que. Sans doute aussi on ne massacre
que par son ordre; mais chaque fois
que le
veto
des puissances est posé avec
quelque énergie, lemassacre cesse. Les
grandes tueries a r mé n i e n n e s en sont
un exemple saisissant : elles ont cessé
i n s t a n t a n éme n t à Di a r b é k i r sur une
d éma r c h e comminatoire de M . Cambon
au Palais; elles ont cessé à Constanti–
nople aussitôt que les ambassadeurs
ont averti H am i d que son t r ô n e et sa
vie étaient en jeu. S i alors sa puis–
sance de nuire avait été aussi grande
qu'on l'imagine, i l l u i était aisé de
l â che r sur les ambassades, installées en
cette saison dans les villégiatures du
Bosphore, la troupe de ses é go r g e u r s .
Il ne l ' a point fait, parce qu ' i l n'en
avait pas le pouvoir.
Plus tard, au lendemain d'une guerre
victorieuse, s û r de l'appui et de l ' ami –
tié de l'empereur Gu i l l aume , i l s'est
laissé enlever la Crète, comme i l s'était
laissé enlever par un audacieux coup
de ma i n bulgare la Ro umé l i e Orientale.
Il l ' a fait parce q u ' i l n'avait pas la
force de faire autrement.
11
y a deux ans, En i z Pacha p r é p a –
rait un massacre àAn i t a b ; et l'été der–
nier, toutes les mesures étaient prises
pour exterminer les paysans du Ta s -
soun. L ' envo i de quelques navires de
guerre sur les côtes de Cilicie et la p r é –
sence de consuls e u r o p é e n s à Mou s h
ont suffi pour que Sa Majesté n'osât
passer du désir à l'acte.
A u contraire, des preuves nombreu–
ses et constantes ont été d o n n é e s que
la coercition, loin d'amener les catas–
trophes prédites, était le seul moyen
efficace contre un souverain unique–
ment épris d'assassinat.
Quant au trésor de guerre ama s s é
pour l'avenir, i l ne saurait" servir à
grand chose avec une flotte absolument
hors de service, avec une a r mé e de
jour en jour plus dé s o r gan i s é e . No n
que le peuple turc ait perdu ses quali–
tés d'endurance et de courage i n t r é –
pide : mais, ainsi que l ' a établi le
D
r
La r dy , chef de l'ambulance de la
banque imp é r i a l e ottomane en The s -
salie, ap r è s l'expérience de la guerre
turco-grecque, ma l g r é les ressources
d'hommes que p r é s en t e l'immense sur–
face de l'empire, on ne pourrait mob i –
liser que quatre corps d ' a rmé e sur
huit (Constantinople, And r i nop l e , Sa-
lonique, Er z i ndpan ) . Les autres sont
inexistants i T r i p o l i ) , incomplets (Bag–
dad), insuffisants (Bagdad), en révolte
ouverte depuis dix ans (Sana). Cela
donnerait trois cent mi l l e hommes et
au bout de six mois, avec un c omp l é –
ment de Damas et de Bagdad, trois
cent quarante mille hommes au plus.
Et dans quelles cond i t i ons ? Sauf
pendant la pé r i ode de la guerre turco-
grecque, aucun exercice de service en
campagne, plus d'exercices à feu de–
puis
1878;
pas ou fort peu d'écoles à
feu pour l'artillerie, et nous nous en
souvenons pour avoir v u , à Velestino
et à Domo k o , tirer les soldats turcs, i ls
ignoraient e n t i è r eme n t l'usage de leurs
armes et tiraient le plus souvent sans
é p a u l e r ; ce fut « un gaspillage fou de
mun i t i ons » sans résultat app r é c i ab l e .
Le service de l'intendance et le service
sanitaire n'existent pas. Les officiers,
dont quelques-uns sont de très haute
valeur, sont suspects en raison m ê m e
de leur valeur et ceux qu i , par leur ta–
lent, s'étaient mi s envue pendant la
campagne grecque ont été depuis très
mal con s i dé r é s au Palais.
