T RO I S I ÈME A N N É E .
53.
Le Numéro : France,
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J A N V I E R H 9 0 3 .
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QU I LLARD
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QU I L LARD
lO, Rue NTollet, IParis.
A B O N N E M E N T S :
France
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Paraissant le io et le25 de chaque mois
COMITÉ DE RÉDACTION :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
Secrétaire de r é d a c t i o n :
Jean L O N G U E T
A D M I N I S T R A T I O N :
Rue Monsieur-le-Prince, 10
P A R I S (6«)
Le samedi, do 11 heures à midi.
A B O N N E M E N T S :
France
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Etranger
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I»l*<> ARMENIA
est en vente:
A l
'
Administration,
10,
r. Monsieur-le-Prinèe;
Chez
Brasseur,
Galeries de l'Odéon;
—-
Boulinier,
19,
boulevard Saint-Michel ;
S O M M A I R E :
La Quinzaine: Faits historiques (PIERRE
Q U I L L A R D ) . - —
Un Kapport turc sur la situation intérieure à Djizré.
Lettres de V a n et d'Erzeroum. — Nouvelles
d'Orient : L a chaire d ' A r m é n i e n à l'École des langues
orientales; E n Macédoine; Quelques favoris d'Abd-
u l - H a m i d ; Le s poissons d u Bosphore; Condamna–
tions ( P . Q.). —V a r i é t é s : Vazken (Dikran Deroyan).
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plus tôt possible pour éviter un relard
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de nos lecteurs qui ne reçoivent pas
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le journal d'en aviser
l'Administration,
10,
rue Monsieur-le-
Prince.
LA QUINZAINE
Faits historiques
Il ya un peu plus de six ans, clans
un article fameux de la
Revue de Paris,
M . Gabriel Hanotaux vantait la dou –
ceur et la ma n s u é t u d e de S. M . I. A b d –
u l -Hami d et c é l éb r a i t la b e a u t é de la
petite main blanche et fine qui tenait
«
tous les fils » de l'Islam. C'était au
lendemain des massacres de Tr éb i –
zonde, Er z e r oum, Ba ï b o u r d , Ak -H i s s a r ;
à la connaissance de l'écrivain qui
était t omb é du mi n i s t è r e en novembre
1895,
i l y avait déjà cinquante mille
morts. Cependant le v é r i d i qu e historien
A l a
Société Nouvelle de Librairie,
17,
rue Cujas;
Au
Kiosque 23,
boulevard des Italiens;
117,
boulevard des Capucines;
27,
boulevard Montmartre;
de Richelieu mentait impudemment et
se gaussait avec une é t r a n g e ironie
des nouvelles à sensation qui r e p r é –
sentaient l ' Armé n i e comme le t h é â t r e
des plus atroces tueries qui aient eu
lieu de mémo i r e d'homme.
Aujourd'hui, M . Gabriel Hanotaux
qui a trahi tous les partis aussi cy-ni-
quement qu'il trahissait alors la vé r i t é ,
a é t é rejeté justement par tous les
partis : battu aux é l e c t i on s s é n a t o r i a l e s ,
il ne redeviendra pas ministre; i l ne
pourra plus demander en ricanant aux
é voqu e s A rmé n i e n s de passage à Pa r i s
<( s'ils croient vraiment qu'on en a tiié
tant que cela ». Abd - u l -Hami d n'a
plus en France d'historiographe offi–
c i e l ; et m ê m e ailleurs, i l ne nie plus
maintenant la réalité des faits.
Le s con f é r enc e s de Budapest sont
une preuve de ce nouvel état d'esprit
chez le Su l t an .
Il s'en ému t au point de faire i n s é r e r
dans les journaux de Constantinople
des notes comme celle-ci : « L e gou–
vernement hongrois fait publier dans
les journaux officieux que les Hong r o i s
sont de longue date les amis des Otto–
mans et que, par c o n s é q u e n t , aucune
attitude et aucun incident ne pourra
porter p r é j ud i c e à cette vieille ami t i é ».
(
Ikdam, 27
décembre.)
Cependant, faute de mi eux , son
consul à Budapest se contentait d'un
c ommu n i q u é moins glorieux. I l avait
r e çu l'ordre d ' emp ê c h e r les c on f é r e n c e s
dans les pays de la « couronne hon-
Chez
Blancard,
à Marseille;
Cohen,
à Montpellier;
Egg ima nn , à Genève.
groise. » C'est à la suite de ses d é –
marche que « au club des journalistes
le conférencier se borna à l'exposition
de
faits historiques
(
sic)
sans entrer
dans les incidents qui doivent ê t r e
c ommu n i q u é s à l'opinion publique par
le Comi t é a rmé n i e n , la d é s i g n a t i o n
d ' a t r o c i t é a rmé n i e n n e s ».
A i n s i , par la vo l on t é même de S. M . I.,
les faits n i é s n a g u è r e sont historiques
d é s o rma i s . Historiques, regorgement
de trois cent mille hommes, les tueries
d ' Er ze r oum, de T r é b i z o n d e , de D i a r b é –
kir et de Constantinople; historique, la
fosse deGue l l i eh Guzan ; historique, l'in–
cendie de la c a t h é d r a l e d'Orfa et des
trois mille malheureux qu i s'y é t a i e n t
réfugiés -
r
historiques, les d é p ê c h e s de
M . Cambon, montrant Abd - u l -Hami d
comme un a c c u s é sans moyen de d é –
fense, a p r è s le Sassoun, et de M . de
la Bou l i n i è r e faisant savoir que « le
Sultan l u i -même arme les bras des
a s s o mm e u r s » ; historique aussi, d'his–
toire contemporaine, l'état p r é s e n t ,
l'état normal des vilayets a r mé n i e n s qui
fut é g a l eme n t révélé aux d é p u t é s et aux
journalistes hongrois, à l'aide des do–
cuments p o r t é s à la tribune française
par les d é p u t é s Gustave Rouanet et
Ma r c e l Sembat et dont le ministre
actuel des affaires é t r a n g è r e s ne ni a
pas l a parfaite exactitude : ils é t a i e n t ,
en effet, conformes aux rapports de ses
consuls.
Quand dans quelques mois, les d é –
p u t é s hongrois poseront devant les
Fonds A.R.A.M