—
Le jeune homme Serafime S imé o n o i ï
fut assassiné i l y a deux semaines quand i l
faisait le voyage de Lazaropolé à Perlepé.
C O N D AMN A T I O N .
—
On lit dans les j ou r –
naux turcs :
Il y a quelque temps, un soldat de
marine attaché à l'administration duMa h -
soussé avait été arrêté ayant été trouvé por–
teur d'une lettre à l'adresse d'Ohannès bey,
à Marseille. L'enquête ouverte à ce sujet avait
ame n é l'arrestation du lieutenant de marine
Yonous effendi. Tous les deux traduits de–
vant la cour martiale. Suléiman a été acquitté
et le lieutenant Y'onous effendi, officier, a été
c o n d amn é à la radiation, à la perte de ses
d é c o r a t i o n s et médailles et à sept ans de dé–
tention dans une enceinte fortifiée, la cour
ayant établi que c'était lui qui avait p r é p a r é
cette lettre dans l'intention de d é n o n c e r le
soldat et arriver par ce moyen à son but.
Il doit y avoir erreur : le lieutenant
Yonous-eftendi savait que le mé t i e r de
mou c h a r d et d'agent provocateur est fort
h o n o r é à Y l d i z ; au lieu de le r é c omp e n s e r ,
comme le sont d'ordinaire ses pareils, les
juges de l a cour martiale l'envoient en p r i –
son. Sa Majesté ne tardera pas à ê t r e avertie
d'un tel scandale ; les juges iront alors pren–
dre la place de Yonous-effendi et celui-ci
recevra de l a Bê l e une pension é g a l e à ses
mé r i t e s , plus le
Medjidié
et nombre d'aulres
mé d a i l l e s , y compris celles des Be a u x - A r t s
et d u c h emi n de fer de la Mecque.
D É C O R A T I ON S .
—
Le s j o u r n a u x turcs du
17
novembre publient l a liste des d é c o r a –
tions a c c o r d é e s par le Sultan à quelques
p r é l a t s et notables de l a c o mm u n a u t é ».
V o i c i cette liste :
L a 2'ne classe du
Medjidié,
à S. G Monsei–
gneur Guiragss,
locum lenens
du catholicos
de Sis.
L a 3me classe de
YOsmanié :
à S. G . Mon–
seigneur Hagop Achod, évêqne de Samsoua,
et à l'aréhiprête 0 . Mighirian, de l'église de
Sainte-Trinité, à Balouk Bazar, Péra.
La 3
m
e classe
Au Medjidié,
aux archiprêtres
S. Sétian, 0 Chahbazîan, S.Handjian et San-
daldjian Garabet, membres du conseil ecclé–
siastique du patriarcat, et aux vicaires pa–
triarcaux à Trébizonde, Patou, Bagdad, Bay-
bourt, Bayazid, Eghine. Marache et Zeïtoun.
L a même ctasse du même ordre, à D . Ma -
noukian, K . Alianakan et K . Evrénian, mem–
bres de l'éphorie de l'hôpital de Yédi-Coulé.
La 4"'e classe de
YOsmanié,
à A . Kourken,
S. Gourdikian et H . Assadourel'fendis, mem–
bres du conseil de l'instruction publique et
au D
1
'
Allahverdian, président du conseil j u –
diciaire au patriaréat.
L a 3me classe du
Medjidié :
à Manouk
effendi Sempadian, notable de la commu–
nauté et la 4me classe de
YOsmanié
à son lils
M . Sempadian.
La 3
m
e classe du
Medjidié,
à H . Taktakian
effendi, de Smyrne.
L a 4me classe de
YOsmanié,
à B . Chirinian
et H . Simonian effendis, de Smyrne.
La 4« classé du
Medjidié
:
à Z. Muron, N .
Papazian, K . H a ï g h i a n e t L . Kurkdjian effen–
dis, du patriarcat.
Le rang de
sanié,
à K . Mélidossian effendi,
architecte du patriarcat.
Le rang de
salisse,
à M . Arzemanian, K .
Mouchighian et A . Hampartzoumian effendis.
U n autre c o mm u n i q u é fait savoir que
«
une adresse de remerciements a é t é p r é –
s e n t é e à Sa Majesté par S. B . le palriarche
Orma n i a n pour cette nouvelle faveur i m –
p é r i a l e dont l a c o mm u n a u t é vient d ' ê t r e
l'objet. » P r ê t r e s ou l a ï q u e s , tous ceux q u i
ont sollicité et a c c e p t é des d é c o r a t i o n s ha-
midiennes, m é r i t e n t le mé p r i s de leur na–
tion et ce n'est pas pou r leur faire honneur
mais pour les noter d'infamie que nous
avons tenu à donner i c i leurs noms.
P .
Q.
Les Souffrances du Peuple Arménien
ET
LE DEVOIR DE L'EUROPE
Conférence publique faite, à Berlin
le 26 juin 1902
par E d . B E R N S T E I N , d é p u t é du
Reichstag.
