leurs foyers, on leur dit : « Vous êtes des
fédaïs. »
Le 28 septembre, on conduisit à la prison
d'ici deux habitants de Moush qui étaient à
peine arrivés et voulaient rentrer à Moush.
On arrêta deux autres personnes dans le v i l –
lage de Uzvéran et trois personnes dans le
village de Tali-Tala.
A i n s i , gouvernement et Kurdes, conti–
nuent toujours les assassinats, les coups, le
pillage et l'emprisonnement. Le peuple sup–
porte tout cela avec résignation en atten–
dant du secours. Quand viendra-t-il, le se–
cours?
Nouvelles d'Orient
E N MA C É DO I N E .
A la veille des grands
massacres, A b d u l - H a m i d avait eu soin de
promulguer un pompeux programme de
réformes pour les six vilayets d ' A s i e - M i –
neure et i l avait e n v o y é sur place Ch a k i r -
Pacha qu i devait assurer l'exécution de ses
volontés : en effet partout o ù passa Ch a k i r ,
regorgement eut lieu presque i mm é d i a –
tement.
Maintenant la m ô m e c omé d i e se joue
pour l a Ma c é d o i n e : dè s le mois d'octobre,
le gouvernement français attirait l'attention
de la Porte sur les graves dangers que fai–
sait courir à la t r a n q u i l l i t é publique et à la
paix générale le r é g i me d'exactions et de
meurtres. Depuis l'ambassadeur russe et
l'ambassadeur autrichien demandaient au–
dience sur audience et donnaient au ma î t r e
d ' Y l d i z les conseils nécessaires, cependant
que l'ambassadeur italien r é c l ama i t pour
l'Albanie les amé l i o r a t i o n s q u i allaient être
accordées aux gens de Monastir, de Salo-
nique et d ' U s k ù b : m ê m e la fidèle A l l e –
magne devenait presque m e n a ç a n t e : l'offi–
cieuse
Galette de Cologne
remontrait au
padischah q u ' i l n'avait plus g u è r e de fautes
à commettre et le dernier vendredi de no–
vembre, après le Selamlik, l'ambassadeur
Ma r s h a l l von Bieberstein, parlait dans le
m ê m e sens que ses collègues autrichien et
russe.
Alors H a m i d p r omu l gu a tout à coup u n
mirifique projet de r é f o rme s , fit venir de
Ko n i a , par train spécial, le vali F é r i d Pacha,
l'un de ses moins mauvais fonctionnaires,
en fit le président de la Comm i s s i o n insti–
tuée et n omma Hu s s e i n H i l m i Pacha, qu i
avait ma l réussi dans l ' Yéme n , inspecteur
g é n é r a l .
Ce projet de réformes a été ma l accueilli,
sauf par les journaux turcs qu i en ont ce–
pendant s u p p r i m é u n article de quelque
importance, celui où i l est dit q u ' à l'avenir
les valis ne pourront plus user de l a force
militaire sans u n iradé, c'est-à-dire sans
que la responsabilité directe de la Bête soit
engagée.
Il contient moins de mesures précises que
des formules générales, q u i figureraient
mieux dans le protocole d'une l o i que dans
son dispositif : on y lit que « les valis
auront soin de choisir des fonctionnaires
capables » et que « les tribunaux jugent en
toute i n d é p e n d a n c e et sans subir aucune
influence. »
L a
Frankfurter
Zeitung
q u i juge des
choses turques avec une bonne foi et une
connaissance objective des faits et des c on –
ditions politiques et é c o n om i q u e s que l u i
pourraient envier beaucoup de journaux
français, c o n s i d è r e qu'en employant de
pareilles formules, la Porte et le Palais ont
v o u l u s'amuser aux d é p e n s des Puissances
e u r o p é e n n e s . Elle ajoute, très sagement, que
ces réformes ne seront pas a p p l i q u é e s et
q u ' i l n'en sera jamais a p p l i q u é aucune,
tant que l ' on n'emploiera pas en Ma c é –
doine la mé t h o d e qu i a si heureusement
réussi à Samos ou au L i b a n , c'est-à-dire
tant que l'introduction des réformes ne
sera pas soumise à u n c o n t r ô l e e u r o p é e n ;
elle fait remarquer que, d'ailleurs, c'était là
le programme, très mo d é r é , proposé à la
Porte par le Com i t é ma c é d o n i e n , voilà
cinq ans : r é u n i o n en une seule province
des trois vilayets d ' Us k u b , Mona s t i r , Salo-
nique ; nomi n a t i on pour cinq ans d ' un
gouverneur p r é s e n t a n t des garanties d ' i m–
partialité et de tolérance, appartenant à une
des nationalités dominantes ; convocation
d'une a s s emb l é e provinciale élue par suf–
frage direct ; choix des fonctionnaires pa rmi
la nationalité domi nan t dans le district;
suppression de la censure; formation d'une
gendarmerie aux ordres du v a l i , propor–
tionnelle au nombre des habitants, c om–
m a n d é e par des officiers n o mm é s par le
Sultan ; é t a b l i s s eme n t du budget par l'as–
s emb l é e ; envoi aux caisses de l'Etat de
25
pour ioo des revenus.
