tance, massage, etc., à l u i rendre l'usage
de sa main droite.
Elisabeth X...,.encore en traitement,
fut a dop t é e par une grande dame alle–
mande, et partit pour l'Allemagne,
nous ne savons quel a été le résultat
tardif de nos interventions. Cette jeune
fille fut p r é s en t é e à divers meetings pour
les A r mé n i e n s , en Al l emagne .
Le dernier blessé dont nous parle–
rons, un homme de
5
o
ans. fut, à
Stamboul, en octobre
i 8 g 5 ,
r e n c o n t r é
par-une bande de Kurdes qu i se faisaient
la ma i n pendant une des j ou r n é e s de
«
répétition générale », qu'on a appe–
lées les « petits massacres ».
Arrêté par ces forcenés, i n t e r r ogé et
d ûm e n t reconnu pour A r mé n i e n , le
pauvre diable comme un bœu f à l'abat–
toir fut a s s omm é d'un coup de gourd i n
et laissé pour mort sur le carreau.
Comme en
18
g5
,
on ne parachevait
pas encore l'ouvrage; notre homme fut
relevé et po r t é chez l u i h émi p l é g i q u e
droit et aphasique.
Après de multiples traitements élec–
triques la parole revint à peu p r è s ,
mais sans amé l i o r a t i o n notable de
l ' hémi p l ég i e .
Le malade nous fut alors ame n é à
l'hôpital français en vue d'une opé –
ration, le
16
septembre
1896.
C'était
un homme v i gour eux , grand, bien
bâti, sans tares corporelles. L a parole
était emb a r r a s s é e , la langue lourde, les
idées peu claires et l'on avait toutes les
peines du monde à interroger le ma –
lade qui n'avait qu'une idée très confuse
de ce qu i l u i était a r r i vé . Nous ne p ûme s
pas constater de parèse de la langue et
pas trace d'aphasie vraie, mais un état
nerveux proche de l'imbécillité.
Le facial était intact. Les muscles du
cou contractures a droite.
Paralysie absolue du bras droit qu i
restait collé au corps en contracture
typique, le coude plié, le poignet à la
hauteur du sein droit, la ma i n fléchie
avec les doigts r é un i s en extension.
Tous les réflexes des tendons du bras
étaient très exagérés. On avait beau–
coup de peine à vaincre la contracture,
et ce n'était que très lentement qu'on
arrivait à é t e nd r e le bras et cela très
imparfaitement. L a ma i n et les doigts
faisaient alors un certain nombre de
mouvements presque a t h é t o t i qu e s . Dès
qu'on cessait la traction, le bras re–
prenait lentement sa position p r emi è r e .
L a jambe était é g a l eme n t entière–
ment paralysée, le pied fortement en
é q u i n , le genou un peu fléchi. Les
mouvements passifs ne pouvaient être
exécutés qu'avec une e x t r ême
diffi–
culté à cause de la contracture. Avec
cela, les réflexes étaient" exagérés au
point qu'un léger choc sur le tendon
d ' Ach i l l e et le tendon rotulien, une
brusque flexion ou extension d'un seg–
ment du membre suffisaient pour pro–
voquer des contractions vraiment ép i -
leptiques de la jambe entière qu i
duraient plusieurs secondes.
L o coup de matraque, cause de tout
le ma l , avait po r t é sur la région pa r i é –
tale gauche, où l'on constatait, peut-
être avec un peu de suggestion et
parce qu ' i l est juste et bon de trouver
quelque chose, un certain épaissis-
sement, une bosse pa r i é t ab l e plus pro–
non c é e à gauche q u ' à droite, sans trace
de cicatrice du cuir chevelu.
Pas de trouble de la vision ou de
l'ouïe, le fond de l'œil no rma l . Le
blessé p a r a î t , lors de son accident,
n'avoir saigné ni du nez n i des oreilles.
Ma l g r é le manque, pour ainsi dire,
absolu de signe de fracture du c r â n e ,
l'indication de t r é p a n e r sur la région
des centres moteurs gauche était assez
précise pour que nous ayons besoin de
la discuter. Ce qu i fut fait le
18
sep–
tembre
1896.