(
SUITE)
Dans ce cas, les A r mé n i e n s sont perdus,
ils sont sans armes, leurs moyens de résis–
tance sont insignifiants, ils ne peuvent, avec
leurs seules forces, se sauver du danger.
Mais ils ont fait c o n n a î t r e ces faits à l'étran–
ger, et les A rmé n i e n s qui habitent Paris ont
prié quelques personnalités politiques, sans
distinction de parti, entre autres plusieurs
socialistes (Jaurès, Pressensé, Sembat), de
porter ces informations à la connaissance du
ministre des affaires é t r a n g è r e s de France.
A la délégation qui s'est rendue près de l u i ,
M. Delcassé promit formellement que le
gouvernement français enverrait des com–
missaires pour surveiller les districts mena–
cés. Cette première mesure ne garantit pas
d'une ma n i è r e absolue les A rmé n i e n s contre
les violences, mais elle fait entrevoir, du
moins, la possibilité d'une plus grande pro–
tection.
Ce qui s'est passé en 1896 à Constantinopie,
sous les yeux des ambassadeurs peut natu–
rellement se reproduire en 1902, dans ces
districts éloignés, devant les commissaires
français; toutefois i l y a lieu de penser que
la présence d ' Eu r o p é e n s à même de constater
les massacres, ne sera pas sans produire
quelque intimidation.
Il n'est pas douteux que les agents du
sultan n'aient l'intention de renouveler leurs
sanglants exploits. As s u r éme n t des h é c a –
tombes semblables à celles de 1895-96 ne sont
pas possibles tous les ans; mais aujourd'hui
on paraît disposer à renouveler des violen–
ces de toutes sortes. Le peuple a rmé n i e n est
courbé à terre, i l ne peut se défendre et son
maître lui met le pied sur la gorge comme à
un chien enchaîné.
Le Congrès socialiste international qui
s'est tenu à Paris en 1900, a adopté une réso–
lution par laquetfe i l exprime sa profonde
exécration à l'égard des massacres d'Armé–
nie, stigmatise les gouvernements capita–
listes qui ne sont pas intervenus é n e r g i q u e -
ment a u p r è s du sultan, et invite les r e p r é –
sentants ouvriers dans les Parlements à sans
cesse élever fermement la voix contre l'in–
différence des gouvernements et pour l a
protection des A rmé n i e n s . De même , à
Bruxelles, i l y a peu de temps, le bureau
socialiste international institué à Paris a
adressé aux socialistes de tous pays une cir–
culaire les engageant, en prévision de nou–
veaux actes du despotisme turc, à s'intéresser
à l'Arménie, à se faire entendre pour la
défense et son secours et à mener une action
é n e r g i q u e en faveur du peuple g a r o t t é .
Le 3 mars, au Parlement allemand, notre
camarade Georges Gradnauer a pris l a pa–
role dans ce sens sur la situation des A r mé –
niens, dans un discours très instructif et
très mesuré, i l a d ema n d é au gouvernement
de l'empire de faire appliquer le traité de
Berlin de 1878, et de ne pas rester plus long–
temps dans l'indifférence en présence des
violations des traités par la Turquie. A cer–
tains points de vue Gradnauer ne fut pas
assez prudent, i l mêla conjointement dans
son discours d'autres questions de la politi–
que é t r a n g è r e de l'Allemagne. Le Chancelier
comte de Bûlovv y saisit l'occasion de cette
réponse facile que l'Allemagne ne pouvait
jouer les « Hans Dampf (1) » dans toutes les
ruelles.
Mais nous sommes d'accord sur ce point,
nous désirons que le gouvernement alle–
mand n'aille pas jouer les Hans Dampf dans
toutes les ruelles, nous ne demandons pas
qu'il se montre dans toutes les affaires des
autres pays. Charity begins af home — qui
veut réformer commence chez l u i ; le bon
exemple est aujourd'hui meilleur propa–
gandiste que jamais.
Mais dans le cas des A rmé n i e n s i l existe
un traité
qui doit être exécuté, et le comte
Bulow sait bien que les A rmé n i e n s sont
dans l'impossibilité de se défendre eux-mê–
mes, que le secours doit leur venir du
dehors.
La vraie raison de sa récusation est tout
autre. L'Allemagne a, de ce moment, cer–
tains intérêts matériels à mé n a g e r en Asie
Mineure et ses dirigeants trouvent très utile
d'être en bonne amitié avec le sultan.
(
A suivre.)
(1)
Personnage qui s'occupe é t o u r d i e m e n t de t#ut. ,
L I R E :
JOIE I N F O R M A T I O N
Editeur et Rédacteur :
Josef GRAF
V i e n n e , 4 ? i a r i s t e n g a s s e , 2 6
Le Secrétaire-Gérant :
J E A N L O N G U E T .
Fonds A.R.A.M