L'EUROPÉEN
Courrier International Hebdomadaire
POLITIQUE, DROIT INTERNATIONAL
QUESTIONS
SOCIALES,
LITTÉRATURES, A R T .
Direction: C h .
I O X O J ? O ! S (Paris)
R é d a c t e u r en chef : A . - F E R D I N A N D
H E R O L D .
24,
PUS
Dauphine, P AR I S (vi
e
)
Articles de M M . F r é d é r i c P A S S Y , Francis de P R E S S E N S É
John.-M. ROBERTSON, D
r
M . K R O N E N B E R G , A . A U L A R D
Marcel C O L L I È R E , Xavier de R I C A R D , Raoul A L L I E R ,
A n d r é FONTAINAS, Pierre Q U I L L A R D , Georges E E K H O U D .
Fonds A.R.A.M