Résection o s t éop l a s t i que d'un large
lambeau pariétal qu i une fois abaissé
laissa voir une surface interne du c r â n e
très normale, sans ' trace de fissure,
d ' é p a i s s i s s eme n t ou de dép r e s s i on et
une d u r e -mè r e absolument normale.
Pas de tension anormale du liquide
c é r é b r o s p i n a l .
Ap r è s incision large de la dure-
mè r e , nous ne p ûm e s que constater
l'absolue intégrité des circonvolutions
cérébrales, sans trace de ramollissement,
d ' h émo r r h a g i e ancienne ou de c om–
pression.
Plusieurs ponctions i n t r a c é r é b r a l e s
profondes avec une seringue et un tro-
cart fin et moyen furent é g a l eme n t
négatives. Suture du lambeau.
T é n o t om i e du tendon d ' Ach i l l e et
redressement du pied dans un appa–
reil p l â t r é .
Gu é r i s on par p r emi è r e intention de
la plaie c r â n i e n n e , e n l è v eme n t des su–
tures au t r o i s i ème jour et. . . résultat
de gu é r i s on aussi positif que le résultat
ch i r u r g i ca l actif avait été négatif, c'est-
à-dire, qu'en peu de jours la paralvsie
disparut c omp l è t eme n t ainsi que les
contractures et que, seule, une certaine
faiblesse du côté d r o i t , suite de l'atro–
phie musculaire par i na c t i v i t é , per–
sista, pendant assez longtemps.
A u bout de quinze jours, déjà, notre
homme pouvait marcher sur son p l â t r e ,
se servir facilement de son bras et
bouger la tête en toute liberté.
L'état de semi-imbécillité disparut
é g a l eme n t rapidement.
Ev i demmen t , on ne peut envisager
ce cas autrement que comme une
hystérie
traumaiique
modifiée heu–
reusement par l ' opé r a t i on .
Notre mé r i t e chirurgical dans ces
g u é r i s o n s parfois extraordinaires, est
é v i d emme n t assez mince, nos succès
n ' é t a n t dus q u ' à l ' ex t r ême résistance
physique d'une race encore fruste et
non dégénérée.
Ce sont de tristes souvenirs que
nous avons r é u n i s l à , souvenirs d'une
é poqu e qui marque d'une tache noire,
indélébile, l'honneur des nations q u i
laissèrent s'accomplir l'horrible forfait
des massacres a r mé n i e n s , sansse donner
la peine de faire un simple geste, le
geste é n e r g i qu e qu i eut suffi seul à a r r ê –
ter i mmé d i a t eme n t ces atrocités.
D
r
E . L A R D Y .
Ancien
chirurgien
en chef
de l'hôpital
français
de
Constantinople.
MEMORANDUM
MARS-AVRIL
1895
Le projet contenant l'ensemble des disposi–
tions qu'il serait nécessaire d'introduire dans
l'organisation administrative, financière et judi–
ciaire, il a paru utile d'indiquer dans une note
séparée ces différents points sont :
1»
La réduction éventuelle du nombre des
vilayets ;
2
°
Les garanties pour le choix des Valis;
3
° L'amnistie des Arméniens condamnés ou
détenus pour faits politiques;
4
0
La rentrée des Arméniens émigrés ou
exilés ;
5
° Le règlement définitif des procès pour
crimes et délits de droit commun actuellement
en cours ;
6
° L'examen de l'état des prisons et de la
situation des prisonniers;
70
La nomination d'un haut commissaire de
surveillance pour la mise en application des
réformes dans les provinces ;
8
°
La création d'une Commission perma–
nente de contrôle à Constantinople ;
90
La réparation des dommages subis par les
Arméniens victimes des événements de Sassoun,
Talori, etc. ;
io° La régularisation des affaires de conver–
sions religieuses ;
1 1 "
Le maintien et la stricte application des
droits et privilèges concédés aux Arméniens ;
12
°
La situation des Arméniens dans les
autres vilayets de la Turquie d'Asie.
Le Secrétaire-Gérant
:
J EAN L ONG I E T .
L ' É M A N C I P A T R I C E , i m p r i m e r i e c o mm u n i s t e ,
3,
rue de P o n d i c h é r y , P a r i s (xv'),
Ed. G A U T H I E R , administ.-délégué.
Travail exécuté en commandite par des ouvriers syndiqués
Fonds A.R.A.M