Ce serait là, é v i d e mm e n t , la solution la
meilleure. Reste à savoir si elle sera jugée
telle par toutes les Puissances et par H a m i d
ou si elles et l u i ne préféreront pas laisser
les choses aller leur cours et éclater au
printemps une insurrection formidable,
aussi dangereuse pour l'intégrité de l'em–
pire ottoman que pour la paix de l'Europe.
L A PRESSE HAMIDIENNE A PARIS. —
L'Ikdam
cite avec honneur deux grands j ou r n a ux
parisiens, le
Figaro
et les
Débats;
voici
les termes exacts de ces notes si flatteuses
pour ceux qu i en sont l'objet :
Le
Figaro,
dans son n umé r o du 20 no–
vembre et le
Journal des Débats,
dans son
n umé r o du 22 novembre, a p r è s avoir an –
noncé que les actes de brigandage commis
dans certaines parties de la Turquie d'Europe
ont pris
fin
grâce à S. M . le Sultan, é n um è -
rent une série de preuves pour défendre les
droits sacrés du gouvernement ottoman ; ils
déclarent é g a l eme n t que la conduite des
brigands est tout à fait inexplicable.
Le
Journal des Débals
annonce que le
n ommé Stoyan, du village de Batzindé, de
la province de Monastir, pour rendre ser–
vice au gouvernement turc sous la protec–
tion duquel i l vit, et pourcontribuer à l'anéan–
tissement des brigands qu i oppriment tou–
jours la population du village, avait fourni
quelques renseignements, manifestant par
là ses sentiments de fidélité. Les brigands
pour tirer vengeance de Stoyan ont incendié
sa maison.
Il faut dire cependant, à l a défense du
Figaro,
que si ce j ou r n a l insère des c om–
m u n i q u é s hamidiens, à titre sans doute de
publicité et en vertu de contrats d'annonces
déjà anciens, i l ne s'interdit pas de publier
des articles q u i réfutent point par point les
notes du Sultan à mesure qu'elles parais–
sent et q u i , é t a n t signés d ' un nom hono–
rable, ont une autre valeur que les pape–
rasses rédigées dans les chancelleries et
ambassades d e l à Bête. A u contraire, jamais
on ne trouve dans les
Débals
la contre–
partie des c o mm u n i q u é s i mp é r i a u x et c'est
avec
YOrient,
de Nicolaïdès, la feuille la
plus d é v o u é e et la plus loyale envers Sa
Majesté.
AÏS ïël'àfy rts'i'/non an ^"d5'vYË ^itViUfï ^ul*>-rféf
L A F L O T T E OTTOMANE.
M ê m e à Con s –
tantinople, on avait fini par savoir que les
Italiens avaient agi avec quelque énergie
brutale dans l a Me r Rouge, sans attendre
les c a n o n n i è r e s é c h o u é e s dans les Darda–
nelles etle ministre de l a m a r i n e é t a i t invité
d'urgence à envoyer vers Ho d e ï d a h des
bateaux en état de naviguer, ce qu i est
impossible. Au s s i a-t-il été e s t imé utile de
rassurer le peuple par u n c o mm u n i q u é de
victoire, et les j ou r n a ux ont a n n o n c é en
grand apparat que « les c a n o n n i è r e s otte-
manes
Meklé tt Galata
ont c a p t u r é dans la
Me r Rouge, trois
sembouks
contenant
27,000
ocques de tombac et d u tabac, ainsi
que d'autres marchandises de c o n t r e b a n d e » .
O n ne dit pas si cet exploit a été accompli
près de l'île de M i d d i au temps o ù les na–
vires italiens y croisaient ; i l est m ê m e assez
probable que c'est u n exploit purement
imaginaire, d û à l'esprit inventif d'Hassan
Pacha ou de son ma î t r e .
L E S
PRISONS HAMIDIENNES.
Q u i donc
oserait dire que le prisons hamidiennes ne
sont point des lieux de délice, que les déte–
nus a r m é n i e n s y sont livrés sans armes à
leurs compagnons, mu n i s de bons couteaux
et poignards, que l a bastonnade et la tor–
ture y sont quotidiennes et que la mortalité
y est effrayante? S. M . I. en personne,
s'occupe du sort de ses chers d é t e n u s , et
elle fait dire dans ses j ou r n a ux :
A la suite d'une e n q u ê t e ouverte pour
établir la situation des prisons de l'Empire
Fonds A.R.A.M