Le D
r
La r dy r é s uma i t ainsi ses
conclusions : « Nous avons acquis et
«
conservé la conviction que l ' a rmé e
«
turque n'est plus une force et qu'elle
«
ne serait pas à m ê m e de résister à
«
un adversaire, m ê m e très inférieur
«
en nombre, pour peu que cet adver-
«
saire eû t une organisation militaire
«
quelconque. Ap r è s peu de jours de
«
combats successifs, les Tu r c s man -
«
queraient de tout, les mun i t i on s n'ar-
«
riveraient plus à temps et l a d é r ou t e
«
deviendrait affreuse ».
Ce n'est pas avec une telle a rmé e
q u ' Ham i d pourrait organiser le mas–
sacre sans s'exposer à un c h â t i me n t
immé d i a t .
Les puissances n'ont pas à tenir
compte de cet é pouv a n t a i l , si elles ont
r é e l l emen t le désir d'exiger l'exécution
du T r a i t é de Be r l i n .
Pierre
Q U I L L A R D .
LIRE :
JOIE I N F O R M A T I O N
Editeur et Rédacteur :
Josef GRAF
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Vienne, Piaristengasse, 26
Coupures cle journaux
Agence OBSERVER
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SLXCLTiSALES A
Budapest, Genève, Londres,
New-York,
Paris, Rome,
Stockhohn.
Les émigrés du Caucase
No u s recevons de Tiflis une étude complète
sur l a question des émigrés : i l ressort claire–
ment de ce rapport que les émigrés sont t o m –
bés dans une sorte rie traquenard administratif.
Après leur avoir laissé en apparence la liberté
de rentrer en T u r q u i e et avoir permis même —
par une faveur singulière et suspecte — d'ou–
vrir une souscription pour leur venir en aide,
on révoqua les ordres primitifs quand ces m a l –
heureux furent arrivés à la frontière, exténués
de fatigue, ayant épuisé leurs dernières ressour–
ces et celles des compatriotes q u i les avaient
hospitalisés. Puis ce fut, sous le fouet des
cosaques, le retour lamentable vers les villes
abandonnées, et ce sera, demain o u plus tard,
si l a chose n'est déjà faite, la déportation pa r
mesure administrative.
C omm e vous le savez, une circulaire de
Galitzine, gouverneur en chef du Caucase,
du mois de novembre de l ' a n n é e
1901,
adressée aux gouverneurs des provinces,
ordonnait de faire savoir à tous les fugitifs
a r m é n i e n s , sujets turcs, que ceux-ci de–
vraient, ou bien s'inscrire c omme sujets
russes, ou bien s'éloigner du territoire
russe ; i l était dit, en outre, q u i acceptaient
de s'inscrire c omme sujets russes, ne rece–
vraient pas d é t e r r e s , mais qu'ils pourraient
acheter des immeubles au bout de vingt
ans; en revanche, dès l ' a n n é e
1903
ils de–
vraient fournir le ' contingent mi l i t a i r e ;
quant à ceux q u i ne d é s i r e r a i e n t pas s'ins–
crire c omme sujets russes et voudraient
quitter le territoire russe, des facilités leur
seraient accordées. I l est clair que les c on –
ditions dans lesquelles on devait s'inscrire
c omme sujet russe, n ' é t a i e n t pas bien
attrayantes, et lors m ê m e qu'elles le fus–
sent, les émi g r é s n'avaient-ils pas laissé
dans leur patrie, une partie de leurs familles,
quelques-uns leurs femmes et leurs enfants,
d'autres des parents, des s œu r s , etc.; n ' y
possédaient-ils pas tous leurs biens, des
terres auxquelles i l s devraient à jamais
renoncer s'ils s'inscrivaient c omme sujets
russes, sans parler de leurs habitations, de
leurs foyers ?
Il leur était impossible en m ê m e temps
de rentrer dans leur pays, d'abord pour la
simple raison que le gouvernement turc ne
le permettait pas, et ensuite parce que dans
leur pays r é g n a i e n t encore les môm e s con–
ditions que lors de leur ém i g r a t i o n . A i n s i
il fut créé pour les émi g r é s une situation
d'où i l était très difficile de sortir; i l leur
restait seulement u n moyen, c'est-à-dire de
demander au gouvernement russe de leur
permettre de s é j o u r n e r sur le territoire
russe dans l a m ê m e situation indécise,
j u s q u ' à ce que la situation de leur patrie fut
amé l i o r é e et q u ' i l leur devint possible d'y
retourner ; ce qu'ils firent aussi.
T o u s les ém i g r é s de toutes les localités
Fonds A.R.A.M